Nom de la loi
Loi Pedia (ou loi Iulia ?) créant une quaestio extraordinaria pour juger les meurtriers de César et leurs complices (? et réhabilitant Dolabella)
Date
43 av. J.-C.
Rogator
Q. Pedius
Thèmes
Sources
Vell., 2, 69, 5Bibliographie
- Bauman, Crimen maiestatis, 171-173
- David, Patronat , 516
- Ferrary, Princeps legis, part. 231 n. 55
- Lange, RA, III2, 546-547
- Levy, E., Die römische Kapitalstrafe, S. B. Heidelberg. Ak., phil.-hist. Kl., 1930/1, Abh., 5, 30-35 (= Ges. Schr., II, Cologne-Graz, 1963, 344-347)
- Mommsen, Staatsr., 199 et n. 3
- Polignano, M., « Publio Cornelio Dolabella, uomo politico », RAL 8e ser., 1, 1946, part. 501
- Rotondi, LPR, 435
- Venturini, C., « Quaestiones non permanenti : problemi di definizione e di tipologia », , dans A. Burdese (éd), Idee vecchie e nuove sul diritto criminale romano, Padoue, 1988, 85-116, part. 115 n. 79 (= Processo penale, 234 n. 79)
- Volkmann, H., Die Rechtsprechung im Principat des Augustus. Historische Beiträge, Munich, 1935, 24-27
- Zumpt, Criminalrecht, II, 2, 490-494 et 541-542 n. 138
Commentaire
Cette loi fut votée en août 43, après l’élection comme consuls suffects d’Octavien et de son cousin Q. Pedius (un neveu de César). Velleius et Suétone parlent d’une loi Pedia, alors que Plutarque, Appien, Dion et l’auteur des periochae l’attribuent à Octavien, et qu’Auguste lui même écrit dans les Res Gestae : qui parentem meum [trucid]auerun[t, eo]s in exilium expuli iudiciis legitimis ultus eorum [fa]ci[nus]. Il est évident que le véritable inspirateur de la loi fut Octavien, et qu’il en fut tout naturellement considéré comme l’auteur, par omission du rôle de Pedius. Il reste néanmoins fort possible que la loi ait été une loi Pedia Iulia présentée par les deux consuls, Octavien laissant à son aîné l’honneur d’en être le premier rogator et se contentant d’en être l’adscriptor (cf. Ferrary).
La loi visait non seulement les assassins de César mais aussi leurs complices, même s’ils n’étaient pas à Rome aux ides de mars : tous ceux, donc, qui avaient participé à la conjuration ou l’avaient encouragée (quorum opera consilio : cf. D., , 48, 4, 1, 1 cité infra ; on retrouve quorum opera dans la Per. Liv.), ou dont on prétendit qu’ils y avaient participé ou l’avaient encouragée, y compris Sex. Pompée (Dio, 46, 48, 3-4οἵ τε γὰρ πλείους αὐτῶν ἀπεδήμουν, καί τινες καὶ ἡγεμονίας ἐθνῶν εἶχον· καὶ οἱ παρόντες οὔτ᾽ ἀπήντησαν ὑπὸ τοῦ δέους, καὶ προσέτι καὶ διαλαθόντες ἐξεχώρησαν. ἐρήμην οὖν οὐχ ὅπως οἵ τε αὐτόχειρες τοῦ Καίσαρος γενόμενοι καὶ οἱ συνομόσαντές σφισιν, ἀλλὰ καὶ ἄλλοι πολλοί, οὐχ ὅτι μὴ ἐπιβουλεύσαντες τῷ Καίσαρι ἀλλ᾽ οὐδὲ ἐν τῇ πόλει τότε γε ὄντες, ἥλωσαν. 