Description
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Yves, évêque de Chartres
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Richard, évêque d'Albano
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après 1090 - avant 1104/04
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[avant avril 1104]
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Lettre
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Ricardo(1)(a), Dei gratia Albanensi episcopo et sanctae sedis apostolicae vicario, Ivo, humilis Carnotensis Ecclesiae minister, salutem et obsequium.
Sicut de excommunicatione regis graviter doluimus(2), propter christianae religionis detrimentum, ita de absolutione ejus, si ad honorem Dei et sanctae sedis apostolicae fieri posset, granditer gauderemus, propter ejusdem sanctae religionis incrementum(3). Ut autem secus fiat quam sollicitudini vestrae a domno papa commissum est consulere non audemus, quia de rerum exitu sicut vos ita et nos incerti sumus(4). Si autem divina gratia cor ejus humiliaverit(5) ad poenitentiam, consilium nobis videtur ut coram positis quamplurimis episcopis publice eum et solemniter absolvatis, quatenus sicut longe lateque patuit ejus aversio(b), ita multorum religiosorum testimonio publicetur circumquaque ejus optanda reversio(6). In qua re satagendum erit diligentiae vestrae quatenus qui pro amore justitiae et obedientia sedis apostolicae perdiderunt ejus amicitiam in reconciliatione ejus redintegrentur ad gratiam(7). Consultum autem famae vestrae melius credidissem si alibi quam Senonis ista fieret absolutio, ubi cuique liceret libere dicere quod sentiret(8). De caetero ad concilium denominatum gratanter ire desidero ; sed contra voluntatem regis, cujus odium jam per decennium tolero(9), qua via, quo conductu, vel circuitu Trecas(10) venire valeam non invenio. Si ergo vel per ipsum regem vel per comitissam aliquam mihi securitatem impetrare potestis, obnixe rogo ut id facere studeatis. Valete.
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Richardo MAu
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adversio M.
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Voir lettres 127, 133.
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Le roi avait été excommunié pour la troisième fois au concile de Poitiers en 1100.
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Noter le jeu de mots
detrimentum/incrementum.
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Sur les revirements et les faux repentirs de Philippe, voir Lambert d'Arras,
Registre,Absolutio, A 65-72. Yves, lettres 13, 79, 84, 144.
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D'après Ps. 50, 19.
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Noter le jeu de mots
aversio,reversio. Un péché public doit, en droit canonique, être remis par une pénitence publique.
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Demande similaire à la fin de la lettre 104. Yves est le premier intéressé !
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On ignore pourquoi Yves déconseille Sens, mais le légat a suivi ses conseils, ou du moins était arrivé aux mêmes conclusions, puisque le concile s'est tenu à Troyes.
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Lettres 35, 67, 113.
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Le concile s'y est tenu le 2 avril 1104. Il y est fait allusion lettre 176, où Vulgrin est dit en revenir. Un autre concile fut réuni à Beaugency le 30 juillet, voir lettre 144, mais aucun des deux n'aboutit. O. Pontal,
Les conciles, p. 246-247.
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a. Avranches, BM 243, 80v-81
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M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 55
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T. Troyes, BM 1924, 117rv
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Au. Auxerre, BM 69, 54v-55
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À Richard, par la grâce de Dieu évêque d'Albano et vicaire du saint siège apostolique, Yves, humble ministre de l'Église de Chartres, salut et déférence.
De même que nous avons été gravement affligé de l'excommunication du roi, à cause du préjudice infligé à la religion chrétienne, de même, à cause du bénéfice qu'en tirerait cette même sainte religion, nous nous réjouirions grandement de son absolution, si elle pouvait se faire pour l'honneur de Dieu et du saint siège apostolique. Or nous n'osons pas vous conseiller de faire autrement que ce qui a été confié à votre sollicitude par le seigneur pape, parce que nous aussi, comme vous, sommes dans l'incertitude quant à l'issue de ces affaires. Et si par la grâce divine son cœur s'incline vers la pénitence, il nous semble de bon conseil que vous l'absolviez publiquement et solennellement en présence du plus grand nombre possible d'évêques, afin que, de même que son égarement s'est étalé en tous sens, de même son retournement désiré soit divulgué en tous lieux par le témoignage de beaucoup d'hommes religieux. Dans cette affaire, votre diligence devra faire en sorte que ceux qui par amour de la justice et par obéissance au siège apostolique ont perdu son amitié soient remis en grâce au moment de sa réconciliation. Mais j'aurais cru qu'il aurait mieux valu pour votre renommée décider que cette absolution se fasse ailleurs qu'à Sens, dans un lieu où il serait loisible à quiconque de dire librement ce qu'il pense. En outre je désire de bonne grâce aller au concile indiqué ; mais, contre la volonté du roi dont je supporte la haine depuis dix ans, je ne trouve pas par quel chemin, avec quel sauf-conduit ou par quel détour je puisse venir à Troyes. Si donc par le roi en personne ou par la comtesse vous pouvez me procurer quelque sûreté, je vous demande instamment de veiller à le faire. Adieu.