Description
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Yves, évêque de Chartres
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Renaud de Martigné, évêque d’Angers
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après 1090 - avant 1116
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n.c.
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Lettre
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Reginaldo(1)(a), Dei gratia Andegavensi(b) episcopo, Ivo, eadem gratia Carnotensis Ecclesiae minister, sic gregem sibi regere creditum ut non tristis neque gemens cogatur aeterno Judici pro eo rationem reddere.
Cum nobis sacerdotibus ad hoc dominici ovilis cura commissa sit(2), ut oves nobis commissas per pascua vitae ducere studeamus, non oportet ut ovem errantem ita ab unitate gregis irrevocabiliter separemus quatenus eam devorandam luporum faucibus exponamus. Exigit enim cura nobis commissa ut potius ovem errantem per devia sequamur et cum scarificatione et cruentatione laterum, si necesse sit, per dumeta et spineta nos coarctemus, ut eam ovili suo restituere valeamus(3). Quae verba dilectioni vestrae praelibavimus quia pro quadam parrochiana vestra, nomine Mathilde, rogare sollicitudinem vestram ab domno Gaufrido(4) dilecto nobis, cujus consanguinea est, rogati sumus, quatenus errores et lapsus ejus ita misericorditer et discrete attendatis ut, postposita omni simultate, deleto omni rancore, consilium vitae quaerentem non abjiciatis, sed exemplo summi Pastoris, qui peccatricem lacrymantem suscepit(5), vulnera ejus sanare et ad viam salutis et honestatis eam reducere studeatis. Cum enim vita Domini Jesu disciplina morum fuerit super terram(6), tunc recte per vias vitae incedimus, cum ea vitamus quae eum vitasse cognoscimus, vel ea facimus(c) quae eum fecisse didicimus. Plura diceremus, sed prudentiam vestram multiloquii fastidio onerare formidamus.
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Rainaldo M
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Andegavensium M
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imitamur M.
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Renaud de Martigné, fils de
Brientus de Martigniaco, famille sans doute alliée aux Montreuil-Bellay, O. Guillot,Le comte d'Anjou…, t. 1, p. 260-262. Élu au plus tôt le 2 août 1101, ordonné le 12 janvier 1102, il resta évêque d'Angers jusqu'en 1124 et devint archevêque de Reims, où il mourut le 13 janvier 1139. Son élection mouvementée et contestée –| il était trop jeune, n'avait pas le grade canonique requis, était accusé de simonie sans doute à cause de ses richesses et de l'appui de nombreux laïcs – a suscité une ample littérature : Geoffroy de Vendôme, éd. citée, l. 14, 17, 19, 20, 21, 28 et 142. Marbode de Rennes, l. 1. Hildebert de Lavardin, l. II, 4, 5. B. Hauréau, « Une élection d'évêque au XIIe s., Rainaud de Martigné, évêque d'Angers »,Revue des deux mondes, t. 88, 1870, p. 548-562. J.-M. Bienvenu, « Caractères originaux de la Réforme grégorienne »,Bulletin philologique et historique, 1971, t. 2, p. 545-560.p. 551-555). P. Demouy,Genèse d'une cathédrale, p. 621-623 etpassim.
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Toute la métaphore qui suit est inspirée de Joh. 10. Voir aussi lettres 3, 53, 71, 97.
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Même argumentation que dans la lettre 4.
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Non identifié. Le comte d'Anjou à cette date est Foulques V, 1109-1129.
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Luc. 7, 37-39.
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Voir lettre 186.
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M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 98
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À Renaud, par la grâce de Dieu évêque d'Angers, Yves, par la même grâce ministre de l'Église de Chartres, diriger le troupeau qui lui est confié de manière à ne pas être contraint d'en rendre raison, triste et gémissant, devant le Juge éternel.
Comme le soin du troupeau du Seigneur nous a été confié à nous, prêtres, afin que nous veillions à conduire les brebis qui nous ont été confiées à travers les pâturages de la vie, il ne faut pas que nous séparions irrévocablement la brebis égarée de l'unité du troupeau pour l'exposer à être dévorée par les gueules des loups. Car la charge qui nous a été confiée exige plutôt que nous suivions la brebis errante dans les chemins écartés et qu'en nous griffant et nous ensanglantant, si nécessaire, nous la pressions à travers les buissons et les épines pour pouvoir la ramener dans son bercail. Nous avons touché ces mots à votre dilection parce que nous avons été requis par le seigneur Geoffroy, qui nous est cher, de requérir votre sollicitude en faveur d'une de vos paroissiennes, nommée Mathilde, qui est sa parente, pour que vous accordiez une attention miséricordieuse et discrète à ses erreurs et à ses fautes de sorte que, toute rivalité écartée, toute rancœur détruite, vous ne rejetiez pas celle qui cherche un conseil de vie, mais qu'à l'exemple du souverain pasteur, qui a accueilli la pécheresse en pleurs, vous vous appliquiez à soigner ses blessures et à la ramener sur la voie du salut et de l'honnêteté. Car puisque la vie du Seigneur Jésus sur terre a été le modèle des mœurs, nous nous avançons en ligne droite par les chemins de la vie quand nous évitons ce que nous savons qu'il a évité ou que nous faisons ce que nous avons appris qu'il a fait. Nous en dirions davantage, mais nous craignons d'accabler votre prudence de la lassitude d'un long discours.