4. τοῦτο δὲ ἐπὶ τὸν Πομπήιον τὸν Σέξτον μάλιστα κατεσκευάσθη· καὶ γὰρ ἐκεῖνος ἥκιστα τῆς ἐπιθέσεως μετασχὼν ὅμως κατὰ τὸ πολέμιον αὐτοῦ κατεψηφίσθη. καὶ αὐτοί τε πυρὸς καὶ ὕδατος εἴρχθησαν, καὶ αἱ οὐσίαι αὐτῶν ἐδημεύθησαν· τά τε ἔθνη, οὐκ ἐκεῖνα μόνον ὧν τινες αὐτῶν ἦρχον, ἀλλὰ καὶ τὰ λοιπὰ πάντα τοῖς τοῦ Καίσαρος φίλοις ἐπετράπη, Dio, 48, 17, 2τῆς μὲν ἠπείρου ἀπέσχετο, κατὰ δὲ δὴ τὰς νήσους περιπλέων τά τε γιγνόμενα ἐκαραδόκει καὶ τὴν τροφὴν οὐκ ἐξ ἀδικημάτων ἐπορίζετο· ἅτε γὰρ μὴ μετεσχηκὼς τοῦ φόνου, καὶ ὑπ᾽ αὐτοῦ τοῦ Καίσαρος ἤλπιζε καταχθήσεσθαι et Dio, 36, 3αἱ δὲ δὴ συνθῆκαι ἐπὶ τοῖσδε ἐγένοντο, τούς τε αὐτο μολήσαντας τῶν δούλων ἐλευθέρους εἶναι, καὶ τοὺς ἐκπεσόντας πλὴν τῶν σφαγέων κατελθεῖν· τούτους γὰρ δῆθεν ὑπεξείλοντο, ἐπεὶ τῷ γε ἔργῳ καὶ ἐκείνων τινὲς κατιέναι ἔμελλον· καὶ γὰρ αὐτὸς ὁ Σέξτος εἷς ἐξ αὐτῶν γεγονέναι ἐδόκει). La qualification exacte du crime reste mal connue, le texte le moins imprécis étant celui de Plutarque (ὡϛ ἄνδρα πρῶτον ἐν ἀρχαῖϛ ταῖϛ μεγίσταιϛ ἀνη̣ρηκότων ἄκριτον) : l’élimination sans jugement d’un homme qui exerçait les plus hautes charges. Le meurtre d’un magistrat du peuple romain était réprimé par la loi Iulia maiestatis (Ulpien, 7 de officio proconsulis, D., 48, 4, 1 ,1cuiusue opera consilio malo consilium initum erit, quo quis magistratus populi Romani quiue imperium potestatemue habet occidatur), mais on ne sait avec certitude si elle est césarienne ou augustéenne (voir notices 447 et448), et rien ne permet d’assurer que ce crime était déjà défini par la loi Cornelia maiestatis. On ne sait pas non plus si la loi Pedia faisait particulièrement référence au titre de pater patriae que César avait reçu et qui pouvait permettre de qualifier son meurtre de parricidium (cf. Cic., Phil., 2, 31confiteor eos, nisi liberatores populi Romani conservatoresque rei publicae sint, plus quam sicarios, plus quam homicidas, plus etiam quam parricidas esse, si quidem est atrocius patriae parentem quam suum occidere ; Cic., Fam., 12, 3, 1Primum in statua quam posuit in rostris inscripsit «parenti optime merito», ut non modo sicarii sed iam etiam parricidae iudicemini), ou à la sacrosainteté dont il jouissait, ou au serment pro salute Caesaris qui avait été prêté par les sénateurs (voir notice 910, C,2). De toute façon, la loi Pedia instituait une quaestio extraordinaire, avec une définition spécifique du crime poursuivi et une procédure sur plusieurs points exceptionnelle. L’accusation populaire avec nominis delatio (Brutus fut accusé par L. Cornificius, Cassius par M. Agrippa assisté de [Velleius ?] Capito : Plut. et Vell.) était habituelle dans les quaestiones, mais il était inhabituel qu’elle fût recevable contre des absentes rei publicae causa, y compris des promagistrats. Nous ne savons rien de la façon dont furent choisis les juges et le (ou les) président(s) de la (ou des) quaestio(nes), car plusieurs purent siéger simultanément, selon le précédent de la loi Mamilia (notice n° 532). La procédure était expéditive (s’inspirant du précédent des lois Pompeiae de 52 : cf. Zumpt, 490-491), la durée de chaque procès ne