Nom de la loi

Loi créant deux nouveaux préteurs et leur confiant annuellement le gouvernement des provinces de Sicile et de Sardaigne

Date

228-226 av. J.-C.

Rogator

Inconnu

Thèmes

Sources

Bibliographie

  • Lange, RA, I, 781 ; II, 152-3 et 654
  • Mommsen, Staatsr., II, 198 et n. 2
  • Voigt, M., Römische Rechtsgeschichte, I, Leipzig, 1892, 841
  • Botsford, G.W., The Roman Assemblies, from their Origin to the End of the Republic, New York, 1909, 341-2
  • Rotondi, LPR, 248
  • Vogel, K. H., « Imperium und fasces », ZSS 67, 1950, 98 et 104
  • Siber, H., « Plebiscita », RE, 21, 1, 1951, 65
  • Bleicken, Volkstribunat, 30
  • Brennan, Praetorship, 91-95
  • Elster, GMRR n° 79, 179-180

Commentaire

Nous ne savons à quelle date exactement, dans les années 228-226, la décision fut prise de porter de 2 à 4 le nombre des préteurs (Per. Liv., 20, 7Praetorum numerus ampliatus est ut essent IIII.). La date de 227 est traditionnellement adoptée pour l'entrée en fonctions du premier collège de quatre préteurs, ce qui impliquerait de dater de 228 (et non de 227 comme le font Rotondi et Elster) une éventuelle loi prescrivant cette augmentation. C'est également cette date de 228 qu'a retenue Brennan, au terme d'une discussion qui est la meilleure à ce jour (Praetorship, 91-93). On admettait généralement que c'est à l'occasion de cet accroissement du collège prétorien que des préteurs avaient pour la première fois été envoyés gouverner les provinces de Sicile et de Sardaigne, en se fondant en particulier sur un texte de Solin (Sol., 5, 1Si respiciamus ad ordinem temporum uel locorum, post Sardiniam res uocant Siculae. Primo quod utraque insula in Romanum arbitratum redacta iisdem temporibus facta prouincia est, cum eodem anno Sardiniam M. Valerius, alteram C. Flaminius praetor sortiti sint.), plus précis que Pompon. lib. sing. enchir., D., 1, 2, 2, 32Capta deinde Sardinia, mox Sicilia, item Hispania, deinde Narbonensi prouincia, totidem praetores quot prouinciae in dicionem uenerant creati sunt, partim qui urbanis rebus, partim qui prouincialibus praeessent.). Mais cela laissait pendant le problème de savoir à qui avait pu être confiée la partie de la Sicile évacuée en 241 par les Carthaginois, et Brennan a proposé d'admettre qu'elle l'avait été habituellement au préteur pérégrin, créé dans les années 240, peu avant la fin de la première guerre punique (Praetorship, 87-91). La mesure de 228 révélerait en ce cas la conscience d'une nécessaire augmentation du nombre des préteurs, plus que la décision tardive d'envoyer un magistrat cum imperio en Sicile (et en Sardaigne, où des consuls avaient d'ailleurs dû intervenir continûment de 235 à 231). Nos sources ne précisent pas que cette augmentation du nombre des préteurs ait été l'objet d'une loi comitiale. Rotondi signale encore que Lange avait proposé d'identifier cette loi avec la loi [P]laetoria (notice n° 595), et Voigt, avec la loi Titia sur la tutoris datio (notice n° 714). Aucune de ces deux hypothèses ne mérite bien entendu d'être retenue.

On a généralement admis comme allant de soi que cette augmentation a fait l’objet d’une loi comitiale (Lange, Mommsen), mais Elster (à la suite de Siber) a douté de l'existence d'une telle loi : « vermutlich hat die Durchführung der entsprechenden Wahlen ausgereicht, um die neuen Stellen gleichzeitig zu schaffen und zu besetzen ». C'est aller très loin dans la conception qu'on se fait des pouvoirs du consul qui présidait cette année-là les comices prétoriens. Un argument me paraît solidement militer en faveur d'une loi. C'est l'interprétation qu'a donnée Mommsen d'une autre loi, votée en 208 pour permettre la prorogation en Sardaigne de C. Aurunculeius (RE 1), alors que L. Veturius Philo (RE *15) put être prorogé en Gaule par simple s.-c. (Liv., 27, 22, 6Prorogatum et C. Hostilio Tubulo est ut pro praetore in Etruriam ad duas legiones succederet C. Calpurnio. Prorogatum et L. Veturio Philoni est ut pro praetore Galliam eandem prouinciam cum iisdem duabus legionibus obtineret quibus praetor obtinuisset. Quod in L. Veturio, idem in C. Aurunculeio decretum ab senatu, latumque de prorogando imperio ad populum est qui praetor Sardiniam prouinciam cum duabus legionibus obtinuerat. : notice n° 253) : cela conduit à supposer que la loi de 228, en même temps qu'elle avait créé deux nouveaux préteurs, avait prescrit que la Sicile et la Sardaigne seraient chaque année deux des provinces tirées au sort par les quatre préteurs. Dans ces conditions, proroger un préteur en Sardaigne ou en Sicile impliquait une dérogation par rapport à la loi de 228, et c'est pourquoi le s.-c. devait être sanctionné par les comices. Brennan, qui reprend l'interprétation mommsénienne de la loi de 208 (Praetorship, 187), ne s'est pas intéressé au problème de savoir si la décision de 228, dont il souligne d'ailleurs l'importance considérable pour les rapports entre préture et consulat, dut faire l'objet d'une loi (ou d'un simple pl.-sc.).

Comment citer cette notice

Jean-Louis Ferrary. "Loi créant deux nouveaux préteurs et leur confiant annuellement le gouvernement des provinces de Sicile et de Sardaigne", dans Lepor. Leges Populi Romani, sous la dir. de Jean-Louis Ferrary et de Philippe Moreau. [En ligne]. Paris:IRHT-TELMA, 2007. URL : http://www.cn-telma.fr/lepor/notice312/. Date de mise à jour :25/11/23 .