Description
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Yves, évêque de Chartres
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Geoffroy, abbé de La Trinité de Vendôme
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après 1090 - avant 1116
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Lettre
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De non reiteranda infirmorum unctione.
Ivo, Carnotensis aecclesiae minister, Goffrido, Vindocinensi abbati, salutem et dilectionem(1).
Unctionem(2) infirmorum non aestimo repetendam, quia, sicut ipse asseruisti, secundum institutum apostolicae sedis, genus est sacramenti(3). Qui autem sacramenta Christi et Ecclesiae repetit injuriam ipsis sacramentis ingerit. Unctio enim infirmorum publicae poenitentiae est sacramentum, quam non esse repetandam sicut nec baptismum, testatur Augustinus, testatur Ambrosius. Augustinus in epistola ad Macedonium(4) : « Caute salubriterque provisum est ut locus illius humillimae poenitentiae semel in Ecclesia concedatur, nec medicina vilis minus utilis esset aegrotis, quae tanto magis salubris est quanto minus contemptibilis fuerit. » Ambrosius in secundo libro De poenitentia(5) : « Sicut est unum baptisma, ita et una poenitentia, quae tamen publice agitur. Nam quotidie nos debet poenitere peccati ; sed haec delictorum leviorum, illa graviorum. »
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Est epistola vicesima libri II Epistolarum Goffridi Vindocinensis abbatis.Vide Patrol. t. CLVII (lettre 160bis de Geoffroy éd. G. Giordanengo, cf fin de la lettre 255 d’Yves).
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Cette lettre n'est pas dans la correspondance d'Yves de Chartres. Elle reprend la fin de la lettre 255, adressée à Raoul, abbé de Saint-Fuscien, malade et qui a déjà reçu l'extrême-onction. L'argumentation théologique y est précédée de vœux sur sa santé et de divers conseils. À part l'incise
sicut ipse asseruistiles deux textes sont identiques.
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Le problème de la réitération de l’onction des malades se pose à l’époque. Geoffroy de Vendôme, éd. citée, lettre 160, p. 352-355, interroge Yves, car il n’est pas d’accord avec l’opinion de certains de ses moines qui prônent la réitération. La réponse d’Yves, réelle ou reconstituée, lettre 160bis, p. 354-357, reprend la fin de la lettre ci-dessus, à partir de
Unctionem.
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Genus est sacramenti, l’expression est tirée de la lettre d’Innocent à l’évêque Decentius, c. 8,Fausses décrétales, éd. Hinschius, p. 528. Yves,Décret2, 75 (Gratien, D. 95, 3).
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Augustin, lettre 153, 7, éd. A. Goldbacher,
CC, t. 44, p. 402-403. Yves,Décret15, 24 (Gratien, D. 50, 62 et DP 3, 22).
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Ambroise,
De Poenitentia, l. 2, c. 10, 95,PL16, col. 520. Yves,Coll. Tr.B29, 284 (Gratien,DP3, 2) Le texte est absent duDécretet de laPanormie.
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Yves, ministre de l’église de Chartres, à Geoffroy, abbé de Vendôme, salut et affection1.
Je ne pense pas qu’il faille réitérer l’onction des malades, parce que, comme tu l’as toi-même affirmé, selon la disposition du siège apostolique, c’est une forme de sacrement. Celui qui réitère les sacrements du Christ et de l’Église fait injure à ces sacrements mêmes. Car l’onction des malades est le sacrement de la pénitence publique, qui ne doit pas être réitérée, pas plus que le baptême, selon le témoignaged’Augustin et celui d’Ambroise. Augustin dans la lettre à Macedonium : « Il a été prévu avec prudence et profit que le moment de cette très humble pénitence ne soit concédé qu’une seule fois dans l’Église de peur qu’une médecine avilie ne soit pas utile aux malades ; elle est d’autant plus profitable qu’elle aura été moins dépréciée ». Ambroise dans le second livre de La Pénitence : « Comme le baptême est unique, ainsi est unique la pénitence qui se fait en public. Car chaque jour il faut se repentir de son péché, mais celle-ci est pour les fautes légères, celle-là pour les graves ».