Sources

Liv., 22, 8, 5-6  - Liv., 22, 31, 8-11

Commentaire

Lorsqu'après Trasimène le Sénat décida qu'un dictateur devait être nommé, la procédure normale ne put être utilisée, puisque l'un des consuls était mort et que l'autre était non seulement absent, mais injoignable. C'est alors que, selon Liv. (Liv., 22, 8, 5-65. Itaque ad remedium iam diu neque desideratum nec adhibitum, dictatorem dicendum, ciuitas confugit. Et quia et consul aberat, a quo uno dici posse uidebatur, nec per occupatam armis Punicis Italiam facile erat aut nuntium aut litteras mitti [nec dictatorem populus creare poterat], 6. quod numquam ante eam diem factum erat, dictatorem populus creauit Q. Fabium Maximum et magistrum equitum M. Minucium Rufum ; iis que negotium ab senatu datum, ut muros turres que urbis firmarent et praesidia disponerent, quibus locis uideretur, pontes que rescinderent fluminum ; pro urbe ac penatibus dimicandum esse, quando Italiam tueri nequissent.), pour la première fois un dictateur et son maître de cavalerie, Q. Fabius Maximus (RE 116) et M. Minucius Rufus (RE 52), furent élus par le peuple (populus creauit). Que Fabius ait seulement été pro dictatore (Liv., 22, 31, 8-118. Omnium prope annales Fabium dictatorem aduersus Hannibalem rem gessisse tradunt: Coelius etiam eum primum a populo creatum dictatorem scribit. 9. Sed et Coelium et ceteros fugit uni consuli Cn. Seruilio, qui tum procul in Gallia prouincia aberat, ius fuisse dicendi dictatoris ; 10. quam moram quia exspectare territa iam clade ciuitas non poterat, eo decursum esse, ut a populo crearetur, qui pro dictatore esset ; 11. res inde gestas gloriam que insignem ducis et augentis titulum imaginis posteros, ut, qui pro dictatore <creatus erat, dictato> crederetur, facile obtinuisse.) pourrait être une simple réinterprétation tardive et légaliste de cette procédure exceptionnelle, car Fabius fut bien dictateur selon le témoignage des Fastes Capitolins. Selon Mommsen, le premier texte livien doit résumer de façon inexacte une procédure plus complexe, que permettraient de reconstituer les événements de 210 et de 49 (notice n° 232 et notice n° 11) : le peuple dut se contenter d'ordonner au préteur urbain de nommer le dictateur, qui à son tour nomma le maître de cavalerie, les noms de l'un et de l'autre figurant déjà dans le texte de la loi ; cette loi aurait été proposée par le préteur urbain M. Aemilius Regillus (RE 20, 128), le Sénat n'étant pas obligé, comme il le sera en 210, de recourir à une initiative tribunicienne pour tourner la mauvaise volonté d'un consul. Selon Brennan au contraire, si la procédure de 49 avait reproduit celle de 216, César n’aurait pas manqué d’invoquer ce précédent. Il y aurait bien eu en 216 une loi centuriate proposée par le préteur urbain, mais elle aurait seulement eu comme objet de permettre à Fabius Maximus d’agir pro dictatore jusqu’à ce que le consul survivant pût procéder à une dictio formelle.