Nom de la loi

Loi Lucretia (?) ordonnant au(x) consul(s) de nommer un dictateur (pl. sc.)

Date

210 av. J.-C.

Thèmes

Sources

Liv., 27, 5, 16-19
5.16 M. Lucretius tribunus plebis cum de ea re consuleret, ita decreuit senatus ut consul priusquam ab urbe discederet populum rogaret quem dictatorem dici placeret, eumque quem populus iussisset diceret dictatorem; si consul noluisset, praetor populum rogaret; si ne is quidem uellet, tum tribuni ad plebem ferrent. 5.17 Cum consul se populum rogaturum negasset quod suae potestatis esset, praetoremque uetuisset rogare, tribuni plebem rogarunt, plebesque sciuit ut Q. Fuluius, qui tum ad Capuam erat, dictator diceretur. 5.18 Sed quo die id plebis concilium futurum erat, consul clam nocte in Siciliam abiit; destitutique patres litteras ad M. Claudium mittendas censuerunt ut desertae ab collega rei publicae subueniret diceretque quem populus iussisset dictatorem. 5.19 Ita a M. Claudio consule Q. Fuluius dictator dictus, et ex eodem plebis scito ab Q. Fuluio dictatore P. Licinius Crassus pontifex maximus magister equitum dictus.

Bibliographie

  • Badian, E., Tribuni plebis , dans Linderski, J. (ed.), Imperium sine fine. T. Robert S. Broughton and the Roman Republic, , Stuttgart, 1996, 207
  • Bleicken, Volkstribunat, 50
  • Brennan, Praetorship, 113-4
  • Elster, GMRR, 237-239
  • Kunkel(-Wittman), W., Staatsordnung, 223 et 616
  • Mommsen, Staatsr., II, 147, n. 4
  • Rotondi, LPR, 258

Commentaire

Ce pl. s.c. était destiné à permettre au Sénat d'imposer sa volonté au consul M. Valerius Laevinus. Revenu de Sicile à Rome, il aurait dû présider les élections pour 209, mais à la suite de nouvelles jugées alarmantes, le Sénat jugea bon qu'il retournât aussitôt dans sa province après avoir nommé un dictateur comitiorum habendorum causa. Le conflit vint de ce que le consul voulait nommer son préfet de la flotte, M. Valerius Messalla. Le Sénat objecta que la nomination ne pouvait se faire hors d'Italie, cette raison invoquée dissimulant peut-être aussi un désaccord sur le choix du dictateur. Une solution parut trouvée par le vote d'un s.c. adopté sur rapport du tribun M. Lucretius, invitant le consul, ou à défaut le préteur urbain, ou à défaut les tribuns de la plèbe, à proposer au peuple, par un projet de loi ou de pl. s.c., de choisir celui que le consul devrait ensuite nommer dictateur. Le consul refusant de faire cette proposition, et interdisant au préteur urbain de le faire en vertu de sa maior potestas, ce sont les tribuns qui saisirent la plèbe (Lucretius étant très vraisemblablement princeps rogationis). Mais le consul essaya de rendre vain le pl. s.c., en quittant secrètement Rome la nuit qui précéda le vote. C’est l'autre consul, M. Claudius Marcellus, qui dut nommer Q. Fulvius Flaccus dictateur conformément au pl. s.c. ; toujours conformément au pl. s.c., ce dernier nomma à son tour maître de la cavalerie P. Licinius Crassus. Flaccus fut un des deux consuls élus lors des comices qu'il présida.

Le récit livien laisse quelques détails incertains. Marcellus fut-il obligé de revenir à Rome, ou autorisé à procéder in castris à la dictio (voir Brennan, 292 n. 127 ; Liv. en tout cas ne parle pas explicitement d’un retour de Marcellus à Rome) ? Si le Sénat n'a pas fait appliquer le pl. s.c. par le préteur urbain, alors qu'en 217 un de ses prédécesseurs avait peut-être joué ce rôle (voir notice n° 1000) et qu'il n'était plus entravé par l'intercession de Laevinus après son départ, c'est sans doute que le pl. s.c. ne prévoyait pas cette possibilité, et se contentait d'ordonner au (ou à un) consul de nommer le dictateur. Il est clair, en tout cas, que le dictateur devait être nommé, même après une décision du peuple ou de la plèbe qui n'était pas une véritable élection, et cela permet de mieux comprendre les événements de 217 et de 49. On doit également se demander dans quelle mesure il y eut vraiment choix du peuple. Il faut plutôt penser que les noms du dictateur et de son maître de la cavalerie figuraient déjà dans la rogatio présentée par les tribuns à l'instigation du Sénat.

Comment citer cette notice

Jean-Louis Ferrary. "Loi Lucretia (?) ordonnant au(x) consul(s) de nommer un dictateur (pl. sc.)", dans Lepor. Leges Populi Romani, sous la dir. de Jean-Louis Ferrary et de Philippe Moreau. [En ligne]. Paris:IRHT-TELMA, 2007. URL : http://www.cn-telma.fr/lepor/notice232/. Date de mise à jour :19/05/14 .