devant pas dépasser une journée : c’est sans doute ainsi qu’il faut comprendre Appien, 393 (πᾶσι δ̓ ὁρισθείσηϛ ὑπὸ κηρύγματι μιᾶϛ ἡμέραϛ ἐϛ κρίσιν). Aucun d’ailleurs ne comparut, et tous furent condamnés par contumace : interdictio aquae et igni (Velleius, Dion) et confiscation de leurs biens (Dion). On notera qu’en vertu d’une mesure de César l’interdictio entraînait la confiscation de la moitié des biens, et de la totalité en cas de parricide (Suet., Iul., 42, 3Hic, qui in conlegio sacerdotum esset, primus post Romam conditam iudicio publico est condemnatus. ; voir notice n° 476 + 448 + 471 ; cf. Zumpt, 493). La peine prévue par la loi n’était probablement pas l’interdiction (Zumpt, Lange, Rotondi, Levy, Bleicken, Bauman), mais la peine capitale (Mommsen), l’interdictio avec confiscation des biens étant en ce cas une réponse à la non-comparution des accusés. Si la confiscation frappait la totalité des biens (cf. Dion), cela impliquait une assimilation de l’assassinat de César, père de la patrie, à un parricide. Les accusations étaient encouragées par des récompenses importantes, mais non exceptionnelles : une partie des biens du condamné, les insignes et le rang qu’il avait possédés pour des accusateurs appartenant déjà au Sénat, peut-être l’entrée au Sénat pour des chevaliers (cf. David), et la dispense de service militaire pour des accusateurs de moindre statut et leurs descendants (Dio, 46, 49, 3ταῦτα μὲν οὕτω τετήρηται, τῶν δὲ δὴ τοῦ Καίσαρος φονέων συχνοὶ μὲν ἐς τὴν τοῦ παιδὸς αὐτοῦ χάριν, συχνοὶ δὲ καὶ ὑπὸ τῶν ἄθλων προσαναπειθόμενοι κατηγόρουν· χρήματά τε γὰρ ἐκ τῆς τοῦ ἁλόντος οὐσίας καὶ τὴν τιμὴν τήν τε ἀρχὴν τὴν ἐκείνου, εἴ τινα ἄρα ἔχων ἦν, τό τε μηκέτι μήτ᾽ αὐτὸν μήτε τοὺς υἱεῖς τούς τε ἐγγόνους αὐτοῦ στρατεύεσθαι ἐλάμβανον).
Les condamnés en vertu de la loi Pedia furent ensuite inclus dans la liste des proscriptions triumvirales, mais exclus des édits qui rapportèrent la proscription d’un certain nombre d’individus ou de groupes. Cn. Domitius Ahenobarbus fut il est vrai restitué dans ses droits à l’occasion des accords de Brindes (40 av. J.-C.), et Sex. Pompée à l’occasion des accords de Misène (39 av. J.-C.). Mais dans les deux cas (voir, pour Domitius, App., B.C., 5, 62, 260-261Ὁ δέ « σπένδεσθαι μέν », ἔφη, « συνεχωρήσατε ἀλλήλοις, πρὸς οὓς ἂν ἐθέλητε· καὶ οὐδενὶ τῶν ἀνδροφόνων Ἀντώνιος ἐσπείσατο, οὐδὲν ἔλασσον ἢ αὐτὸς σὺ τὸν σὸν πατέρα τιμῶν. 261. Ἀηνόβαρβος δὲ οὐκ ἔστι τῶν ἀνδροφόνων, ἡ δὲ ψῆφος αὐτῷ κατ᾽ ὀργὴν ἐπῆκται· οὐδὲ γὰρ τῆς βουλῆς πω τότε μετεῖχεν. εἰ δ᾽ ὡς φίλῳ Βρούτου μὴ συγγνῶναι νομίζοιμεν, οὐκ ἂν φθάνοιμεν ὀλίγου δεῖν ἅπασι χαλεπαίνοντες;), la restitution impliquait que le bénéficiaire, malgré sa condamnation e lege Pedia, fût reconnu et proclamé comme n’ayant pas été complice de l’assassinat de César. Voir Fr. Hinard, Les Proscriptions de la Rome républicaine, Rome, 1985, 293-300 et 251-255.
