Description
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Yves, évêque de Chartres
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Gilbert, archidiacre de Paris
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après 1090 - avant 1116
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n.c.
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Lettre
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Ivo, Dei Gratia Carnotensis Ecclesiae minister, Girberto, Parisiensi archidiacono(1), salutem.
Cum actum et consensum pari poena condemnet Apostolus(2) et per innocentes testes crimina comprobanda sint(3), non mihi videntur testes sufficere ad convincendam moecham quam, vivente adultero, timore vel amore publicare vel accusare noluerunt. Quorum etiam quidam lenonicia turpitudinis adulterae ministraverunt et ita, sicut ipsi nunc testantur, consentientes procul dubio fuerunt et ideo, sicut scitis, de se confessis non est credendum super crimen alienum(4). Si tamen in aliis honesti sunt et ex eorum accusatione fama crebrescit et foedus rumor infirmorum conscientias percutit, cogenda est mulier ut ad arbitrium praesidentium de objecto crimine probatarum personarum testimonio se expurget. Vel, si id facere non poterit, candentis ferri examinatione innocentiam suam comprobet(5). Si haec causa apud me ita ventilaretur, ita eam vellem tractari, ita rei veritatem investigari, nihil praejudicans sententiae aliorum qui forsitan aliter sentiunt et talia negotia saepius discutiunt. Vale.
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Girbertusapparaît en 1112 dans leCartulaire Notre-Damede Paris, charte 21, t. 1, p. 387, etGilebertusavec l'archidiacreRenaudus, charte 13, t. 2, p. 370, non datée.
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Rom. 1, 32. Cette idée est très courante, par exemple Grégoire le Grand,
Regestrum,passim. Fausses décrétales, éd. Hinschius, p. 463, 483, 508. Yves,Décret3, 140 ; 5, 237, 323 ; 8, 227. Voir aussi les correspondances de Lambert d'Arras, de Geoffroy de Vendôme, d'Urbain II etc.
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Judex criminosum discutiens, non ante sententiam proferat capitalem quam aut reus ipse confiteatur, aut per innocentes testes convincatur,Capitula Angilramni,Fausses décrétales, éd. Hinschius, p. 766. Yves,Panormie4, 111. Autres canons sur les témoinsinnocentes, Yves,Décret5, 245, 267, 274, d'après les papes Zéphyrin, Félix, Étienne. Sur les preuves que doivent fournir les témoins, voir lettres 183, 229.
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Jules,
Décrets, c. 12, 14,Fausses décrétales, éd. Hinschius, p. 469. Yves,Décret5, 288 ;Panormie4, 69, 87. Voir lettre 229.
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Yves a des positions variées devant ce moyen de preuve ; il semble l'admettre lettre 222 ; il en conteste l'emploi lettres 74, 205 ; il est hésitant, voire réticent lettres 252 et 280 et en précise les raisons lettre 252.
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a. Avranches, BM 243, 128v-129
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M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 92rv
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Yves, par la grâce de Dieu ministre de l'Église de Chartres, à Gilbert, archidiacre de Paris, salut.
Comme l'Apôtre condamne à un châtiment égal l'acte et le consentement et comme les crimes doivent être prouvés par des témoins innocents, les témoins ne me semblent pas être suffisants pour convaincre une femme adultère qu'il n'ont pas voulu, tant que son amant était vivant, dénoncer ou accuser, soit par crainte soit par amour. Certains d'entre eux ont même joué le rôle d'entremetteurs pour cette honte qu'est l'adultère et ainsi, comme ils en témoignent eux-mêmes maintenant, ils furent sans nul doute consentants et, vous le savez, il ne faut pas croire sur le crime d'autrui quelqu'un qui s'en accuse lui-même. Si toutefois ils sont honnêtes pour le reste et que le bruit s'enfle à partir de leur accusation et qu'une rumeur choquante frappe les consciences des faibles, il faut contraindre la femme, selon l'arbitrage de ceux qui président, à se disculper, par le témoignage de personnes honorables, du crime qui lui est reproché. Ou bien, si cela ne peut se faire, qu'elle prouve son innocence par l'examen du fer rouge. Si cette affaire était soulevée devant moi, je voudrais qu'elle soit traitée ainsi, que la vérité du fait soit recherchée ainsi, ne préjugeant en rien de la sentence des autres qui peut-être pensent autrement et débattent plus souvent sur de tels sujets. Adieu.