Nom de la loi

Loi (pl. sc.) Sulpicia accordant l’imperium à C. Pomptinus pour le jour de son triomphe

Date

54 av. J.-C., peu avant le 26 octobre

Rogator

Ser. Sulpicius Galba (RE 61)

Thèmes

Sources

Cic., Ad Q. fr., 3, 4, 6
Haec scripsi a. d. VIIII. Kal. Nouembr., quo die ludi committebantur, in Tusculum proficiscens (…) ea re non longius quam uellem, quod Pomptino ad triumphum a. d. IIII. Nonas Nouembr. uolebam adesse. Etenim erit nescio quid negotioli ; nam Cato et Seruilius praetores prohibituros se minantur ; nec quid possint scio : ille enim et Appium consulem secum habebit et praetores et tribunos pl. ; sed minantur tamen, in primis Ἄρη πνέων Q. Scaeuola.
 - Cic., Att., 4, 18, 4
Pomptinus uult a.d. IIII. Non. Nou. Triumphare. Huic obuiam Cato et Seruilius praetores ad portam et Q. Mucius tribunus. Negant enim latum de imperio, et est latum hercule insulse. Sed erit cum Pomptino Appius consul. Cato tamen affirmat se uiuo illum non triumphaturum.
 - Dio, 39, 65, 1-2
1. Κἀν τούτῳ καὶ ὁ Πομπτῖνος ὁ Γάιος τὰ ἐπινίκια τὰ τῶν Γαλατῶν ἔπεμψεν· ἐς γὰρ ἐκεῖνο τοῦ χρόνου, μηδενὸς οἱ διδόντος αὐτὰ, ἔξω τοῦ πωμηρίου διέμεινε. 2. Καὶ τότε δ᾽ἂν αὐτῶν ἥμαρτεν, εἰ μὴ ὁ Γάλβας ὁ Σέρουιος συστρατευσάμενος αὐτῷ, κρύφα καὶ ὑπὸ τὴν ἕω τὴν ψῆφον τισι (καίπερ οὐκ ἐξὸν ἐκ τῶν νόμων πρὶν πρώτην ὥραν γενέσθαι ἐντῷ δήμῳ τι χρηματισθῆναι) ἔδωκε. Καὶ διὰ τοῦτο τῶν δημάρχων τινὲς ἀπολειφθέντες τῆς ἐκκλησίας ἐν γοῦν τῇ πομπῇ πράγματα αὐτῷ παρέσχον, ὥστε καὶ σφαγὰς συμβῆναι.

Bibliographie

  • Rotondi, LPR, 408
  • Petrucci, A., Il trionfo nella storia costituzionale romana dagli inizi della Repubblica ad Augusto, Milan, 1996, 186-187
  • Brennan, Praetorship, 578-580
  • Rich, J., « The Triumph in the Roman Republic: Frequency, Fluctuation and Policy », dans C. H. Lange, F. J. Vervaet (éd.), The Roman Republican Triumph Beyond the Spectacle, Rome, 2014, 197-258, part. 237

Commentaire

C. Pomptinus, après sa préture en 63, fut envoyé dans la province de Transalpine combattre une révolte des Allobroges, à laquelle il mit fin en 61 (Dio, 37, 47-48, part. Dio, 37, 48, 2μαθὼν οὖν τοῦτο ὁ Πομπτῖνος ἐπεστράτευσέ τε ἐπ᾽ αὐτὸ παντὶ τῷ στρατῷ, καὶ πολιορκήσας σφᾶς ἐχειρώσατο πλὴν τοῦ Κατουγνάτου.). Mais la demande de triomphe qu’il présenta à son retour, qu’on ne peut dater avec précision (en 58, propose Brennan, 579), se heurta à l’opposition persistante des amis de César (Schol. Bob., p. 149-150Sed occurrebat illud ut Vatinius diceret eapropter se in tristiore habitu perseuerasse, ne ratae uiderentur supplicationes quas decerni postulauerat C. Pomptinus rebus in Gallia prospere gestis, cum etiam triumfum peteret, quem honorem obtinere non potuit impedientibus amicis C. Caesaris, qui omnem laudem pacis atque uictoriae studebant ad neminem alium nisi ad Caesarem pertinere.), avant d’être acceptée, on ne sait quand exactement. Il attendait à l’extérieur du pomerium depuis son retour (ad portam, écrit Cic., Att., 4, 18, 4 Huic obuiam Cato et Seruilius praetores ad portam et Q. Mucius tribunus. Negant enim latum de imperio, et est latum hercule insulse. Sed erit cum Pomptino Appius consul. Cato tamen affirmat se uiuo illum non triumphaturum. ; Dio, 39, 65, 1 Κἀν τούτῳ καὶ ὁ Πομπτῖνος ὁ Γάιος τὰ ἐπινίκια τὰ τῶν Γαλατῶν ἔπεμψεν· ἐς γὰρ ἐκεῖνο τοῦ χρόνου, μηδενὸς οἱ διδόντος αὐτὰ, ἔξω τοῦ πωμηρίου διέμεινε. : ἔξω τοῦ πωμηρίου διέμεινε) et ne put célébrer la cérémonie que le 2 novembre 54 (Cic., Ad Q. fr., 3, 4, 6quod Pomptino ad triumphum a. d. IIII. Nonas Nouembr. uolebam adesse.), après que le pl. sc. qui lui permettait de conserver son imperium à l’intérieur de la Ville eut été voté, dans des conditions qui furent contestées et entraînèrent des violences sur le parcours de la procession.