Appien parle de la restitution de P. Cornelius Dolabella, cos. suff. 44 et de l’institution de la quaestio Pedia comme si elles avaient été l’objet d’une seule et même loi : νόμω̣ δ̓ ἑτέρω̣ [la première étant la loi curiate confirmant son adoption par César] ἀπέλυε μὴ εἶναι πολέμιον Δολοβέλλαν καὶ εἶναι φόνου δίκαv ἐπὶ Καίσαρι (§ 392). On considère pourtant qu’il se serait agi de deux mesures distinctes, et que l’annulation du s. c. de mars 43 qui avait déclaré Dolabella ennemi public et confisqué ses biens (Cic., Phil., 11, 4In Galliam inuasit Antonius, in Asiam Dolabella, in alienam uterque prouinciam. Alteri se Brutus obiecit impetumque furentis atque omnia diuexare ac diripere cupientis uitae suae periculo conligauit, progressu arcuit, a reditu refrenauit, obsideri se passus ex utraque parte constrinxit Antonium. Alter in Asiam inrupit. Cur ? Si ut in Syriam, patebat uia et certa neque longa ; <sin ut ad Trebonium,> quid opus fuit cum legione ? Praemisso Marso nescio quo Octauio, scelerato latrone atque egenti, qui popularetur agros, uexaret urbis non ad spem constituendae rei familiaris, quam tenere eum posse negant qui norunt – mihi enim hic senator ignotus est – sed ad praesentem pastum mendicitatis suae, consecutus est Dolabella, Cic., Phil., 11, 8Ac Dolabella quidem tam fuit immemor humanitatis – quam – quam eius numquam particeps fuit –ut suam insatiabilem crudelitatem exercuerit non solum in uiuo, sed etiam in mortuo ; atque in eius corpore lacerando atque uexando, cum animum satiare non posset, oculos pauerit suos. O multo miserior Dolabella quam ille quem tu miserrimum esse uoluisti ! «Dolores Trebonius pertulit magnos». Multi ex morbi grauitate maiores, quos tamen non miseros, sed laboriosos solemus dicere. «Longus fuit dolor». Bidui, at compluribus annorum saepe multorum. Nec uero grauiora sunt carnificum cruciamenta quam interdum tormenta morborum, Cic., Phil., 11, 6Imaginem M. Antoni crudelitatis in Dolabella cernitis : ex hoc illa efficta est ; ab hoc Dolabellae scelerum praecepta sunt tradita. Num leniorem quam in Asia Dolabella fuit in Italia, si liceat, fore putatis Antonium ?, Cic., Phil., 11, 15-1715. Itaque non adsentior solum sed etiam gratias ago Fufio : dixit enim seueram, grauem, re publica dignam sententiam : iudicauit hostem Dolabellam ; bona censuit publice possidenda. Quo cum addi nihil potuisset – quid enim atrocius potuit, quid seuerius decernere ? – dixit tamen, si quis eorum qui post se rogati essent grauiorem sententiam dixisset, in eam se iturum. Quam seueritatem quis potest non laudare ? 16. Nunc, quoniam hostis est iudicatus Dolabella, bello est persequendus. Neque enim quiescit ; habet legionem, habet fugitiuos, habet sceleratam impiorum manum ; est ipse confidens, impotens, gladiatorio generi mortis addictus. Quam ob rem, quoniam Dolabella hesterno die hoste decreto bellum gerendum est, imperator est deligendus. Duae dictae sunt sententiae quarum neutram probo : alteram quia semper, nisi cum est necesse, periculosam arbitror ; alteram quia alienam his temporibus existimo. 