Nom de la loi

Rogatio Sempronia (pl. sc.) ? sanctionnant ceux dont la magistrature a été abrogée par le peuple

Date

123 av. J.-C

Rogator

C. Sempronius Gracchus (RE 47)

Thèmes

Sources

Plut., C. Gr., 4, 1
Δύο νόμους εἰσέφερε, τὸν μέν, εἴ τινος ἄρχοντος ἀφῃρῇτο τὴν ἀρχὴν ὁ δῆμος, οὐκ ἐῶντα τούτῳ δευτέρας ἀρχῆς μετουσίαν εἶναι : τὸν δ᾽, εἴ τις ἄρχων ἄκριτον ἐκκεκηρύχοι πολίτην, κατ᾽ αὐτοῦ διδόντα κρίσιν τῷ δήμῳ.

Bibliographie

  • Stockton, Gracchi, 115-7
  • Busacca, C., « Sulla pretesa Lex Sempronia de abactis », Studi in onore di Cesare Sanfilippo 7, Milan, 1987, 85-123.

Commentaire

Selon Plutarque, une des toutes premières lois promulguées par C. Gracchus interdisait à celui dont le peuple aurait abrogé la magistrature d'en exercer une nouvelle (Plut., C. Gr., 4, 1Δύο νόμους εἰσέφερε, τὸν μέν, εἴ τινος ἄρχοντος ἀφῃρῇτο τὴν ἀρχὴν ὁ δῆμος, οὐκ ἐῶντα τούτῳ δευτέρας ἀρχῆς μετουσίαν εἶναι : τὸν δ᾽, εἴ τις ἄρχων ἄκριτον ἐκκεκηρύχοι πολίτην, κατ᾽ αὐτοῦ διδόντα κρίσιν τῷ δήμῳ.), mais le tribun serait lui-même revenu sur cette mesure (ἐπανείλετο), à la demande de sa mère qui avait intercédé en faveur de M. Octauius, le tribun de 133 dont Ti. Gracchus avait fait voter la déposition. On pense généralement que C. Gracchus retira le projet de loi qu'il avait promulgué, et le verbe ἐπαναιρῶ est attesté en ce sens chez Plutarque (Plut., T. Gr., 10, 4Πρὸς τοῦτο παροξυνθεὶς ὁ Τιβέριος τὸν μὲν φιλάνθρωπον ἐπανείλετο νόμον, τὸν δὲ ἡδίω τε τοῖς πολλοῖς καὶ σφοδρότερον ἐπὶ τοὺς ἀδικοῦντας εἰσέφερεν ἤδη, κελεύων ἐξίστασθαι τῆς χώρας ἣν ἐκέκτηντο παρὰ τοὺς προτέρους νόμους.). Cette hypothèse rend mieux compte du texte de Plutarque que celle d'une modification du texte entre sa promulgation et son adoption, à la suite de quoi la loi aurait perdu le caractère rétroactif qu'elle avait initialement (Stockton).

On trouve chez Diodore (Diod., 34/5, 25, 2Ὅτι ὁ Γράκχος ἐπὶ τοσοῦτο προέβη δυναστείας καὶ ὕβρεως, ὥστε τῶν ὄχλων κρινάντων ἐκβαλεῖν τὸν Ὀκτάυιον ἐκ τῆς πόλεως ἀφῆκεν αὐτόν, εἰπὼν τῷ δήμῳ διότι ταύτην χάριν δίδωσι τῇ μητρὶ προεντετευγμένος ὑπ' αὐτῆς.) une tradition différente : alors que le peuple aurait voté l'exil d'Octauius, C. Gracchus l'aurait épargné, toujours à la demande de sa mère. Cette version est généralement rejetée, sauf par Busacca, qui considère au contraire comme dépourvue de valeur la tradition de Plutarque. Mais, si l'on peut expliquer le texte de Diodore par une contamination entre la mesure qui menaçait Octauius et le pl. sc. d'interdictio qui fut proposé contre P. Popilius Laenas (cf. Diod., 34/5, 26Ὅτι ὁ Πόπλιος μετὰ δακρύων ὑπὸ τῶν ὄχλων προεπέμφθη ἐκβαλλόμενος ἐκ τῆς πόλεως. οὐ γὰρ ἠγνόει τὸ πλῆθος τὸ τῆς ἐκβολῆς ἄδικον, ἀλλὰ τῇ κατ' αὐτοῦ δωροδοκίᾳ δεκαζόμενον ἀπεστέρητο τῆς μισοπονηρούσης παρρησίας.), on voit mal en revanche comment aurait pu être totalement inventée la proposition de loi dont parle Plut.

Busacca, 91-94, en revanche, a raison de rejeter le nom de rogatio de abactis traditionnellement utilisé, au moins depuis Göttling, Geschichte der römischen Staatsverfassung, 1840, avec référence à P. Fest., p. 21Abacti magistratu[s] dicebantur qui coacti deposuerant imperium. (cf. également Isid., Etym., 10, 20Abactus, quod sit ab actu remotus.). Les abacti semblent être victimes, plutôt que d'une abrogation, d'une simple abdication forcée qui n'eut jamais un caractère infamant (cf. Mommsen, Staatsr., I, p. 627-30 ; c'était le cas, par exemple, de ceux qui avaient été déclarés uitio creati). De même Busacca, 96-97 n. 38, a-t-il raison de signaler les faiblesses du rapprochement souvent fait entre le projet gracchien et la loi Cassia de 104 (notice n° 90).

L'hypothèse formulée par Stockton, que le texte latin de la table de Bantia (CIL, I2, 582 ; RS, 1, n° 7) soit un fragment de cette loi, doit être rejetée.

Comment citer cette notice

Jean-Louis Ferrary. "Rogatio Sempronia (pl. sc.) ? sanctionnant ceux dont la magistrature a été abrogée par le peuple ", dans Lepor. Leges Populi Romani, sous la dir. de Jean-Louis Ferrary et de Philippe Moreau. [En ligne]. Paris:IRHT-TELMA, 2007. URL : http://www.cn-telma.fr/lepor/notice661/. Date de mise à jour :20/03/23 .