Nom de la loi
Loi (pl. sc.) accordant le triomphe à C. Flaminius (RE 2) et P. Furius Philus (RE 80)
Date
223 av. J.-C.
Rogator
inconnu
Thèmes
Sources
Plut., Marc., 4, 3Bibliographie
- Rotondi, LPR, 248
- Càssola, F., I gruppi politici Romani nel III secolo a.C., Trieste, 1962, 223-224
- Develin, R., « The political position of C. Flaminius », RhM 122, 1979, 268-277, part. 274
- Ungern-Sternberg, J., « The end of the conflict of orders », dans Social struggle in archaic Rome: New Perspectives on the Conflict of Orders, Berkeley-Los Angeles-Londres, 1986, 353-377, part. 364 (20052, 312-332)
- Petrucci, A., Il trionfo nella storia costituzionale romana dagli inizi della Repubblica ad Augusto, Milan, 1996, 88-89
- Beck, H., Karriere und Hierarchie. Die römiche Aristokratie une die Anfänge des cursus honorum in der mittleren Republik, Berlin, 2005, 253-256
- Rich, J., « The Triumph in the Roman Republic: Frequency, Fluctuation and Policy », dans C. H. Lange, F. J. Vervaet (éd.), The Roman Republican Triumph Beyond the Spectacle, Rome, 2014, 197-258, part. 210, 220
Commentaire
C’est chez Zonaras (Zon., 8, 20, 5-75 Διά τε γοῦν τὰ τέρατα ταῦτα καὶ ὅτι τινὲς παρανόμως ἔλεγον τοὺς ὑπάτους αἱρεθῆναι, μετεπέμψαντο αὐτούς. Δεξάμενοι δὲ τὰ γράμματα οἱ ὕπατοι οὐκ εὐθὺς αὐτὰ ἀνέγνων, ἄρτι πρὸς πόλεμον καθιστάμενοι, ἀλλὰ προσυμβαλόντες ἐκράτησαν. Μετὰ δὲ τὴν μάχην ἀναγνωσθείσης τῆς ἐπιστολῆς ὁ μὲν Φούριος ἑτοίμως ἐπείθετο, ὁ δέ γε Φλαμίνιος ἐπαιρόμενος τῇ νίκῃ τήν τε αἵρεσιν αὐτῶν ἀπεδείκνυ δι’ αὐτῆς ὀρθῶς ἔχουσαν καὶ διὰ τὸν πρὸς αὐτὸν φθόνον ἐνέκειτο καὶ τοῦ θείου τοὺς δυνατοὺς καταψεύδεσθαι. 6 Οὔτ’ οὖν ἀπαναστῆναι πρὶν τὸ πᾶν καταστήσασθαι ἤθελε καὶ διδάξειν καὶ τοὺς οἴκοι ἔφη μήτ’ ὄρνισι μήτ’ ἄλλῳ δή τινι τοιούτῳ προσέχοντας ἀπατᾶσθαι. Καὶ ὁ μὲν κατὰ χώραν μένειν ἤθελε καὶ τὸν συνάρχοντα κατέχειν ἐπειρᾶτο, Φούριος δ’ οὐκ ἐπείθετο. Τῶν δὲ μετὰ τοῦ Φλαμινίου μελλόντων καταλειφθήσεσθαι φοβηθέντων μὴ μονωθέντες πάθωσί τι παρὰ τῶν ἐναντίων, καὶ δεηθέντων ἡμέρας τινὰς προσμεῖναι, ἐπείσθη, οὐ μέντοι καὶ ἔργου ἥψατο. 