Nom de la loi
Loi Pompeia Licinia prorogeant le gouvernement de César en Gaule
Date
55 av. J.-C.
Rogator
Cn. Pompeius Magnus (*RE 15) et M. Licinius Crassus (RE 68)
Thèmes
- Lois sur les magistratures et les promagistratures
- Attribution, prorogation et abrogation d'imperium
Sources
Cic., Att., 8, 3, 3Bibliographie
- Cuff, P.J., « The Terminal Date of Caesar's Gallic Command », Historia 7, 1958, 445-471, part. 463-464
- Gesche, H., Caesar, Darmstadt, 1976, 273-275 (abondante bibliographie sur la « Rechtsfrage » concernant la fin du gouvernement de César en Gaule)
- Giovannini, A., Consulare Imperium, 129-146.
[Gagliardi, L., Cesare, Pompeo e la lotta per le magistrature. Anni 52-50 A.C., Milan, 2011, 23-61]
Commentaire
Plutarque, dans la Vie de Pompée (Plut., Pomp., 52, 4ἔπειτα νόμους διὰ Τρεβωνίου δημαρχοῦντος εἰσέφερον, Καίσαρι μέν, ὥσπερ ὡμολόγητο, δευτέραν ἐπιμετροῦντας πενταετίαν), attribue cette loi à Trebonius ; il a été suivi par Niccolini (FTP, 309), et Seager (Pompey, 131 n. 27) n'exclut pas cette possibilité. Il est vrai que l'attribution de la loi à Pompée et Crassus par la plupart de nos sources pourrait signifier seulement qu'ils en furent les véritables inspirateurs (de même que Plutarque dans la Vie de Crassus (Plut., Crass., 15, 7καί μετ᾽ οὐ πολὺν χρόνον αὖθις ὅπλοις περισχόντες τὸ βῆμα καί τὸν Κάτωνα τῆς ἀγορᾶς ἐκβαλόντες καί τινας ὑποστάντας ἀποκτείναντες, Καίσαρι μὲν ἄλλην ἐπέδοσαν πενταετίαν τῆς ἀρχῆς) leur attribue la loi Trebonia sur les provinces consulaires ; cf. aussi Antoine et le pl. sc. de 44 sur les provinces consulaires : notice n° 36). Il est vrai aussi que la formule utilisée par Hirtius (legem Pompei et Crassi) est peut-être moins décisive que s'il avait parlé de loi Pompeia Licinia, et que Velleius, s'il ne laisse aucun doute sur le fait que Pompée fut rogator (Pompeius ad populum tulit), semble attribuer à la même loi le commandement de Crassus en Syrie. Mais le texte de Plutarque n'est pas plus sûr, et le récit de la Vie de Caton, le plus détaillé, sans indiquer explicitement le(s) auteur(s) de la loi en faveur de César, implique du moins que ce n'était pas Trebonius comme pour la loi sur les provinces consulaires (cf. C.B.R. Pelling, « Plutarch’s adpatation of his source-material », JHS, 100, 1980, 127-140, part.127).
Toutes nos sources (sauf Dion qui ne parle que de 3 ans ; cf. également Dio, 44, 43, 2διὰ γὰρ ταῦτα καὶ ὑμεῖς, ὁρῶντες τό τε μέγεθος τῆς διανοίας αὐτοῦ καὶ τὰ ἔργα καὶ τὴν τύχην, ἐπὶ πλεῖστον ἄρξαι αὐτῷ προσετάξατε: ὅπερ, ἀφ᾽ οὗ ἐδημοκρατήθημεν, οὐδενὶ ἄλλῳ ὑπῆρξε, λέγω δὲ τὸ ὀκτὼ ἔτεσιν ὅλοις ἐφεξῆς ἡγεμονεῦσαι.) s'accordent sur une prorogation pour 5 ans (quinquennium, πενταετία) de la province de César (y compris la Gaule Transalpine, qui lui avait été assignée par un s.c. postérieur à la loi Vatinia). Comme la loi Vatinia (notice n° 746), la loi Licinia Pompeia devait faire mention des kalendae Martiae quintae (= 1er mars 50) : c'est ce qui rend le mieux compte d'une série de textes, notamment des propos de Pompée et Metellus Scipion rapportés par Caelius (ap. Cic., Fam., 8, 9, 5 Pompeius tuus aperte non uult Caesarem et prouinciam tenere cum exercitu et consulem esse ; ipse tamen hanc sententiam dixit, nullum hoc tempore senatus consultum faciendum, Scipio hanc, ut Kal. Martiis de prouinciis Galliis, neu quid coniunctim referretur. ; Cic., Fam., 8, 8, 4 Quod ad rem publicam pertinet, omnino multis diebus exspectatione Galliarum actum nihil est; aliquando tamen saepe re dilata et graviter acta et plane perspecta Cn. Pompeii uoluntate in eam partem, ut eum decedere post Kalendas Martias placeret, senatus consultum, quod tibi misi, factum est auctoritatesque perscriptae. ; Cic., Fam., 8, 8, 9Illa praeterea Cn. Pompeii sunt animaduersa, quae maxime confidentiam attulerunt hominibus, ut diceret se ante Kal. Martias non posse sine iniuria de prouinciis Caesaris statuere, post Kal. Martias se non dubitaturum.). Les Gaules n'auraient donc pu être désignées comme provinces consulaires qu'à partir du 1er mars 50, pour les consuls de 49 (interprétation de Cuff ; autre interprétation, moins convaincante, de Giovannini : le second quinquennium correspondrait aux années 54-50 ; [plus récemment, Gagliardi, 55-59, a proposé les années 55-50]) ; mais la loi Pompeia sur les provinces consulaires et prétoriennes de 52 allait singulièrement compliquer le problème de la succession de César en Gaule.
Comment citer cette notice
Jean-Louis Ferrary. "Loi Pompeia Licinia prorogeant le gouvernement de César en Gaule ", dans Lepor. Leges Populi Romani, sous la dir. de Jean-Louis Ferrary et de Philippe Moreau. [En ligne]. Paris:IRHT-TELMA, 2007. URL : http://www.cn-telma.fr/lepor/notice615/. Date de mise à jour :23/04/24 .