Description
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Yves, évêque de Chartres
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Étienne-Henri, comte de Blois
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après 1098 - avant 1100
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[entre 1098 et 1100]
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Lettre
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Ivo, humilis Carnotensis Ecclesiae minister, Stephano palatino comiti(1), dilectionem et pacem in Christo(2).
Clericos minis territos et contumeliis affectos(3) ad vos mittere non valeo. Mitto itaque chartam non timentem, neque erubescentem, justitiam exigentem et justitiam promittentem. Moneo itaque excellentiam vestram, nunc tertio(4), ut homines vestros qui in pacem offenderunt ad justitiam pacis(5) quam ipse dictastis et promisistis venire faciatis ; et cum hoc correctum fuerit, si quid in vos deliquimus, emendare parati sumus. Nec enim aliud aliquid aliquando de hoc negotio vobis mandavi, quidquid dixerint vobis legati vestri. Quidquid autem vel plus, vel minus hactenus in auribus vestris dictum sit, vel aliter, nunc expostulo justitiam et offero justitiam, secundum rationem rerum gestarum et ordinem admonitionum, prout concorditer illi judicabunt qui justa judicia se facturos de pace juraverunt ; et hoc futura die martis. Quod si refutaveritis, scimus quia potentia vestra et principatus vester pace ecclesiastica non eget. Nos vero erimus contenti terminis nostris(6) ; et pacem istam, quae Ecclesiae est valde onerosa et sumptuosa(a), quam contra vos tenere non possumus, dimittemus. In aliis autem sicut magno et potenti viro serviemus. Valete.
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infructuosa al.
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Revenu en 1098, Étienne-Henri repart en Terre Sainte en 1100. Voir lettre 49. Sur les relations complexes entre Yves et les comtes de Blois, voir K. A. LoPrete, « Adela of Blois and Ivo of Chartres », article cité lettre 5.
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D'après II Cor. 13, 11,
Deus pacis et dilectionis.
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Matth. 22, 6,
contumeliis affectos.
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Terme limite fixé pour l'admonition avant l'excommunication, ex. Yves,
Décret, 3, 196 ; 10, 17.
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Sur la paix de Dieu, voir lettre 44.
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Variante de l'expression fréquente dans la correspondances, inspirée de Prov. 22, 28,
ne transgrediaris terminos antiquos quos posuerunt patres tui.
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a. Avranches, BM 243, 54v
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M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 36
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T. Troyes, BM 1924, 95
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Au. Auxerre, BM 69, 41rv
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Yves, humble ministre de l'Église de Chartres, à Étienne, comte palatin, affection et paix dans le Christ.
Je ne puis envoyer auprès de vous mes clercs qui sont effrayés par les menaces et affectés par les outrages. C'est pourquoi j'envoie un écrit, qui n'a pas peur, qui n'a pas honte, qui réclame justice et promet justice. C'est pourquoi j'avertis votre excellence, pour la troisième fois maintenant, de faire venir vos hommes qui ont porté atteinte à la paix devant la justice de la paix que vous avez vous-même édictée et promise ; et quand ceci aura été réglé, si nous avons commis quelque faute à votre égard, nous sommes prêt à la réparer. En effet je ne vous ai jamais demandé rien d'autre dans cette affaire, quoi que vos envoyés vous aient dit. Or quoi que ce soit, ou en plus, ou en moins, ou autrement, qui vous ait été rapporté aux oreilles jusqu'ici, je réclame maintenant justice et propose justice, selon le déroulement des faits passés et selon l'ordre des avertissements, d'après ce que jugeront d'un commun accord ceux qui ont juré d'accomplir les justes dispositions concernant la paix ; et ceci pour mardi prochain. Et si vous refusez, nous savons que votre pouvoir et votre primauté se passent de la paix ecclésiastique. Quant à nous, nous nous contenterons de nos limites ; et cette paix, qui est tout à fait pesante et onéreuse pour l'Église et que nous ne pouvons observer contre vous, nous y renoncerons. Mais pour le reste nous vous servirons comme un grand et puissant seigneur. Adieu.