7 Φλαμίνιος δὲ περινοστῶν τὴν χώραν ἔτεμνε καὶ ἐρύματά τινα κατεστρέψατο, τά τε λάφυρα πάντα τοῖς στρατιώταις, θεραπεύων αὐτούς, ἐχαρίσατο. Ὀψὲ δ’οἴκαδε ἐπανελθόντες ὑπὸ μὲν τῆς γερουσίας αἰτίαν τῆς ἀπειθείας ἔσχον, διὰ γὰρ τὴν πρὸς τὸν Φλαμίνιον ὀργὴν ἠτίμασαν καὶ τὸν Φούριον, τὸ δὲ πλῆθος ἀντιφιλονεικῆσαν ὑπὲρ τοῦ Φλαμινίου ἐψηφίσαντο τὰ νικητήρια. Καὶ ἀγαγόντες αὐτὰ ἐξέστησαν τῆς ἀρχῆς.) qu’on trouve le récit le plus précis des circonstances qui précèdent et expliquent l’octroi du triomphe aux consuls de 223 par un vote populaire et non par un SC, comme c’était l’usage. Partis combattre les Insubres, ils furent avertis de présages inquiétants et de vices ayant entaché leur élection et furent rappelés à Rome, mais ils menèrent les opérations sans en tenir compte, et Flaminius, contre l’avis de son collègue, retarda leur retour. Quand ils rentrèrent à Rome, le Sénat les accusa de désobéissance, mais la plèbe prit le parti de Flaminius, et leur vota le triomphe (Zon., 8, 20, 7ὀψε δ᾽οἴκαδε ἐπανελθόντες ὑπὸ μὲν τῆς γερουσίας αἰτίαν τῆς ἀπειθείας ἔσχον (διὰ γὰρ τὴν πρὸς τὸν Φλαμίνιον ὀργὴν ἠτιμασαν καὶ τὸν Φούριον), τὸ δὲ πλῆθος ἀντιφιλονεικῆσαν ὑπὲρ τοῦ Φλαμινίου ἐψηφίσαντο τὰ νικητήρια, καὶ ἀγαγόντες αὐτὰ ἐξέστησαν τῆς ἀρχῆς.). Le terme employé, τὸ πλῆθος, évoque sans aucun doute un pl. sc. (Rotondi, Petrucci ; Càssola est hésitant).
La perte du récit livien pour cette année ne permet pas de le confirmer, car c’est seulement par des allusions rétrospectives trop imprécises, placées dans la narration des opérations qui conduisent à la défaite et à la mort de Flaminius à Trasimène en 217, que sont évoqués, parmi les conflits récurrents qui, depuis son tribunat, l’avaient opposé au Sénat, ceux de l’année 223, survenus « au sujet de son consulat, qu’il était question d’abroger, puis au sujet du triomphe » (Liv., 21, 63, 2Huic in prouincia consulatum inire consilium erat memori ueterum certaminum cum patribus, quae tribunus plebis et quae postea consul, prius de consulatu, qui abrogabatur, dein de triumpho, habuerat.). Plus loin est simplement mentionnée l’indignation qu’il avait alors provoquée chez les sénateurs quand, rappelé du théâtre des opérations à cause du défaut des auspices, « il n’avait obéi ni aux dieux ni aux hommes » (Liv., 21, 63, 7Consulem ante inauspicato factum reuocantibus ex ipsa acie dis atque hominibus non paruisse.).
