Description
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Yves, évêque de Chartres
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Geoffroy, évêque de Beauvais
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après 1090 - avant 1116
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n.c.
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Lettre
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Gaufrido, Dei gratia Belvacensium episcopo(1),Ivo eadem gratia Carnotensis Ecclesiae minister(a), salutem.
De eo qui ante plurimos annos bona sua monasterio Sancti Symphoriani(2) devovit et circa obitum suum se et sua, nullo calumniante, contradidit, hoc respondeo dilectioni vestrae quod legibus et moribus et rationi concordat, videlicet quia, si adversus monachum praetaxatum quamdiu in monasterio vixit nulla actio mota fuit, quod monasterio contulit ab eo jure alienari non poterit, si tamen huic calumniatori conversio praedicti(b) monachi nota fuit. Sicut enim de criminationibus sic de pactionibus lex et ratio docet, ut qui jam tantum judicio subjacet divino judicio ulterius non pulsetur humano(3). Praeterea etiam, si vera sunt quae calumniator ille proponit, ut haeres fuerit a praedicto monacho designatus, continetur tamen in Institutionum(c) libro de haeredibus(4) quia prius testamentum posteriore dissolvitur ; et in legibus Theodosianis(5) : « Si aliquis unam rem per legitimas scripturas duobus donaverit, uni prius et alteri postea, non quaerendum est in his donationibus qui primus, qui posterior sit, sed qui rem, tradente donatore, possederit ; is eam cui tradita est possidebit. » Si alia quae non audivimus non impediant, sic potest de proposita controversia rationabiliter et legitime judicari. Valete.
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sic AMTAu, Ivo ecclesiae Carnotensis minister Gaufrido Dei gratia Belvacensium episcopo éd.
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Institutionibus MAu, Justificationibus T.
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om. TAu
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Voir lettres 151, 177, 193.
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Au sud de Beauvais, Oise, abbaye fondée en 1035 par l'évêque Dreu, fondation confirmée par le roi Henri I
er, O. Guyotjeannin,Episcopus et comes, p. 29, 31.
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Deuxième concile de Séville, c. 5,
Fausses décrétales, éd. Hinschius, p. 438. Yves,Décret5, 213 et 6, 102. Voir aussi lettres 96, 59.
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Institutes, 2, 17, § 2. Ce texte n'est repris dans aucune des collections d'Yves.
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Bréviaire d'Alaric, d'aprèsCode théodosien,Anianus ad Paul. sent.,lib. 5,tit. 11. Yves,Décret16, 195.
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a. Avranches, BM 243, 110v
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M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 77rv
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T. Troyes, BM 1924, 112
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Au. Auxerre, BM 69, 86v-87
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Yves, ministre de l'Église de Chartres, à Geoffroy, par la grâce de Dieu évêque de Beauvais, salut.
À propos de cet homme qui, il y a plusieurs années, a promis ses biens au monastère de Saint-Symphorien et qui, sa mort approchant, s'est donné lui et ses biens, sans que personne ne s'y oppose, je réponds à votre dilection ce sur quoi s'accordent les lois et les coutumes et la raison, à savoir que, si aucune action n'a été intentée contre ledit moine tant qu'il a vécu dans le monastère, ce qu'il a apporté au monastère ne pourra être aliéné en droit, si du moins la conversion dudit moine a été connue de cet accusateur. Car ce que la loi et la raison enseignent au sujet des crimes, elles l'enseignent aussi au sujet des pactes, de sorte que celui qui ne relève plus que du jugement divin ne peut ultérieurement être frappé par un jugement humain. En outre, même si sont vraies les choses que cet accusateur met en avant, qu'il aurait été désigné comme héritier par ledit moine, il est cependant contenu dans le livre des Institutes sur les héritiers qu'un premier testament est annulé par un postérieur. Et dans les lois théodosiennes : « Si quelqu'un a donné une seule chose à deux personnes par des écrits légitimes, à l'une d'abord, à l'autre ensuite, on ne doit pas chercher dans ces donations qui est le premier qui est le suivant, mais celui qui possède la chose que lui a transmise le donateur ; celui à qui elle a été transmise la possèdera. » Si d'autres faits dont nous n'avons pas entendu parler ne s'y opposent pas, on peut ainsi juger raisonnablement et légitimement à propos de la controverse qui nous a été soumise. Adieu.