Description
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Yves, évêque de Chartres
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Philippe de Pons, évêque de Troyes
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après 1090 - avant 1116
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n.c.
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Lettre
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Philippo, Dei gratia Trecensi episcopo(1), Ivo, eadem gratia Carnotensis Ecclesiae minister, salutem et servitium.
Gratias referimus liberalitati vestrae quod, memor beneficentiae vestrae, dissensionem quae inter domnum Odonem, ecclesiae sancti Georgii priorem(2), et quosdam fratres sibi commissos orta fuerat per beati Quintini Ecclesiam regulariter sedare voluistis et eosdem dissentientes ad praedictam Ecclesiam transmisistis. Sic enim a paternitate vestra et Ecclesia vobis commissa institutum est ut ecclesia Sancti Georgii a vobis ecclesiastica et temporalia beneficia cum debita humilitate recognoscat, ab Ecclesia autem beati Quintini regularia instituta suscipiat. Factum est itaque ut imperastis. Venerunt quidam ex dissentientibus fratribus adversus praelatum suum disceptaturi et sententiam debitam pro meritis accepturi. Nos autem scientes quia « concordia parvae res crescunt, discordia autem maximae res dilabuntur(3) », paci et unanimitati studuimus. Et quia sine eorum culpa tanta discordia fieri non potuit, persuasimus illis ut a praelato suo pro commissis veniam peterent et indulgentiam postularent. Quo facto, facta est pax inter domnum Odonem et praesentes fratres et condicta(a) inter praesentes et absentes ita ut qui cum eo remanere vellet remaneret cum subjectione debita. Qui autem remanere nollet, fraterna charitate servata, transiret ad Ecclesiam beati Quintini, vel ad aliquam ecclesiam eidem adjacentem, cum assensu domni Odonis et dispensatione domni Radulfi abbatis(4). Reformata itaque pace, noluimus pati ut alius in labores domni Odonis intraret, qui ibi diu cum multo labore et sudore congregavit quae potuit et pro scientia sua fideliter dispensavit. Si autem zelus domus Dei(5) in nimiam zelotypiam eum excitavit, monuimus eum(b) ut temperet zelum suum, et, secundum Apostolum(6), fiat « infirmis infirmus et omnibus omnia(c) » ut multos lucrifaciat. Remisimus itaque eum sub tuitionem vestram et Ecclesiae vestrae, ut vobis humiliter et obedienter serviat et a vobis in necessitatibus ecclesiasticis paternum auxilium fiducialiter petat. Quod postulo a paternitate vestra, postulo a filiis vestris, Rainaldo(d) praeposito et archidiaconis vestris, Petro, Drogone, Joscelino, Simone, Odone camerario(7), ut pauperem Ecclesiam verbo consolentur, auxilio tueantur. Valete.
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condita M
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etiam éd. Ju
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fiat AM
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Rainardo A.
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Philippe de Pont, évêque de Troyes, 1083-1121. Voir lettre 79.
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Sans doute est-ce Eudes dont l'élection comme abbé de Saint-Quentin avait été annulée, à cause de l'opposition d'Yves, voir lettre 151. O. Guyotjeannin,
Episcopus et comes, p. 76, n. 44. D'après Louvet,Histoire de Beauvais, l. IV, c. 15, cité par Souchet,PL162, col. 493, Eudes fut nommé prieur de Saint-Georges de Ganay (diocèse de Troyes, cne Vallant-Saint-Georges, cant. Méry-sur-Seine, arr. Nogent-sur-Seine, Aube), qui avait été donné à Saint-Quentin de Beauvais du temps d'Yves. Ce dernier continue à suivre de très près les intérêts de son ancien monastère.
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Salluste,
De bello Jugurthino, 10, 6, voir lettre 234.
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Abbé de Saint-Quentin, voir lettre 151.
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Ps. 69, 9 ; Joh. 2, 17.
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I Cor. 9, 22, citation à peu près exacte.
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Le prévôt Renaud apparaît dans les chartes 3 et 6 du
Cartulaire de Saint-Pierre de Troyes, éd. Charles Lalore, Paris, 1880, t. 5, p. 4-6, les archidiacres Pierre, Dreux et Joscelin sont témoins dans la charte 3, du 2 avril 1104.
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a. Avranches, BM 243, 131v-132
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M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 94v
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À Philippe, par la grâce de Dieu évêque de Troyes, Yves, par cette même grâce ministre de l'Église de Chartres, salut et service.
Nous rendons grâce à votre libéralité parce que, vous souvenant de votre bienveillance, vous avez bien voulu apaiser dans les règles, par l'intermédiaire de l'Église du bienheureux Quentin, la dissension qui s'était élevée entre le seigneur Eudes, prieur de l'église Saint-Georges, et certains des frères qui lui étaient confiés et que vous avez renvoyé à ladite Église les plaignants en question. Car il avait été décidé par votre paternité et par l'Église qui vous est confiée que l'Église de Saint-Georges reconnaisse de vous, avec l'humilité qui est due, les bénéfices ecclésiastiques et temporels, mais reçoive de l'Église du bienheureux Quentin les décisions concernant la règle. C'est pourquoi il a été fait comme vous l'aviez ordonné. Certains parmi les frères dissidents sont venus pour plaider contre leur prélat et obtenir la sentence due selon ce qu'ils méritaient. Mais nous, sachant que « de petites choses grandiront par la concorde, mais que de plus grandes s'écrouleront par la discorde », nous nous sommes appliqué à rétablir la paix et l'unanimité. Et parce qu'une si grande discorde n'a pas pu exister sans une faute de leur part, nous les avons persuadés de demander pardon à leur prélat pour les fautes commises et de réclamer son indulgence. Ceci fait, la paix se fit entre le seigneur Eudes et les frères présents et elle fut établie entre les présents et les absents de sorte que celui qui voulait rester avec lui reste avec la soumission qui est due. Mais celui qui ne voulait pas rester irait, en conservant la charité fraternelle, dans l'église du bienheureux Quentin ou dans une autre église qui en soit proche, avec l'assentiment du seigneur Eudes et une dispense du seigneur abbé Raoul. C'est pourquoi, une fois la paix rétablie, nous n'avons pas voulu supporter que quelqu'un d'autre intervienne dans les affaires du seigneur Eudes qui, installé là depuis longtemps, a rassemblé ce qu'il a pu avec grand labeur et sueurs et en a disposé fidèlement selon sa compétence. Mais si le zèle de la maison de Dieu l'a poussé à un excès d'émulation, nous lui avons conseillé de tempérer son zèle et de devenir, selon l'Apôtre, « faible avec les faibles et tout à tous » pour en sauver beaucoup. C'est pourquoi nous l'avons renvoyé sous votre protection et celle de votre Église, afin qu'il vous serve dans l'humilité et l'obéissance et vous demande en toute confiance une aide paternelle dans les besoins de son église. Ce que je réclame de votre paternité, je le réclame de vos fils, le prévôt Renaud et vos archidiacres Pierre, Dreux, Joscelin, Simon, Eudes le chambrier, pour qu'ils consolent de leur parole cette pauvre Église et la protègent de leur aide. Adieu.