Nom de la loi

Loi Antonia sur le changement du nom du mois Quintilis en Iulius

Date

entre janvier et juillet 44 av. J.-C.

Rogator

M. Antonius

Thèmes

Sources

Cens., De die nat., 22, 16
Ex his duodecim mensibus duorum tantum nomina inmutata. Nam Quintilis Iulius cognominatus est C. Caesare V et M. Antonio cons. anno Iuliano secundo
 - Hier., Chron., 239a
Antonius decernit Quintilem mensem Iulium debere dici quia in eo fuisset natus Iulius
 - Macr., Sat., 1, 12, 34
Sequitur Iulius qui, cum secundum Romuli ordinationem, Martio anni tenente principium, Quintilis a numero uocaretur, nihilo minus tamen etiam post praepositos a Numa Ianuarium ac Februarium retinuit nomen, cum non uideretur iam quintus esse sed septimus. Sed postea in honorem Iulii Caesaris dictatoris legem ferente M. Antonio M. filio consule Iulius appellatus est, quod hoc mense a. d. quartum Idus Quintiles Iulius procreatus sit

Bibliographie

  • Rotondi, LPR, 427
  • Scott, K., « Greek and Roman Honorific Months », YClS 2, 1931, 200-278, part. 221-224
  • Gesche, H., Die Vergottung Caesars, Kallmünz, 1968, 17-18, 73-74
  • Weinstock, Divus Iulius, 1971, 152-157
  • Rüpke, J., Kalender und Öffentlichkeit, New York, 1995, 394-395

Commentaire

De nombreux auteurs mentionnent le changement en Iulius, en l'honneur de César, du nom du mois Quintilis, choisi parce que c'était celui de sa naissance : Suet., Iul., 76, 2sed et ampliora etiam humano fastigio decerni sibi passus est : sedem auream in curia et pro tribunali, tensam et ferculum circensi pompa, templa, aras, simulacra iuxta deos, puluinar, flaminem, lupercos, appellationem mensis e suo nomine ; Plut., Num., 19, 4,ὁ πέμπτος ἀπὸ Καίσαρος τοῦ καταγωνισαμένου Πομπήϊον Ἰούλιος ; App., BC, 2, 106, 443ἔς τε τιμὴν τῆς γενέσεως αὐτοῦ τὸν Κυϊντίλιον μῆνα Ἰούλιον ἀντὶ Κυϊντιλίου μετωνόμασαν εἶναι. ; App., BC, 5, 97, 404καὶ τῆς ἀναγωγῆς τοῦ Καίσαρος ἡ ἡμέρα προείρητο πᾶσι, καὶ ἦν δεκάτη τροπῶν θερινῶν, ἥν τινα Ῥωμαῖοι νουμηνίαν ἔχουσι τοῦ μηνός, ὃν ἐπὶ τιμῇ τοῦ Καίσαρος τοῦ προτέρου Ἰουλίου ἀντὶ Κυιντιλίου καλοῦσι. τήνδε μὲν ὁ Καῖσαρ ὥρισε τὴν ἡμέραν, αἰσιούμενος ἴσως διὰ τὸν πατέρα νικηφόρον αἰεὶ γενόμενον ; Flor., 2, 13, 91itaque non ingratis civibus omnes unum in principem congesti honores : circa templa imagines, in theatro distincta radiis corona, suggestus in curia, fastigium in domo, mensis in caelo, ad hoc pater ipse patriae perpetuusque dictator ; Dio, 44, 5, 2πρόφασιν μὲν τοῦ ναὸν Εὐτυχίας ἐνταῦθ᾽ οἰκοδομηθῆναι, ὃν καὶ ὁ Λέπιδος ἱππαρχήσας ἐξεποίησεν, ἔργῳ δὲ ὅπως μήτε ἐν ἐκείνῳ τὸ τοῦ Σύλλου ὄνομα σώζοιτο καὶ ἕτερον ἐκ καινῆς κατασκευασθὲν Ἰούλιον ὀνομασθείη, ὥσπερ που καὶ τόν τε μῆνα ἐν ᾧ ἐγεγέννητο Ἰούλιον κἀκ τῶν φυλῶν μίαν τὴν κλήρῳ λαχοῦσαν Ἰουλίαν ἐπεκάλεσαν ; Dio, 45, 7, 2ἐπειδή τε οὐδὲ τοῦτό τις φόβῳ τοῦ ὁμίλου ἐκώλυσεν, οὕτω δὴ καὶ ἄλλα τινὰ τῶν ἐς τὴν τοῦ Καίσαρος τιμὴν προδεδογμένων ἐγένετο· τόν τε γὰρ μῆνα τὸν Ἰούλιον ὁμοίως ἐκάλεσαν, καὶ ἱερομηνίαις τισὶν ἐπινικίοις ἰδίαν ἡμέραν ἐπὶ τῷ ὀνόματι αὐτοῦ ἐβουθύτησαν. καὶ διὰ ταῦτα καὶ οἱ στρατιῶται ἑτοίμως, ἄλλως τε καὶ χρήμασι θεραπευθέντων τινῶν, συνίσταντο πρὸς τὸν Καίσαρα. Mais seul Macrobe indique explicitement qu'il résulta d'une loi portée par Antoine (legem ferente M. Antonio M. filio consule), la formule de la chronique de Jérôme étant ambigüe (Antonius decernit). La date se déduit du passage de Censorinus et des allusions qu'y fait Cicéron (cf. infra).

