Nom de la loi
Proposition(s) de loi(s) Sempronia(e) judiciaire(s) ?
Date
133 av. J.-C.
Rogator
Ti. Sempronius Gracchus
Thèmes
Sources
Plut., Ti. Gr., 16, 1du pluriel Gracchi, ou par
de Semproniae rogationes (cf. Serviliae leges pour la seule loi de Caepio [n° 688]), à propos de l'institution du pouvoir judiciaire de l'ordre équestre peut n'être que purement rhétorique.
Bibliographie
- Rotondi, LPR, 301
Commentaire
On notera qu’on trouve déjà, pour le projet de réforme du recrutement des juges attribué à Ti. Gracchus, la même incertitude qu’on retrouvera pour la loi de C. Gracchus : addition aux juges sénateurs d’un nombre égal de juges équestres selon Plutarque (c’est à tort que Bernstein (p. 218), en proposant une interprétation manifestement erronée de Plut., C. Gr., 51. Τῶν δὲ νόμων, οὓς εἰσέφερε τῷ δήμῳ χαριζόμενος καὶ καταλύων τὴν σύγκλητον, ὁ μὲν ἦν κληρουχικός, διανέμων τοῖς πένησι τὴν δημοσίαν· ὁ δὲ στρατιωτικός, ἐσθῆτά τε κελεύων δημοσίᾳ χορηγεῖσθαι καὶ μηδὲν εἰς τοῦτο τῆς μισθοφορᾶς ὑφαιρεῖσθαι τῶν στρατευομένων, καὶ νεώτερον ἐτῶν ἑπτακαίδεκα μὴ καταλέγεσθαι στρατιώτην· 2. ὁ δὲ συμμαχικός, ἰσοψήφους ποιῶν τοῖς πολίταις τοὺς Ἰταλιώτας· ὁ δὲ σιτικός, ἐπευωνίζων τοῖς πένησι τὴν ἀγοράν· ὁ δὲ δικαστικός, ᾧ τὸ πλεῖστον ἀπέκοψε τῆς τῶν συγκλητικῶν δυνάμεως. 3. μόνοι γὰρ ἔκρινον τὰς δίκας, καὶ διὰ τοῦτο φοβεροὶ τῷ τε δήμῳ καὶ τοῖς ἱππεῦσιν ἦσαν· ὁ δὲ τριακοσίους τῶν ἱππέων προσ κατέλεξεν αὐτοῖς οὖσι τριακοσίοις, καὶ τὰς κρίσεις κοινὰς τῶν ἑξακοσίων ἐποίησε. 4. τοῦτον τὸν νόμον εἰσφέρων τά τ᾽ ἄλλα λέγεται σπουδάσαι διαφερόντως, καὶ τῶν πρὸ αὐτοῦ πάντων δημαγωγῶν πρὸς τὴν σύγκλητον ἀφορώντων καὶ τὸ καλούμενον κομίτιον, πρῶτος τότε στραφεὶς ἔξω πρὸς τὴν ἀγορὰν δημηγορῆσαι, καὶ τὸ λοιπὸν οὕτω ποιεῖν ἐξ ἐκείνου, μικρᾷ παρεγκλίσει καὶ μεταθέσει σχήματος μέγα πρᾶγμα κινήσας, καὶ μετενεγκὼν τρόπον τινὰ τὴν πολιτείαν ἐκ τῆς ἀριστοκρατίας εἰς τὴν δημοκρατίαν, ὡς τῶν πολλῶν δέον, οὐ τῆς βουλῆς, στοχάζεσθαι τοὺς λέγοντας, prétend voir chez Plut. une différence entre le projet de Tiberius et la loi de Gaius, et en tirer un argument quant à l’historicité du premier) ; pur et simple transfert aux chevaliers des fonctions judiciaires traditionnellement dévolues aux sénateurs selon Dion.