C’est ce qu’indique le récit de Dion Cassius (Dio, 39, 65, 2Καὶ τότε δ᾽ἂν αὐτῶν ἥμαρτεν, εἰ μὴ ὁ Γάλβας ὁ Σέρουιος συστρατευσάμενος αὐτῷ, κρύφα καὶ ὑπὸ τὴν ἕω τὴν ψῆφον τισι (καίπερ οὐκ ἐξὸν ἐκ τῶν νόμων πρὶν πρώτην ὥραν γενέσθαι ἐντῷ δήμῳ τι χρηματισθῆναι) ἔδωκε. Καὶ διὰ τοῦτο τῶν δημάρχων τινὲς ἀπολειφθέντες τῆς ἐκκλησίας ἐν γοῦν τῇ πομπῇ πράγματα αὐτῷ παρέσχον, ὥστε καὶ σφαγὰς συμβῆναι.) : la rogatio fut portée par le préteur Ser. Sulpicius Galba, ancien légat de Pomptinus, qui « fit voter quelques citoyens (τὴν ψῆφον τισι ἔδωκε) clandestinement et au petit matin, bien qu’il ne fût pas légal de soumettre une affaire au peuple avant la première heure », et il ajoute : « c’est pourquoi certains des tribuns qui n’avaient pu participer à l’assemblée l’importunèrent au cours de la procession ». Deux lettres de Cicéron apportent des précisions. L’une, écrite à Quintus le 26 octobre (Cic., Ad Q. fr., 3, 4, 6Haec scripsi a. d. VIIII. Kal. Nouembr., quo die ludi committebantur, in Tusculum proficiscens (…) ea re non longius quam uellem, quod Pomptino ad triumphum a. d. IIII. Nonas Nouembr. uolebam adesse. Etenim erit nescio quid negotioli ; nam Cato et Seruilius praetores prohibituros se minantur ; nec quid possint scio : ille enim et Appium consulem secum habebit et praetores et tribunos pl. ; sed minantur tamen, in primis Ἄρη πνέων Q. Scaeuola.), ne mentionne pas directement ce vote, mais annonce les troubles auxquels Dion fait allusion en évoquant les menaces de deux préteurs et d’un tribun. L’autre, écrite à Atticus (Cic., Att., 4, 18, 4Negant enim latum de imperio, et est latum hercule insulse.), précise que ces trois magistrats « tiennent pour nulle la loi sur l’imperium de Pomptinus (negant latum de imperio) », et Cicéron commente : « de fait elle a été votée de façon absurde (est latum insulse) ». Le fait que le triomphe ait été célébré malgré ces contestations sur la régularité du vote laisse penser que le pl. sc. sur l’imperium de Pomptinus a été considéré comme valide.

Ces péripéties sont intéressantes à plusieurs titres, concernant les procédures comitiales.

1. Elles fournissent, avec un passage de Denys d’Halicarnasse relatif au procès de Coriolan (Dion. Hal., 7, 59, 1Ὁ μὲν ἐκ τῶν ἀγρῶν ὄχλος ὅσος οὔπω πρότερον συνεληλυθὼς εἰς τὴν πόλιν ἕωθεν ἔτι κατεῖχε τὴν ἀγοράν· οἱ δὲ δήμαρχοι συνεκάλουν τὸ πλῆθος ἐπὶ τὴν φυλέτιν ἐκκλησίαν), les seules attestations connues de la règle qui veut que les réunions du peuple se déroulent de jour, et ne commencent donc pas avant l’aube : attestée fréquemment pour des contiones, plus rarement pour les comices centuriates, elle l’est ici pour les comices tributes.

2. La rogatio est soumise au vote par un préteur, alors que pour les précédents pl. sc. portant sur la même question, cette fonction avait été assurée par un ou des tribuns (en 211, en faveur de M. Claudius Marcellus : cf. notice 295 ; en 167, en faveur de L. Aemilius Paullus, notice 679). On a ici l’un des exemples de la confusion qui s’est établie aux deux derniers siècles de la République entre comitia tributa et concilium plebis, question qui a fait l’objet de vives discussions (Taylor, Roman Voting Assemblies, 61-64, qui rejette l’idée de la confusion défendue en 1909 par G W. Bosford, The Roman Assemblies from their origin to the end of the Republic, 119-138, 301-302). La protestation, évoquée par Dion, des tribuns qui n’avaient pas pu participer à l’assemblée doit sans doute se comprendre comme une dénonciation de l’impossibilité d’opposer leur veto.

3. Ce pl. sc. est le seul exemple explicitement attesté depuis 167 de la règle qui exige un vote de la plèbe pour permettre aux proconsuls de conserver leur imperium à l’intérieur de la Ville jusqu’à la fin de la cérémonie triomphale. Il confirme que ce qui n’était en général qu’une formalité, une fois acquise la décision du Sénat, devenait en certaines occasions l’enjeu de conflits violents (voir notice 679). Dans sa lettre à Atticus (Cic., Att., 4, 18, 4Huic obuiam Cato et Seruilius praetores ad portam et Q. Mucius tribunus. Negant enim latum de imperio, et est latum hercule insulse. Sed erit cum Pomptino Appius consul. Cato tamen affirmat se uiuo illum non triumphaturum.) Cicéron montre bien comment la question du triomphe de Pomptinus divise les magistrats, consuls, préteurs et tribuns.

Comment citer cette notice

Marianne Coudry. "Loi (pl. sc.) Sulpicia accordant l’imperium à C. Pomptinus pour le jour de son triomphe ", dans Lepor. Leges Populi Romani, sous la dir. de Jean-Louis Ferrary et de Philippe Moreau. [En ligne]. Paris:IRHT-TELMA, 2007. URL : http://www.cn-telma.fr/lepor/notice699/. Date de mise à jour :23/04/24 .