Description
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Yves, évêque de Chartres
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Turgis, évêque d’Avranches
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après 1090 - avant 1116
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n.c.
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Lettre
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Turgedo(a), Dei gratia Abrincensium(b) episcopo(1), Ivo, eadem gratia humilis Carnotensis Ecclesiae minister, Paracleti consolatione refoveri.
Quoniam cum patitur unum membrum debent compati omnia membra(2), auditis tribulationum vestrarum angustiis, compassus sum et condolui. Certum tamen vobis consilium dare non audeo, quod sine offensione alicujus potestatis vos sequi posse non video. Cogit enim vos ex una parte legatio apostolicae sedis ut praeceptis ejus obediatis ; urget vos ex altera parte(c) regia potestas ut resistatis(3). Cum ergo(d) sibi invicem adversentur praecepta apostolica et regalia, sanum consilium nemo vobis dare potest aliud quam quod Susanna dictante Spiritu sancto sibi dedit(4) : « Melius est mihi incidere in manus hominum quam derelinquere(e) legem Dei mei », videlicet ut aut apostolicae sedi in legatis suis plenarie obediatis, aut principaliter ad sedem apostolicam vicarios vestros mittatis qui ibi pro vobis satisfacient et gratiam sedis apostolicae vobis restituant. Alioquin anathematis vinculum rumpere potestis, solvere autem(f) non potestis. In his omnibus ambiguitatibus det vobis Dominus spiritum consilii et fortitudinis(5) ut et sana sapiatis et eadem fortiter impleatis. Valete.
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Turgiso A
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Abrincatensium A
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om. éd.
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igitur éd.
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delinquere M
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om. éd.
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Turgis, évêque d'Avranches (Manche) de 1094 au 7 janvier 1133.
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Métaphore paulinienne des membres, I Cor. 12.
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Même dilemme lettres 137, 171. Sur les problèmes des évêques de Normandie, voir lettre 273.
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D'après Dan. 13, 23. Citation inexacte qui s'inspire aussi de I Chron. 21, 13 et de I Mc. 1, 55.
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Is. 11, 2.
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a. Avranches, BM 243, 136rv
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M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 97v-98
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À Turgis, par la grâce de Dieu évêque des Avranchins, Yves, par la même grâce humble ministre de l'Église de Chartres, se réchauffer dans la consolation du Paraclet.
Puisque quand un membre souffre tous les membres doivent compatir, quand j'ai appris les angoisses de vos tribulations, j'y ai compati et je me suis affligé avec vous. Je n'ose cependant pas vous donner de conseil, parce que je ne vois pas que vous puissiez en suivre un sans offenser quelque pouvoir. Car d'une part la légation du siège apostolique vous force à obéir à ses préceptes ; d'autre part le pouvoir royal vous presse de leur résister. Donc comme les préceptes apostoliques et royaux s'opposent l'un l'autre, personne ne peut vous donner de sain conseil autre que celui que Suzanne a donné sous l'inspiration de l'Esprit saint : « Il vaut mieux pour moi tomber dans les mains des hommes qu'abandonner la loi de mon Dieu », c'est-à-dire qu'il faut ou que vous obéissiez pleinement au siège apostolique en ses légats ou que vous envoyiez spécialement vos vicaires au siège apostolique pour qu'ils y fassent satisfaction à votre place et vous rendent la grâce du siège apostolique. Autrement vous pouvez rompre le lien de l'anathème, vous ne pouvez pas le délier. Dans toutes ces ambiguïtés que Dieu vous donne l'esprit de conseil et de force pour que vous sachiez ce qui est sain et que vous l'accomplissiez courageusement. Adieu.