Plut. prête à Ti. Gracchus un autre projet de caractère judiciaire, donnant le droit d’en appeler au peuple des sentences des juges (διδοὺϛ ἀποκαλεῖσθαι τὸν δῆμον ἀπὸ τῶν δικαστῶν). On fait généralement un rapprochement avec la loi Antonia de 44 qui introduisait la prouocatio ad populum en appel de condamnations prononcées par les quaestiones de maiestate et de ui (notice n° 40). S’il est vrai que la seule quaestio perpetua dont l’existence soit certaine en 133 était la quaestio de repetundis, et qu’elle ne s’était pas signalée par sa sévérité, il pouvait exister aussi une quaestio de sicariis, qui, neuf ans seulement auparavant, avait scandaleusement condamné un innocent (voir notice n° 559, avec la bibliographie sur les différentes hypothèses proposées quant à la nature de cette quaestio). Le projet prêté à Tiberius n’est donc pas nécessairement un écho anachronique de la polémique provoquée en 132 par la quaestio consulaire qui poursuivit les amis du tribun, d’autant que C. Gracchus, en 123, eut recours à une autre solution pour empêcher le renouvellement de pareils procédés (voir notice n° 905).
On prendra garde d’autre part que le discours de Scipion Émilien contra legem iudiciariam Ti. Gracchi (Macr., Sat., 3, 14, 6 = ORF4, 21, fr. 30) n’a rien à voir avec ce projet (la dernière tentative de réhabilitation d’une telle interprétation est celle de L. R. Taylor, Athenaeum 1963, p. 55 n. 7) : Scipion était en effet à Numance pendant le tribunat de Ti. Gracchus ; en revanche, en 129, Scipion lutta pour déposséder les IIIvirs agraires de la iudicatio qui leur avait été conférée par une loi Sempronia (notice n° 660), et dont l’exercice avait entraîné des plaintes des alliés Italiens, et il fit adopter un s.c. en ce sens (App., B.C., 1, 19, 79-8079. ὁ δ᾽ ἐς τοὺς πολέμους αὐτοῖς κεχρημένος προθυμοτάτοις ὑπεριδεῖν τε ὤκνησε καὶ παρελθὼν εἰς τὸ βουλευτήριον τὸν μὲν Γράκχου νόμον οὐκ ἔψεγε διὰ τὸν δῆμον σαφῶς, τὴν δὲ τοῦδε δυσχέρειαν ἐπεξιὼν ἠξίου τὰς δίκας οὐκ ἐπὶ τῶν διαιρούντων ὡς ὑπόπτων τοῖς δικαζομένοις, ἀλλ᾽ ἐφ᾽ ἑτέρων λέγεσθαι. 80. ᾧ δὴ καὶ μάλιστα ἔπεισεν, εἶναι δοκοῦντι δικαίῳ· καὶ Τουδιτανὸς αὐτοῖς ὑπατεύων ἐδόθη δικάζειν. ἀλλ᾽ ὅδε μὲν ἁψάμενος τοῦ ἔργου καὶ τὴν δυσχέρειαν ἰδὼν ἐπ᾽ Ἰλλυριοὺς ἐστράτευε, πρόφασιν τήνδε ποιούμενος τοῦ μὴ δικάζειν· οἱ δὲ τὴν γῆν διανέμοντες, οὐκ ἀπαντῶντος ἐς αὐτοὺς οὐδενὸς ἐς δίκην, ἐπὶ ἀργίας ἦσαν ; cf. Mommsen, RG, II2 (1857), 97 n. ** ; Fraccaro, Oratori ed orazioni dell’età dei Gracchi, SSAC, 1912, 393-399 et Opuscula, II, 256-257). L’intérêt du texte de Macrobe est de montrer le danger qu’il y aurait à donner une signification trop technique et précise à l’emploi par des sources anciennes de l’expression lex iudiciaria. Raison supplémentaire pour ne pas accorder trop de crédit au texte d’Ampelius tiré de l’oubli par L. R. Taylor : (Ti. Gracchum) de iudiciariis et agrariis legibus statum ciuitatis mouentem Scipio Nasica ... oppressit.
Comment citer cette notice
Jean-Louis Ferrary. "Proposition(s) de loi(s) Sempronia(e) judiciaire(s) ? ", dans Lepor. Leges Populi Romani, sous la dir. de Jean-Louis Ferrary et de Philippe Moreau. [En ligne]. Paris:IRHT-TELMA, 2007. URL : http://www.cn-telma.fr/lepor/notice681/. Date de mise à jour :01/10/18 .