Nom de la loi
Rogatio somptuaire de Pompée et Crassus
Date
55 av. J.-C.
Rogator
Gnaeus Pompeius Magnus et M. Licinius Crassus Dives
Thèmes
Sources
Dio, 39, 37, 2-4Bibliographie
- Münzer, F., RE , VI, 2, 1909, s.u. Favonius, 2074
- Rotondi, LPR, 405
- Kübler, B., RE, IV, 1, 1931, s.u. sumptus, 908
- Sauerwein, Leges sumptuariae, 144-147
- Baltrusch, Regimen morum , 98-99
- Ryan, F. X., « Favorinus, Favonius - and Sarmentus », Maia , 46, 1994, 189-195
- Bottiglieri, A., La legislazione sul lusso nella Roma repubblicana , Naples, 2002, 169-170
- Coudry, Loi, 157
Commentaire
Dion Cassius est le seul à mentionner une proposition de loi somptuaire émanant des deux consuls, Pompée et Crassus, qui y renoncèrent face à l’opposition qu’elle souleva au Sénat. Le contenu du projet n’est pas défini précisément : il s’agit de « réduire les dépenses domestiques devenues considérables ». Dion Cassius s’attache davantage à présenter les arguments d’Hortensius : le grand orateur, qui s’était régulièrement opposé à Pompée, mais qui était aussi réputé pour sa prodigalité, fit valoir le caractère anachronique de la proposition, et mit en avant la contradiction entre le projet des consuls et leur propre conduite en la matière. C’est la première expression attestée de l’idée, formulée à nouveau au début du règne de Tibère lors d’un débat sénatorial consacré à l’opportunité de mesures limitant le luxe (Tac., Ann., 2,33,3Contra Gallus Asinius disseruit : auctu imperii adoleuisse etiam priuatas opes, idque non nouum, sed e uetustissimis moribus : aliam apud Fabricios, aliam apud Scipiones pecuniam ; et cuncta ad rem publicam referri, qua tenui angustas ciuium domos, postquam eo magnificentiae uenerit, gliscere singulos. ), selon laquelle l’expansion du luxe a atteint un degré tel qu’on ne peut y mettre de bornes (Coudry).
Aulu-Gelle (Gell., 15, 8 Cum legeremus orationem ueterem Fauorini, non in diserti uiri, qua oratione * * * totum, ut meminisse possemus odio esse hercle istiusmodi sumptus atque uictus, perdidicimus. Verba haec, quae adposuimus, Fauorini sunt : 'Praefecti popinae atque luxuriae negant cenam lautam esse, nisi, cum lubentissime edis, tum auferatur et alia esca melior atque amplior succenturietur. Is nunc flos cenae habetur inter istos, quibus sumptus et fastidium pro facetiis procedit, qui negant ullam auem praeter ficedulam totam comesse oportere ; ceterarum auium atque altilium nisi tantum adponatur, ut a cluniculis inferiore parte saturi fiant, conuiuium putant inopia sordere, superiorem partem auium atque altilium qui edint, eos palatum <non> habere. Si proportione pergit luxuria crescere, quid relinquitur, nisi uti delibari sibi cenas iubeant, ne edendo defetigentur, quando stratus auro, argento, purpura amplior aliquot hominibus quam dis inmortalibus adornatur ?') cite un passage d’une suasio prononcée par un certain Favorinus en faveur d’une lex Licinia de sumptu minuendo, une dénonciation mordante de la surenchère de ses contemporains en matière de luxe de la table. Le nom de l’orateur transmis par la tradition manuscrite étant manifestement fautif, certains ont proposé de le corriger en Favonius et de rapporter le discours à la rogatio de 55 (Münzer, Ryan), la chronologie de la carrière de Favonius et son orientation politique et idéologique le permettant, plutôt qu'à la loi Licinia somptuaire du siècle précédant (voir notice n° 510).
La rogatio, donc, ne fut pas présentée au peuple, et il faudra attendre la dictature de César (voir notice n° 481) pour voir s’affirmer une politique plus énergique de limitation des dépenses de luxe.
Comment citer cette notice
Marianne Coudry. "Rogatio somptuaire de Pompée et Crassus", dans Lepor. Leges Populi Romani, sous la dir. de Jean-Louis Ferrary et de Philippe Moreau. [En ligne]. Paris:IRHT-TELMA, 2007. URL : http://www.cn-telma.fr/lepor/notice617/. Date de mise à jour :10/07/14 .