Cette loi reprenait l'un des nombreux décrets votés par le Sénat entre le retour de César après la victoire de Munda et les ides de mars (Dio, 44, 4, 1-8, 1 ). Mais, parmi les honneurs décernés au cours de cette période, c’est, avec celui qui ajoutait aux ludi Romani un cinquième jour consacré à César (notice 41), le seul dont la confirmation par une loi soit attestée (voir notice 5000).

Cette mesure, qui plaçait indirectement César au rang des dieux, puisque jusqu’alors les noms affectés aux mois renvoyaient soit à leur ordre dans le calendrier, soit aux divinités particulièrement honorées à ce moment de l’année, avait des précédents hellénistiques (Scott, repris par Weinstock et Rüpke), mais était nouvelle à Rome (sur la signification de ces "honneurs divins" en général, voir I. Gradel, Emperor worship and Roman Religion, Oxford, 2002, 54-72).

Suivant une suggestion de J. Gagé (Res Gestae Divi Augusti, Paris, 1935, 157), Weinstock a développé l’hypothèse que ce changement se serait accompagné du transfert, dès l’année 45, des ludi Veneris Genetricis, instaurés en 46 au moment de la dédicace du temple à la date du 26 septembre, au mois de juillet (du 20 au 30), sous le nom de ludi Victoriae Caesaris. Si la célébration de ces derniers en juillet 44, sur l’initiative d’Octavien, est bien attestée (c’est à cette occasion qu’apparut le fameux sidus Caesaris), il est en revanche difficile d’établir que ces changements aient déjà été opérés en 45 (comme le pense Bernstein, Ludi , 335-339 ; contra : J. T. Ramsey, A. L. Licht, The Comet of 44 B.C. and Caesar’s Funeral Games, Atlanta, 1997, 41-54), et qu’ils aient donc fait partie, avec le changement de nom du mois, d’un « plan » césarien, encore moins que celui-ci ait été envisagé en même temps que la réforme du calendrier en 46.

L’application de la loi, qui suscita l’hostilité des républicains, est attestée au début de juillet 44 (Cic., Att., 16, 1, 1Veni in Puteolanum. Postridie iens ad Brutum in Nesidem haec scripsi. Sed eo die quo ueneram cenanti Eros tuas litteras. Itane ? « Nonis Iuliis » ? Di hercule istis ! Sed stomachari totum diem licet. Quicquamne turpius quam Bruto « Iuliis »? Nihil uidi et Cic., Att., 16, 4, 1Ita ut heri tibi narraui uel fortasse hodie (Quintus enim altero die se aiebat), in Nesida viii Id. ibi Brutus. Quam ille doluit de « Nonis Iuliis » ! Mirifice est conturbatus. Itaque sese scripturum aiebat ut uenationem eam quae postridie ludos Apollinaris futura est proscriberent in « ii Id. Quint. », respectivement des 8 et 10 juillet), donc avant la célébration des ludi Victoriae Caesaris (et non après, comme le dit par erreur Scott. Il est difficile de démêler le rôle que jouèrent respectivement Antoine et Octavien à cet égard (Gesche, 74). Sa première attestation épigraphique figure dans la lex Fonteia (fragments de Cos) d'époque triumvirale (Crawford, RS, n° 36, 1.6).

Auguste bénéficiera d’un honneur identique (notice 573), accordé de même par une loi confirmant un s.c. Il n’est pas sans intérêt de remarquer que, de toutes les mesures analogues décidées par le Sénat en l’honneur des empereurs ultérieurs (Scott, 227-241 ; Rüpke, 405-406 ; Talbert, Senate , 360-362, qui insiste à juste titre sur le rôle exclusif du Sénat en la matière), aucune ne fut durable, puisque seuls juillet et août conservèrent définitivement leur nom de Iulius et Augustus.

Comment citer cette notice

Marianne Coudry. "Loi Antonia sur le changement du nom du mois Quintilis en Iulius", dans Lepor. Leges Populi Romani, sous la dir. de Jean-Louis Ferrary et de Philippe Moreau. [En ligne]. Paris:IRHT-TELMA, 2007. URL : http://www.cn-telma.fr/lepor/notice35/. Date de mise à jour :17/11/19 .