Description
-
Yves, évêque de Chartres
-
Raoul 2, archevêque de Tours
-
après 1090 - avant 1116
-
n.c.
-
Lettre
-
Radulfo, Dei gratia Turonum(a) archiepiscopo(1), Ivo, humilis Carnotensis Ecclesiae minister, salutem et servitium.
Audivi et gavisus sum quod vicini episcopi Cenomanensis et Andegavensis(2) pacem reformare studeant inter metropolitanam sedem vestram et fratres Majoris Monasterii et ad hoc unum solum restare, quod abbas id quod profitetur ore non vult data dextera confirmare(3). Sed haec dissentio quantum fuerit illi monasterio sumptuosa, vobis autem laboriosa, melius me novit prudentia vestra. Unde consulendum excellentiae vestrae ut paci et unanimitati studeatis, quatenus et monasterium debitam vobis subjectionem exhibeat et aetatis vestrae gravitas reliquos dies vitae suae(4) in pace et quiete perficiat. Si enim debitam subjectionem abbas ore professus fuerit, cum(b) ad obtinendam salutem sufficiat professio oris cum fide cordis, credo quia, cum hoc in audientia Ecclesiae testificatus fuerit, promissionem suam irritam non faciet, quod in infamiam eum truderet et damnationi obnoxium faceret. Uti enim se habet simplicitas hominum, plus horret hoc abbas facere quia est insolitum quam quia sit illicitum. Et cum dicat Apostolus(5) : « Corde creditur ad justitiam, ore autem confessio fit ad salutem », quod sufficit ad salutem sufficere mihi posse videtur ad promittendam subjectionem. Plura scripsissem, sed sapienti satis dictum est. Vale.
-
Turonorum AM
-
cum etiam AM.
-
Raoul II, voir lettres 65-66.
-
Hildebert du Mans (voir lettre 74) et Renaud d'Angers (1102-1124).
-
Voir lettre précédente.
-
Raoul ne mourra qu'en 1118, après Yves !
-
Rom. 10, 10, voir lettre précédente.
-
a. Avranches, BM 243, 121rv
-
M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 84v
-
À Raoul, par la grâce de Dieu archevêque de Tours, Yves, humble ministre de l'Église de Chartres, salut et service.
J'ai appris et je me suis réjouis de ce que vos voisins les évêques du Mans et d'Angers s'appliquent à faire la paix entre votre siège métropolitain et les frères de Marmoutier, et qu'il reste seulement cet unique point, que l'abbé ne veut pas confirmer en donnant sa main droite ce qu'il reconnaît verbalement. Mais combien ce désaccord a été coûteux pour son monastère, et combien pénible pour vous, votre prudence le sait mieux que moi. Aussi devons-nous conseiller à votre excellence de veiller à la paix et à la concorde, pour que le monastère montre la soumission qui vous est due et que, vu le poids de votre âge, vous passiez dans la paix et la quiétude les jours de vie qui vous restent. Car si l'abbé professe verbalement la soumission qui est due, puisque la profession de la bouche avec la foi du cœur suffit pour obtenir le salut, je crois que, quand il aura fait cette déclaration devant la juridiction de l'Église, il ne violera pas sa promesse, ce qui le ferait tomber dans l'infamie et l'exposerait à la damnation. Car la simplicité des hommes se comporte de telle façon que l'abbé redoute de faire ce geste davantage parce que c'est insolite que parce que c'est illicite. Et puisque l'Apôtre dit : « On croit avec le cœur pour obtenir la justices et pour obtenir le salut la confession se fait avec la bouche », ce qui suffit pour le salut me semble pouvoir suffire pour promettre la soumission. J'en aurais écrit davantage, mais ce qui a été dit suffit à un sage. Adieu.