Description
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Yves, évêque de Chartres
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Louis 6, roi de France
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après 1115/07 - avant 1115/09
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[été 1115]
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Lettre
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Ludovico(1), Dei gratia dulcissimo et serenissimo Francorum regi, temporali domino suo, Ivo, eadem gratia Carnotensis Ecclesiae minister, in eo vivere et regnare per quem reges regnant(2).
Suggestum est excellentiae vestrae quod clerici Carnotensis Ecclesiae jus praepositorum(3) suorum minuant et quod longo usu possederunt eis auferant. Unde suadeo serenitati vestrae ne credatis omni spiritui(4), maxime sua quaerenti et non quae sunt Jesu Christi(5). Non enim minuitur aliquid de jure praepositorum vel aufertur, sed apostolica auctoritate interdicuntur eis illicitae angariae et pauperum vexationes, quas non tantum clericis, sed nec laicis licet exercere vel exigere. Quod cum ex relatione clericorum, more ecclesiastico, perventum sit ad aures apostolicas, ne illicitae angariae amplius in pauperes ecclesiasticos fiant, papa sub anathematis vinculo prohibuit et quod prohibuit scripto firmavit(6). Non potest igitur decretum apostolicum inconsulto apostolico vel a me, vel ab aliqua persona, sine periculo ordinis sui destrui, mutari vel minui. Unde, flexis genibus cordis, supplico excellentiae vestrae ut super admonitione vestra congruas mihi et Ecclesiae detis inducias, donec transacto fervore canicularium dierum(7) possint legati Carnotensis Ecclesiae ad sedem apostolicam mitti et, permittente sede apostolica, conservata justitia et remota pauperum oppressione, sine periculo Ecclesiae vestra voluntas adimpleri. Interim autem rogo et moneo regiam majestatem vestram ut cum Ecclesia pacem habeatis nec de peccato alieno peccatum vestrum cumuletis. Decet enim regiam majestatem regiam viam(8) tenere nec(a) cupidorum ambitionibus aures aut linguam inclinare. Sciatis enim quia de jure praepositorum nihil volo minui, ubi eis justitia et quieta possessio legitime poterit suffragari. Valeat et vivat per longa tempora virtus et gloria vestra.
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ne M.
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Lettre éditée et datée par J. Dufour,
Recueil des actes de Louis VI, t. 2, p. 460-461. Il y a dans l'adresse, par rapport à la lettre précédente, le rajout detemporelet depar la même grâce, nuance qui est sans doute signe de mécontentement de la part d'Yves.
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Prov. 8, 15.
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Voir lettre 271.
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I Joh. 4, 1.
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D'après I Cor. 13, 5.
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La lettre du pape du 28 octobre 1114,
Cartulaire de Notre-Dame de Chartres, t. 1, p. 121, n° XXXIV, confirme une charte d'Yves de même teneur,ibid., n° ;XXXIII, p. 119. La lettre de Pascal II est éditée aussi dansPL163, lettre 396, col. 357-358, avec une date erronée (5 des nones de novembre, qui n'existe pas), qu'il faut rectifier en 5 des calendes. Pour des détails supplémentaires sur cette affaire, voir lettre 271, où Yves remercie le pape.
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Ce qui permet de dater la lettre de l'été qui suit le décret du pape.
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Via regia, Num. 21, 22.
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a. Avranches, BM 243, 134v
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M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 96v
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À Louis, par la grâce de Dieu très aimé et sérénissime roi des Francs, son seigneur temporel, Yves, par la même grâce ministre de l'Église de Chartres, vivre et régner en celui par qui règnent les rois.
Il a été rapporté à votre excellence que les clercs de l'Église de Chartres réduisent le droit de leurs prévôts et leur ôtent ce qu'ils ont possédé par un long usage. C'est pourquoi je persuade votre sérénité de ne pas croire tout esprit, surtout celui qui recherche son intérêt et non ce qui est de Jésus-Christ. Car il n'est pas réduit ou ôté quoi que ce soit du droit des prévôts, mais leur sont interdites par l'autorité apostolique les exactions illicites et les persécutions contre les pauvres, qu'il n'est pas permis non seulement aux clercs, mais non plus aux laïcs, d'exercer ou d'exiger. Comme ceci est parvenu aux oreilles apostoliques par la relation des clercs, selon la coutume ecclésiastique, le pape a interdit sous le lien de l'anathème que des exactions illicites continuent à s'exercer contre les pauvres ecclésiastiques et a confirmé par écrit ce qu'il a interdit. Le décret apostolique ne peut donc sans consultation apostolique être aboli, changé ou adouci ni par moi ni par une autre personne sans danger pour son ordre. Aussi supplié-je votre excellence, les genoux du cœur fléchis, de donner à moi-même et à l'Église des délais adaptés concernant votre sommation, jusqu'à ce que, une fois passée la chaleur des jours d'été, des délégués de l'Église de Chartres puissent être envoyés auprès du siège apostolique et qu'avec la permission du siège apostolique votre volonté puisse être accomplie sans danger pour l'Église, tout en conservant la justice et en écartant l'oppression des pauvres. D'ici là je demande et conseille à votre majesté royale d'avoir la paix avec l'Église et de ne pas ajouter votre péché au péché d'autrui. Car il convient à la majesté royale de garder la voie royale et de ne pas pencher les oreilles ou la langue vers les ambitions des cupides. Sachez en effet que je veux que rien ne soit réduit du droit des prévôts là où la justice et une possession paisible pourront leur être légitimement favorables. Que votre vertu et votre gloire soient puissantes et vivantes pendant longtemps.