Nom de la loi

Loi de restitutio de P. Cornelius Dolabella

Date

43 av. J.-C.

Rogator

C. Iulius Caesar (Octave)

Thèmes

Sources

App., BC, 3, 95, 392
νόμῳ δ' ἑτέρῳ ἀπέλυε μὴ εἶναι πολέμιον Δολοβέλλαν, καὶ εἶναι φόνου δίκας ἐπὶ Καίσαρι.

Bibliographie

  • Lange, RA, 32, 546.
  • Rotondi, LPR, 435
  • Volkmann, H., Die Rechtsprechung im Principat des Augustus. Historische Beiträge, Munich, 1935, 18 et 47
  • Polignano, M., « Publio Cornelio Dolabella, uomo politico », RAL ser. 8, 1, 1946, 501.

Commentaire

App. attribue à Octave, immédiatement après son élection au consulat en août 43 et la loi curiate confirmant son adoption par César (mais App. n'autorise pas la datation du 19 août avancée par Volkmann, 18), la passation d'une loi de restitutio de P. Cornelius Dolabella, cos. suff. 44 (141), qui avait été déclaré hostis par s.c., sur proposition de Q. Fufius Calenus (Cic., Phil., 11, 15-16Itaque non adsentior solum sed etiam gratias ago Fufio : dixit enim seueram, grauem, re publica dignam sententiam : iudicauit hostem Dolabellam ; bona censuit publice possidenda. Quo cum addi nihil potuisset - quid enim atrocius potuit, quid seuerius decernere ? - dixit tamen, si quis eorum qui post se rogati essent grauiorem sententiam dixisset, in eam se iturum. Quam seueritatem quis potest non laudare ? Nunc, quoniam hostis est iudicatus Dolabella, bello est persequendus. au début de mars 43 (datation établie par Polignano, 484, n. 1), ainsi que ses complices (mentionnés dans une proposition de s.c. de Cic., Cic., Phil., 11, 29Sed ut ea uestra quoque auctoritate firmetur, censeo : cum P. Dolabella quique eius crudelissimi et taeterrimi facinoris ministri, socii, adiutores fuerunt hostes populi Romani a senatu iudicati sint, cumque senatus P. Dolabellam bello persequendum censuerit, (...)), pour avoir tué C. Trebonius (6) et usurpé ses fonctions de proconsul d'Asie (Cic., Phil., 11, 9cruciatus est a Dolabella Trebonius ; lettre d'Antoine, Cic., Phil., 13, 23Age, hoc laetaris ; uideamus quid moleste feras. "A senatu iudicatum hostem populi Romani Dolabellam eo quod sicarium occiderit" ; lettre de P. Lentulus Spinther, Cic., Fam., 12, 15, 2confisus auctoritate uestra senatusque consulto quo hostem Dolabellam iudicaratis ; autres sources : Polignano, 484). Le s.c. ordonnait en outre la confiscation de ses biens (Cic., Phil., 11, 15iudicauit hostem Dolabellam ; bona censuit publice possidenda.). La déclaration fut unanime (Cic., Phil., 11, 9Qua re cum crudelissimi Poeni iudicati sint in hoste, quid in ciue de Dolabella iudicandum est ? An uero hoc conferendum est aut dubitandum uter miserior sit, isne cuius mortem senatus populusque Romanus ulcisci cupit, an is qui cunctis senatus sententiis hostis est iudicatus ?) alors qu'un autre s.c. organisant les opérations militaires contre Dolabella, fut l'objet de discussions plus vives.

La formulation d'App., qui semble attribuer à une seule et même loi (νόμῳ... δ' ἑτέρῳ) la restitution de Dolabella et la création d'une quaestio destinée à juger les meurtriers de César, ouvre diverses hypothèses : ou bien la loi Pedia (voir Loi n° 574) contenait une clause rétablissant Dolabella, au motif qu'il avait tué Trebonius, un des assassins de César, ce qui maintiendrait une certaine cohérence à la loi Pedia ; ou bien App. attribue abusivement à la loi Pedia une mesure (peut-être un s.c., cf. infra) rétablissant Dolabella. Cependant, la formulation très brachylogique d'App., qui rapproche deux mesures de manière syntaxiquement étonnante (εἶναι... δίκας ne peut se rattacher pour le sens à ἀπέλυε) conduit à douter qu'il s'agisse d'une loi unique.

App. associant en tout état de cause étroitement cette loi et la loi Pedia, rien n'implique qu'Octave l'ait personnellement présentée : elle peut l'avoir été par son collègue Q. Pedius ou par un tribun (dans ce sens, hypothétiquement et sans fondement, Rotondi). On constate qu'Antoine et Lépide, également déclarés hostes peu de temps après Dolabella (fin avril, Cic., ad M. Brut. 1,3a,1hostes autem omnes iudicati qui M. Antoni sectam secuti sunt. Itaque id senatus consultum plerique interpretantur etiam ad tuos siue captiuos siue dediticios pertinere. et fin juin, Cic., Fam., 12, 10, 1Lepidus, tuus adfinis, meus familiaris, prid. Kal. Quint. sententiis omnibus hostis a senatu iudicatus est ceterique qui una cum illo a re publica defecerunt), furent réhabilités par un simple s.c., sur relatio du consul Pedius après le départ d'Octave, en octobre 43 ou peu après (App., BC, 3, 96, 397καὶ τὰ πολέμια δόγματα Ἀντωνίου τε καὶ Λεπίδου καὶ τῶν υπ᾿ αὐτοῖς στρατῶν καταλύετο), alors que l'on aurait recouru à une loi pour Dolabella, ce dont on ne voit pas la raison (sur le recours parallèle à des mesures de nature différente, voir J. Merkel, Abhandlungen aus dem Gebiet des römischen Rechts, 1, Halle, 1881, 22 ; 35).

Dolabella étant déjà mort au moment du vote de la loi (Polignano, 501, n. 3, place son suicide en juillet), ce que l'on ignorait apparemment à Rome, le seul effet éventuel de la loi concerna la succession aux biens de Dolabella (sur sa descendance, voir Syme, Augustan Aristocracy, 98, 316).

Comment citer cette notice

Philippe Moreau. "Loi de restitutio de P. Cornelius Dolabella", dans Lepor. Leges Populi Romani, sous la dir. de Jean-Louis Ferrary et de Philippe Moreau. [En ligne]. Paris:IRHT-TELMA, 2007. URL : http://www.cn-telma.fr/lepor/notice336/. Date de mise à jour :28/11/14 .