Nom de la loi
Loi (pl. sc.) Ampia Labiena accordant à Pompée des ornamenta triumphalia
Date
63 av. J.-C.
Rogator
T. Ampius Balbus ( RE 1)
Thèmes
Sources
Vell., 2, 40, 4Bibliographie
- Rotondi, LPR, 380
- Petrucci, A., Il trionfo nella storia costituzionale romana dagli inizi della Repubblica ad Augusto, Milan, 1996, 181-183
- Beard, M., The Roman triumph, Cambridge (Mass.) - Londres, 2007, 273
Commentaire
Après l’annonce de la victoire de Pompée en Orient, et avant son retour en Italie, deux tribuns, T. Ampius Balbus, et T. Labienus, portèrent un pl. sc. conférant à Pompée des honneurs qui anticipaient son triomphe. Les indications données par Velleius et Dion Cassius ne concordent pas tout à fait : selon le premier (Vell., 2, 40, 4 Absente Cn. Pompeio, T. Ampius et T. Labienus, tribuni plebis, legem tulerunt ut is ludis circensibus corona aurea et omni cultu triumphantium uteretur, scaenicis autem praetexta coronaque aurea. Id ille non plus quam semel, et hoc sane nimium fuit, usurpare sustinuit.), « aux ludi circenses, il pourrait porter une couronne d’or et tout l’apparat des triomphateurs ; aux ludi scaenici la toge prétexte et la couronne d’or » ; selon le second (Dio, 37, 21, 4 Οὐ μὴν οὐδ᾽ἄλλην τινὰ τιμὴν ὑπέρογκον λαβεῖν διεπράξατο, ἢ τοῖς γε ψηφισθεῖσιν ἀπόντι οἱ πλὴν ἅπαξ ἐχρήσαρο. 4. Ἤν δὲ ταῦτα δαφνηφορεῖν τε αὐτὸν κατὰ πάσας ἀεὶ τὰς πανηγύρεις, καὶ τὴν στολὴν τὴν μὲν ἀρχικὴν ἐν πάσαις αὐταῖς, τὴν δὲ ἐπινίκιον ἐν τοῖς τῶν ἵππων ἀγῶσιν ἐνδύνειν. Ταῦτα γὰρ αὐτῶι, συμπράσσοντος ἐς αὐτὰ τὰ μάλιστα τοῦ Καίσαρος, καὶ παρὰ τὴν τοῦ Κάτωνος τοῦ Μάρκου γνώμην ἐδόθη.) « porter une couronne de laurier à toutes les fêtes publiques et y revêtir la toge prétexte ; endosser la tenue triomphale lors des jeux équestres ». Ces différences s’expliquent probablement par le fait que ces ornamenta du triomphe, vêtements et couronnes, se multiplièrent et se diversifièrent jusqu’au début du Principat, et que leur proximité avec les symboles du pouvoir des anciens rois, en partie reconstruits a posteriori, entretenait des confusions que les auteurs d’époque impériale n’ont pas su démêler (cf. Beard, 276-277 ; D. Maillard, « César et l’apparat royal », RPh, 93, 1, 2019, 113-144, part. 123-126).
Des deux tribuns qui portèrent la loi, le premier, T. Ampius, est connu pour ses liens avec Pompée, attestés par le soutien que celui-ci apporta plus tard, en 55, à sa candidature au consulat ; le second, T. Labienus, pour avoir coopéré avec César à plusieurs reprises déjà en 63. Le vote de la rogatio fut obtenu, écrit Dion, grâce à l’appui décisif de César, et malgré l’opposition de Caton le Jeune, dont on peut supposer qu’elle fut exprimée lors des contiones préparatoires.
Les honneurs que ce pl.sc. conféra à Pompée rappellent ceux qui furent accordés à Paul Émile au lendemain de la célébration de son triomphe sur Persée en 167, également par un pl. sc. (notice 293). Mais entre-temps Marius, lors de son entrée en charge comme consul en 104 à l’issue de son triomphe sur Jugurtha, puis Metellus, après avoir été acclamé imperator en Hispanie en 75, revêtirent le costume de triomphateur de leur propre chef, en dehors de la cérémonie du triomphe, suscitant de vives critiques (Beard). C’est manifestement pour en éviter de semblables que Pompée afficha la plus grande modération, comme le précise Velleius (Vell., 2, 40, 4 Absente Cn. Pompeio, T. Ampius et T. Labienus, tribuni plebis, legem tulerunt ut is ludis circensibus corona aurea et omni cultu triumphantium uteretur, scaenicis autem praetexta coronaque aurea. Id ille non plus quam semel, et hoc sane nimium fuit, usurpare sustinuit.) : « il n’osa qu’une fois user de ce droit, et ce fut déjà trop ». Dion indique que, parmi les honneurs qu’on lui avait décrétés après sa victoire, ce fut le seul qu’il accepta (Dio, 37, 21, 3 Οὐ μὴν οὐδ᾽ἄλλην τινὰ τιμὴν ὑπέρογκον λαβεῖν διεπράξατο, ἢ τοῖς γε ψηφισθεῖσιν ἀπόντι οἱ πλὴν ἅπαξ ἐχρήσαρο.). Un indice indirect de l’usage que Pompée fit de ce droit est la description des objets liés à ses triomphes qui furent accumulés sur son bûcher funèbre (Lucan., 9, 174-179 Vt primum in sociae peruenit litora terrae, / collegit uestes miserique insignia Magni / armaque et inpressas auro, quas gesserat olim, / exuuias pictasque togas, uelamina summo / ter conspecta Ioui, funestoque intulit igni.).
Des honneurs analogues furent conférés à César, par un SC, après son triomphe de 45 (Dio, 43, 43, 1 αὐτὸς δὲ τήν τε στολὴν τὴν ἐπινίκιον ἐν πάσαις ταῖς πανηγύρεσι κατὰ δόγμα ἐνεδύετο, καὶ τῶι στεφάνῳ τῳ δαφνίνῳ ἀεὶ καὶ πανταχοῦ ὁμοίως ἐκοσμεῖτο. : notice n° 909, 2 ; Dio, 44, 4, 2 φέρεσθαί τε αὐτὸν ἀεὶ καὶ ἐν αὐτῃ τῃ πόλει τὴν στολὴν τὴν ἐπινίκιον ἐνδεδυκότα (…) ἐψηφίσαντο. : notice n° 910, C, 1 ), puis à Octave après la pacification de l’Hispanie en 25 (Dio, 53, 26, 5 καὶ ἐξουσία ἐδόθη τοῦ τῃ πρώτῃ τοῦ ἔτους ἡμέρᾳ καὶ τῳ στεφάνῳκαὶ τῃ ἐσθῆτι τῃ νικητηρίᾳ ἀεὶ χρῆσθαι.). Ainsi se poursuivit une évolution qui détacha peu à peu les ornamenta triumphalia du triomphe proprement dit, et aboutit à la situation de l’époque impériale où celui-ci fut réservé aux membres de la famille impériale tandis que seuls les ornamenta étaient attribués aux généraux victorieux (cf. Beard, 273-277).
Comment citer cette notice
Marianne Coudry. "Loi (pl. sc.) Ampia Labiena accordant à Pompée des ornamenta triumphalia ", dans Lepor. Leges Populi Romani, sous la dir. de Jean-Louis Ferrary et de Philippe Moreau. [En ligne]. Paris:IRHT-TELMA, 2007. URL : http://www.cn-telma.fr/lepor/notice27/. Date de mise à jour :23/04/24 .