La tradition dont relèvent ces versions est bien connue et inscrit ce vote du triomphe par le peuple dans la caractérisation de Flaminius comme champion des intérêts de la plèbe contre les patres (Ungern-Sternberg, Beck). Un contexte politique analogue aurait entouré, selon la tradition unanime, la concession du triomphe aux consuls de 449, L. Valerius et M. Horatius, par un pl. sc., après le refus du Sénat, introduisant pour la première fois cet usage (Dion. Hal., 11, 50, 1 Ἀποψηφισαμένης δὲ τῆς βουλῆς τὸν θρίαμβον ἀγανακτοῦντες οἱ περὶ τὸν Οὐαλέριον (…) συνεκάλεσαν εἰς ἐκκλησίαν τὸ πλῆθος (…) συναγορευσάντων αὐτοῖς τῶν δημάρχων καὶ νόμον εἰσηγησαμένων, παρὰ τοῦ δήμου λαμβάνουσι τὴν καταγωγὴν τοῦ θριάμβου, πρῶτοι Ῥωμαίων ἁπάντων τοῦτο εἰσηγησάμενοι τὸ ἔθος. ; Liv., 3, 63, 8-11 Cum ingenti consensu patrum negaretur triumphus, L. Icilius tribunus plebis tulit ad populum de triumpho consulum, multis dissuasum prodeuntibus, maxime C. Claudio uociferante : de patribus non de hostium consules triumphare uelle (…) numquam ante de triumpho per populum actum, semper aestimationem arbitriumque eius honoris penes senatum fuisse, ne reges quidem maiestatem summi ordinis imminuisse (…) In eandem sententiam multa et ceteris senioribus patrum cum essent dicta, omnes tribus eam rogationem acceperunt. Tum primum sine auctoritate senatus populi iussu triumphatum est. ; Zon., 7, 19, 2Ἀχθόμενοι δὲ τοῖς ὑπάτοις οἵ τε εὐπατρίδαι καὶ ἡ βουλή, ὡς τὰ τοῦ πλήθους φρονοῦσιν, οὐκ ἐψηφίσαντο σφίσι τὰ ἐπινίκια, πόλεμον ἑκατέρου νικήσαντος, οὔθ᾽ἡμέραν ἑκάστῳ ἀπένειμαν, ὥσπερ εἴθιστο. Τὸ μέντοι πλῆθος ἐπὶ δύο τε ἡμέρας ἑώρτασε καὶ τοῖς ὑπάτοις τὰ νικητήρια ἐψηφίσαντο.). Même si l’authenticité de cet épisode est sujette à caution (Rich, 210), il contribue à montrer le caractère exceptionnel du pl. sc. de 223 (au point que Beck, 264, n. 62, contre l’opinion générale, rejette la version de Zonaras et considère que les consuls ont triomphé ex senatus consulto). De fait, à partir du IIIe siècle, les conflits avec le Sénat au sujet des demandes de triomphe trouvèrent une solution dans la pratique nouvelle du triomphe sur le Mont Albain (Rich, 210, 219-220).
Plutarque est moins tributaire de ce courant de la tradition historiographique. Sa relation, qui lui permet d’amener une digression sur le respect des signes divins par les Romains, est analogue à celle de Dion/Zonaras pour ce qui concerne la conduite de Flaminius jusqu’à son retour à Rome, mais présente la suite différemment (Plut., Marc., 4, 3ὡς οὖν ἐπανῆλθε μετὰ πολλῶν λαφύρων, οὐκ ἀπήντησεν ὁ δῆμος, ἀλλ᾽ὅτι καλούμενος οὐκ εὐθὺς ὑπήκουσεν οὐδ᾽ἐπείσθη τοῖς γράμμασιν, ἀλλ᾽ἐνύβρισε καὶ κατεφρόνησε, μικροῦ μὲν ἀποψηφίσασθαι τὸν θρίαμβον αὐτοῦ.): le peuple (ὁ δῆμος) aurait manifesté sa réprobation en s’abstenant de l’accueillir, aurait voté le triomphe de justesse, et aurait contraint les deux consuls à abdiquer après la célébration.
Les deux consuls ont effectivement célébré un triomphe, de Galleis pour Flaminius, de Galleis et Liguribus pour Furius (Broughton, MRR I, 232), ce qui confirme que le pl. sc. ne concernait pas seulement Flaminius mais également son collègue. Leur abdication immédiatement après la cérémonie est présentée par Dion/Zonaras comme spontanée, contrairement à ce qu’indique Plutarque, mais il est difficile de supposer qu’elle était une clause du pl. sc. (comme le suggère Develin 1979).
Comment citer cette notice
Marianne Coudry. "Loi (pl. sc.) accordant le triomphe à C. Flaminius (RE 2) et P. Furius Philus (RE 80)", dans Lepor. Leges Populi Romani, sous la dir. de Jean-Louis Ferrary et de Philippe Moreau. [En ligne]. Paris:IRHT-TELMA, 2007. URL : http://www.cn-telma.fr/lepor/notice355/. Date de mise à jour :23/04/24 .