« yves-de-chartres-140 »


Description

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    Yves, évêque de Chartres

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    Gonhier, prêtre

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    après 1090 - avant 1116


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    n.c.

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    Lettre

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    Ivo, Dei gratia humilis Ecclesiae Carnotensis minister, dilecto fratri et compresbytero Gunherio(1)(a), cum quiete corporis quietem mentis.

    Si sacramenta ecclesiastica ab apostolico, ut rumor est, vetita, quibus periculose interesse(b) times, scriptis apostolicis vel viva voce illius personae fraternitati tuae interdicta fuissent, cui haec interdicendi licentia commissa fuisset, consulerem ut non tantum eis interesse timeres, sed etiam ea penitus abhorreres, non quia quod celebratur non sit sacramentum, sed quia communicantibus usurpatum per inobedientiam fit detrimentum(2). Securum itaque te in talibus faciat conscientia munda, quia secundum Apostolum(3) : « Omnia munda mundis. Coinquinatis autem et infidelibus nihil mundum, quia inquinata est eorum mens et conscientia ». Si ergo ad divina sacramenta te vel pro consuetudine repraesentaveris, vel a fratribus invitatus fueris, quae celebrantur apud quoscumque inveneris(c), cordis manu suscipe, mirare(4) et eorum significata sicut vitae alimenta in ventre(d) memoriae suaviter ruminanda repone, non magnopere attendens quid opinio aut rumor aspergat(5), sed quid legatio praelatae potestatis ad vos usque ordinabiliter perveniens prohibeat aut jubeat. Sicut enim judicibus ecclesiasticis non alia credenda sunt, licet vera sint, nisi quae judiciario ordine publicantur, quae manifestis testimoniis comprobantur(6), ita non omnia quae dicuntur fidei committenda sunt, nisi aut litteris authenticis comprobentur aut viva voce gerulorum publicentur. Haec interim de tua dubitatione respondeo fraternitati tuae, nullum faciens praejudicium sententiae meliorum. Vale.


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    Guncherio Au, G. T 

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    te interesse M 

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    veneris A, om.

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    ventrem M.


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    Il doit s'agir du chanoine de Saint-Quentin de Beauvais dont il est aussi question lettre 151 (in cella fratris Gunherii), ce qui est probable vu la forme de l'adresse, frère et collègue prêtre. La lettre 228 est aussi adressée à un Gunhier prêtre.

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    L'idée qu'être complice d'une faute équivaut à la commettre revient souvent chez les Pères, par ex. Maxime de Turin (attribué à Augustin, PL 38, col. 549-550), duobus modis non te maculat malus, si non consentias et redarguas, hoc est non communicare, non consentire. Pour Grégoire le Grand, le consensus per spiritum est une des trois manières de pécher, ep. ad Augustinum episcopum,Fausses décrétales, éd. Hinschius, p. 742.

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    Tit. 1, 15.

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    Respice, honora, mirare, mente continge, cordis manu suscipe, attribué par Yves, Décret 2, 4, in fine, à Eusèbe, Sermo de corpore et sanguine (Gratien, DC 2, 35, laisse le choix des attributions : Eucher de Lyon, Hilaire, Césaire d'Arles, Raban ou Bède).

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    Rumor employé avec aspergere, expression d'une lettre de Grégoire le Grand, l. 2, 29, éd. D. Norberg, CCSL 140, p. 115. Yves, Décret 5, 309.

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    Quamvis vera sint quaedam tamen judici non credenda sunt nisi quae certis indiciis demonstrantur, nisi quae manifesto judicio convincuntur, nisi quae judiciario ordine publicantur, Sixte II, deuxième décrétale aux frères d'Espagne, c. 7, Fausses décrétales, éd. Hinschius, p. 193. Yves, Décret 5, 247 ; Panormie 4, 114 (Gratien, 11, 3, 75, attribué à Augustin, De poenitentia, c. 3 [sermo 351, n° 10]).Ordo judiciarius, voir lettre 138.


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    a. Avranches, BM 243, 80v


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    M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 54v-55


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    T. Troyes, BM 1924, 116v-117


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    Au. Auxerre, BM 69, 54v



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    Yves, humble ministre de l'Église de Chartres, à son cher frère et collègue prêtre Gunhier, avec le repos du corps le repos de l'âme.

    Si les sacrements de l'Église interdits, comme le dit la rumeur, par le siège apostolique, auxquels tu crains de participer par peur du danger, avaient été interdits à ta fraternité par des écrits apostoliques ou de vive voix par cette personne à qui aurait été confiée la permission de les interdire, je te conseillerais non seulement de redouter d'y participer, mais même de t'en détourner totalement, non que ce qui est célébré ne soit un sacrement, mais parce que ce qu'on s'arroge par désobéissance devient préjudice pour ceux qui s'y associent. Qu'une conscience pure t'apporte donc tranquillité sur de tels sujets, parce que selon l'Apôtre : « Tout est pur pour les purs. Mais rien n'est pur pour les hommes souillés et infidèles parce que leur esprit et leur conscience sont souillés. » Donc si tu participes comme d'habitude ou si tu as été invité par les frères aux divins sacrements qui sont célébrés auprès de qui que ce soit, reçois-les de la main du cœur, admire et garde ce qu'ils signifient comme des aliments de vie qu'il faut ruminer avec goût dans le ventre de la mémoire, tenant grand compte non pas de ce que l'opinion ou la rumeur répandent, mais de ce que la délégation du pouvoir supérieur, parvenant jusqu'à vous dans les règles, interdit ou ordonne. Car de même que les juges ecclésiastiques ne doivent croire, même si c'est vrai, rien d'autre que ce qui a été proclamé selon l'ordre judiciaire, que ce qui a été prouvé par des témoignages évidents, ainsi tout ce qui est dit ne doit pas être cru de bonne foi, sauf si cela a été prouvé par des lettres authentiques ou publié de vive voix par les messagers. Voici ce qu' en attendant je réponds à ta fraternité au sujet de ton hésitation, sans porter aucun préjudice à l'avis de gens meilleurs. Adieu.

Informations

Document

admin ydc (IRHT), dans  Yves de Chartres

Lettres d'Yves de Chartres, éd. G. Giordanengo (agrégée de l'Université), éd. électronique TELMA (IRHT), Orléans, 2017 [en ligne], acte n. 21077 (yves-de-chartres-140), http://telma.irht.cnrs.fr/chartes/en/yves-de-chartres/notice/21077 (mise à jour : 21/09/2017).