17. Nam extraordinarium imperium populare atque uentosum est, minime nostrae grauitatis, minime huius ordinis. Bello Antiochino magno et graui, cum L. Scipioni prouincia Asia obuenisset, parumque in eo putaretur esse animi, parum roboris, senatusque ad conlegam eius, C. Laelium, illius Sapientis patrem, negotium deferret, surrexit P. Africanus, frater maior L. Scipionis, et illam ignominiam a familia deprecatus est, dixitque et in fratre suo summam uirtutem esse summumque consilium neque se ei legatum, id aetatis eisque rebus gestis, defuturum. Quod cum ab eo esset dictum, nihil est de Scipionis prouincia commutatum ; nec plus extraordinarium imperium ad id bellum quaesitum quam duobus antea maximis Punicis bellis quae a consulibus aut a dictatoribus gesta et confecta sunt, quam Pyrrhi, quam Philippi, quam post Achaico bello, quam Punico tertio ; ad quod populus Romanus ita sibi ipse delegit idoneum ducem, P. Scipionem, ut eum tamen bellum gerere consulem uellet, Cic., Phil., 16Nunc, quoniam hostis est iudicatus Dolabella, bello est persequendus. Neque enim quiescit ; habet legionem, habet fugitiuos, habet sceleratam impiorum manum ; est ipse confidens, impotens, gladiatorio generi mortis addictus. Quam ob rem, quoniam Dolabella hesterno die hoste decreto bellum gerendum est, imperator est deligendus. Duae dictae sunt sententiae quarum neutram probo : alteram quia semper, nisi cum est necesse, periculosam arbitror ; alteram quia alienam his temporibus existimo, Cic., Phil., 12, 29Facite hoc meum consilium legiones nouas non improbare ; nam Martiam et quartam nihil cogitantis praeter dignitatem et decus comprobaturas esse certo scio : quid ? ueteranos non ueremur – nam timeri se ne ipsi quidem uolunt – quo – nam modo accipiant seueritatem meam ? Multa enim falsa de me audierunt ; multa ad eos improbi detulerunt, quorum commoda, ut uos optimi testes estis, semper ego sententia, auctoritate, oratione firmaui : sed credunt improbis, credunt turbulentis, credunt suis. Sunt autem fortes illi quidem, sed propter memoriam rerum quas gesserunt pro populi Romani libertate et salute rei publicae nimis feroces et ad suam uim omnia nostra consilia reuocantes ; Cic., Phil., 13, 39Treboni satis persecuti sumus hoste iudicato Dolabella; Caesaris mors facillime defenditur oblivione et silentio ; P. Cornelius Lentulus Spinther ap. Cic., Fam., 12, 15, 2Interim cum per insulas in Asiam nauiganti mihi nuntiatum est classem Dolabellae in Lycia esse Rhodiosque nauis compluris instructas et paratas in aqua habere, cum iis nauibus quas aut mecum adduxeram aut comparauerat Patiscus pro q., homo mihi cum familiaritate tum etiam sen<s>ibus in re publica coniunctissimus, Rhodum deuerti confisus auctoritate uestra senatusque consulto quo hostem Dolabellam iudicaratis, foedere quoque quod cum iis M. Marcello Ser. Sulpicio <coss.