Nom de la loi

Loi Antonia sur l’ajout aux ludi Romani d’un cinquième jour en l’honneur de César

Date

entre janvier et mars 44 av. J.-C.

Rogator

M. Antonius

Thèmes

Sources

Cic., Phil., 2, 110
Nescis heri quartum in circo diem ludorum Romanorum fuisse ? Te autem ipsum ad populum tulisse ut quintus praeterea dies Caesari tribueretur ? Cur non sumus praetextati ? Cur honorem Caesaris tua lege datum deseri patimur ? An supplicationes addendo diem contaminari passus es, puluinaria noluisti ? Aut undique religionem tolle aut usque quaque conserua

Bibliographie

  • Ferrary, J.-L., « À propos de deux passages des Philippiques (1, 11-13 et 2, 110). Remarques sur les honneurs religieux rendus à César en 45-44 et sur la politique d’Antoine après les Ides de Mars », ARG 1, 1999, 215-232, part. 222-232 (= Recherches, Pavie, 2012, 493-511, part. 501-511)
  • Rotondi, LPR, 428
  • Weinstock, Divus Iulius, 265, 285, 385

Commentaire

Aux quatre jours de courses (ludi circenses) que comportaient traditionnellement les ludi Romani (15, 16, 17 et 18 septembre), une loi, dont le rogator fut Antoine (te … ipsum ad populum tulisse …), en ajouta un cinquième, en l’honneur de César. Il est quasiment certain que, comme pour la loi qu’il fit voter au cours de la même période pour attribuer au mois Quintilis le nom de Iulius (voir notice 35), celle-ci confirmait l’un des nombreux décrets honorifiques votés par le Sénat entre la victoire de Munda et les ides de mars (Dio, 44, 1-8, 1, voir notice 5000, 2). Quoique cet honneur ne soit pas cité expressément par Dion Cassius, on l’a rapproché de l’un de ceux qu’il énonce (Dio, 44, 6, 3καὶ ἐπειδὴ καὶ τούτοις ἠρέσκετο, οὕτω δὴ ἔς τε τὰ θέατρα τόν τε δίφρον αὐτοῦ τὸν ἐπίχρυσον καὶ τὸν στέφανον τὸν διάλιθον καὶ διάχρυσον, ἐξ ἴσου τοῖς τῶν θεῶν, ἐσκομίζεσθαι κἀν ταῖς ἱπποδρομίαις ὀχὸν ἐσάγεσθαι ἐψηφίσαντο) dans la dernière série de décrets, pris après le retour de César à Rome, selon lequel sa statue d’ivoire serait placée sur un char aux ludi circenses (Weinstock, 285). Cette mesure pourrait d’ailleurs faire partie elle aussi des dispositions de la loi, parce que toutes les deux placent César sur un pied d’égalité avec les dieux (Ferrary, 229-230 = 508-510 ; sur la signification de ces "honneurs divins" en général, voir I. Gradel, Emperor worship and Roman Religion, Oxford, 2002, 54-72).

Peut-être fut-elle complétée par une mesure que Dion Cassius présente comme l’un des décrets de cette même série, et qui prévoyait l’addition d’une journée, en l’honneur de César, aux jeux de gladiateurs, à Rome et en Italie (Dio, 44, 6, 2κἀκ τούτου καὶ πενταετηρίδα οἱ ὡς ἥρωι, ἱεροποιούς τε ἐς τὰς τοῦ Πανὸς γυμνοπαιδίας, τρίτην τινὰ ἑταιρίαν [ἣν] Ἰουλίαν ὀνομάσαντες, κἀν ταῖς ὁπλομαχίαις μίαν τινὰ ἀεὶ ἡμέραν καὶ ἐν τῇ Ῥώμῃ καὶ ἐν τῇ ἄλλῃ Ἰταλίᾳ ἀνέθεσαν), quoique la formulation suscite la perplexité (G. Ville, La gladiature en Occident des origines à la mort de Domitien, Paris, 1981, 39).

L’application de la loi fut bloquée par Antoine, dont Cicéron ne manque pas de dénoncer la politique incohérente dans sa deuxième Philippique, censément prononcée le jour où aurait dû se dérouler cette cinquième journée. Ce choix, qui contraste avec l’application, dès juillet, de la loi sur le mois Iulius, traduit la subtilité de la partie qui se joue alors entre les républicains, Octavien, et Antoine. Mais tous les calendriers épigraphiques du début de l’Empire (A. Degrassi, I. It., XIII, 2, Rome, 1963, 506-507) incluent le 19 septembre dans la période des ludi Romani, signe que la loi était alors appliquée.

Comment citer cette notice

Marianne Coudry. "Loi Antonia sur l’ajout aux ludi Romani d’un cinquième jour en l’honneur de César", dans Lepor. Leges Populi Romani, sous la dir. de Jean-Louis Ferrary et de Philippe Moreau. [En ligne]. Paris:IRHT-TELMA, 2007. URL : http://www.cn-telma.fr/lepor/notice41/. Date de mise à jour :26/12/14 .