> renouatum erat, quo iurauerant Rhodii eosdem hostis se habituros quos senatus populusque Romanus. Quae res nos uehementer fefellit. Tantum enim afuit ut illorum praesidio nostram firmaremus classem ut etiam a Rhodiis urbe, portu, statione quae extra urbem est, commeatu, aqua denique prohiberentur nostri milites, nos uix ipsi singulis cum navigiolis reciperemur. Quam indignitatem deminutionemque maiestatis non solum iuris nostri sed etiam imperi populique Romani idcirco tulimus quod interceptis litteris cognoramus Dolabellam, si desperasset de Syria Aegyptoque, quod necesse erat fieri, in nauis cum omnibus suis latronibus atque omni pecunia conscendere esse paratum Italiamque petere ; idcirco etiam nauis onerarias, quarum minor nulla erat duum milium amphorum, contractas in Lycia a classe eius obsideri. Huius rei timore, p. c., percitus iniurias perpeti et cum contumelia etiam nostra omnia prius experiri malui. Itaque ad illorum uoluntatem introductus in urbem et in senatum eorum, quam diligentissime potui, causam rei publicae egi periculumque omne quod instaret, si ille latro cum suis omnibus nauis conscendisset, exposui. Rhodios autem tanta in prauitate animaduerti ut omnis firmiores putarent quam bonos, ut hanc concordiam et conspirationem omnium ordinum ad defendendam libertatem propense non crederent esse factam, ut patientiam senatus et optimi cuiusque manere etiam nunc confiderent nec potuisse audere quemquam Dolabellam hostem iudicare, ut denique omnia quae improbi fingebant magis uera existimarent quam quae uere facta erant et a nobis docebantur ; App., B.C., 3, 61, 253ἄρτι δὲ καὶ τῶν Τρεβωνίου λειψάνων κομισθέντων καὶ τῆς ἐς αὐτὸν ὕβρεως γνωσθείσης ἀκριβέστερον, οὐ δυσχερῶς ἡ βουλὴ τὸν Δολοβέλλαν ἔκρινεν εἶναι πολέμιον et App., B.C., 3, 64, 262τὸ δὲ καὶ Δολοβέλλαν πολέμιον ψηφίσασθαι δι᾽ ἕνα τῶν ἀνδροφόνων ἀναιρεθέντα καὶ Βρούτῳ καὶ Κασσίῳ τὰς ἡγεμονίας ἐς τὰ μέγιστα ἔθνη διαλλάξαι στρατόπεδά τε δοῦναι πολλὰ ἀθρόως καὶ χρήματα καὶ ἡγεμόνας ἡγεμονῶν ἀποφῆναι πάντων, ὅσοι πέραν εἰσὶ τῆς Ἰονίου θαλάσσης, σαφῶς εἶναι τὴν μὲν Πομπηίου μοῖραν αὐξόντων, τὴν δὲ Καίσαρος καθαιρούντων ; 4, 58, 248Τρεβώνιον δὲ ἐν Ἀσίᾳ κτείναντος Δολοβέλλα καὶ Δέκμον Ἀντωνίου πολιορκοῦντος ἐν Κελτοῖς, χαλεπαίνουσα ἡ βουλὴ Δολοβέλλαν μὲν καὶ Ἀντώνιον ἐψηφίσαντο εἶναι πολεμίους, Βροῦτον δὲ καὶ Κάσσιον ἐς τὰς προτέρας ἡγεμονίας ἐπανήγαγον καὶ Βρούτῳ τὴν Ἰλλυρίδα προσέθεσαν τοῖς τε ἄλλοις πᾶσιν ἐκέλευσαν, ὅσοι Ῥωμαίοις ἡγεμονεύουσιν ἐθνῶν ἢ στρατοπέδων ἀπὸ τοῦ Ἰονίου μέχρι Συρίας, ὑπακούειν, ἐς ὅ τι κελεύοι Κάσσιος ἢ Βροῦτος ; Dio, 47, 29, 4πυθόμενοι δὲ ταῦτα οἱ ἐν οἴκῳ Ῥωμαῖοι πόλεμον αὐτῷ ἐπήγγειλαν· οὐδέπω γὰρ ὁ Καῖσαρ οὔτε τὸν Ἀντώνιον ἐνενικήκει οὔτε τὰ ἐν τῷ ἄστει διὰ χειρὸς ἐπεποίητο. καὶ τοῖς τε συνοῦσίν οἱ ῥητὴν ἡμέραν ἐς ἔκλειψιν τῆς φιλίας αὐτοῦ προεῖπον, ἵνα μὴ καὶ ἐκεῖνοι ἐν ἐχθρῶν μοίρᾳ γένωνται ; Oros., 6, 18, 6Dolabella Trebonium, unum ex interfectoribus Caesaris, Zmyrnae interfecit. Dolabellam senatus hostem pronuntiauit ; Per. Liv., 119C. Trebonius in Asia fraude P. Dolabellae occisus est. Ob id facinus Dolabella hostis a senatu iudicatus est) aurait pu être proposée par un tribun (Rotondi : « forse »). Mais une mesure législative n’était pas nécessaire pour annuler un tel s.c. : Antoine et Lépide, également déclarés ennemis publics après Dolabella (Cic., Ad Brut., 1,3aConsules duos, bonos quidem sed dumtaxat bonos consules, amisimus. Hirtius quidem in ipsa uictoria occidit, cum paucis diebus ante magno proelio uicisset. Nam Pansa fugerat uulneribus acceptis quae ferre non potuit. Reliquias hostium Brutus persequitur et Caesar. Hostes autem omnes iudicati qui M. Antoni sectam secuti sunt. Itaque id senatus consultum plerique interpretantur etiam ad tuos siue captiuos siue dediticios pertinere. Equidem nihil disserui durius cum nominatim de C. Antonio decernerem, quod ita statueram, a te cognoscere causam eius senatum oportere ; Cic., Fam., 12,10,1Lepidus, tuus adfinis, meus familiaris, prid. Kal. Quint. sententiis omnibus hostis a senatu iudicatus est ceterique qui una cum illo a re publica defecerunt ; quibus tamen ad sanitatem redeundi ante Kal. Sept. potestas facta est. Fortis sane senatus, sed maxime spe subsidi tui. Bellum quidem cum haec scribebam sane magnum erat scelere et levitate Lepidi) furent réhabilités par un simple s.c. sur relatio du consul Pedius après le départ d’Octave, en octobre 43 ou peu après (App., B.C., 3,96,397οἱ δὲ προεώρων μὲν ὅτι μὴ σφίσι μηδ᾽ ὑπὲρ τῆς πατρίδος εἰσὶν αἱ διαλλαγαί, ἀλλ᾽ ἐς συμμαχίαν Καίσαρι κατὰ Κασσίου τε καὶ Βρούτου, ἐπῄνουν δ᾽ ὅμως καὶ συνετίθεντο ὑπ᾽ ἀνάγκης. καὶ τὰ πολέμια δόγματα Ἀντωνίου τε καὶ Λεπίδου καὶ τῶν ὑπ᾽ αὐτοῖς στρατῶν κατελύετο, εἰρηναῖα δὲ ἕτερα αὐτοῖς ἐπέμπετο). En revanche, il y avait un lien direct entre les ides de mars et la déclaration de Dolabella comme ennemi public, car cette dernière avait puni la mise à mort du gouverneur d’Asie C. Trebonius, qui lui-même avait été l’un des assassins de César. Une lettre d’Antoine à Hirtius et Octavien, citée et critiquée par Cicéron dans la treizième Philippique, (Cic., Phil., 13, 22-23cognita morte C. Treboni non plus gauisus sum quam dolui. Dedisse poenas sceleratum cineri atque ossibus clarissimi uiri et apparuisse numen deorum intra finem anni uertentis aut iam soluto supplicio parricidi aut impendente laetandum est.<A senatu> iudicatum hostem populi Romani Dolabellam eo quod sicarium occiderit, et uideri cariorem populo Romano filium scurrae quam C. Caesarem, patriae parentem, ingemiscendum est. Il n’est donc nullement impossible que la loi créant une quaestio contre les assassins de César montre que la condamnation de l’assassinat de César impliquait en quelque sorte la réhabilitation de Dolabella contre les assassins de César ait aussi déclaré nulles les sanctions que le Sénat avait prises contre Dolabella. On ignorait alors à Rome que ce dernier s’était déjà suicidé, mais sa réhabilitation permettait en tout cas à ses héritiers de revendiquer les biens confisqués. Elle avait également une implication redoutable : par ce précédent, et derrière la façade traditionnelle de l’interdictio, licence était donnée de mettre à mort tout condamné e lege Titia, non seulement en Italie, mais dans tout l’empire romain.
Comment citer cette notice
Jean-Louis Ferrary. "Loi Pedia (ou loi Iulia ?) créant une quaestio extraordinaria pour juger les meurtriers de César et leurs complices (? et réhabilitant Dolabella)", dans Lepor. Leges Populi Romani, sous la dir. de Jean-Louis Ferrary et de Philippe Moreau. [En ligne]. Paris:IRHT-TELMA, 2007. URL : http://www.cn-telma.fr/lepor/notice574/. Date de mise à jour :17/11/19 .