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Lisiardo(a), Dei gratia Suessionum episcopo(1), Ivo, humilis Carnotensis Ecclesiae minister, salutem.

De portionibus ecclesiarum ad episcopum pertinentibus(2), quas archidiaconi vestri ante et post electionem vestram sibi usurpaverunt, quaesivit dilectio vestra utrum haberem canonicam sententiam hujusmodi ausibus obviantem et eorum rapacitatem canonico rigore cohibentem. Nova sunt haec genera morborum, et ideo nova exigunt genera medicamentorum(3). Tamen si inspiciamus epistolam Ysidori Leufredo, Cordubensi episcopo, directam, patenter intelligi poterit quia non pertinet ad archidiaconum praeter portionem suam aliquid de reditibus parrochiarum sibi retinere, vel ultra terminos a patribus positos(4) aliquid usurpare. Dicitur enim in praefata epistola(5) : « Archidiaconus inquirit parrochias cum jussione episcopi et ornamenta et res basilicarum vel parrochiarum ; gesta libertatum ecclesiasticarum idem episcopo refert ; collectam pecuniam de communione ipse accipit et episcopo defert. »

Quibus verbis liquet quia ultra portionem suam nihil sibi retinere debet ; quod si aliquid usurpat, decretalem sententiam papae Johannis subeat dicentem(6) : « Qui aliena invadit non exeat impunitus, sed quod invasit non simplum sed quadruplum reddat, secundum evangelicam sententiam(7) : “Si quem defraudavi, reddo quadruplum”. » De angariis vero super presbyteros minime faciendis legitur in concilio Toletano tertio, capitulo XX°(8) : « Neque in angariis presbyteri aut diacones, neque in aliquibus fatigentur indictionibus. » Quae tamen si in absentia vestra facta sunt, vestrae discretionis est aut indulgere, aut canonica severitate vindicare. Lex enim sic de praeterito indulget, ut in posterum prohibeat(9). Pauca scribo quia non ignoranti legem respondeo. Valete.

À Lisiard, par la grâce de Dieu évêque de Soissons, Yves, humble ministre de l'Église de Chartres, salut.

Au sujet des parts des églises rattachées à l'évêché, que vos archidiacres ont usurpées avant et après votre élection, votre dilection m'a demandé si j'avais une sentence canonique qui s'opposerait à des audaces de ce genre et qui retiendrait leur rapacité par la rigueur canonique. Ces espèces de maladies sont nouvelles et réclament donc de nouvelles espèces de remèdes. Cependant si nous étudions la lettre d'Isidore adressée à Leufroi, évêque de Cordoue, on pourra comprendre d'évidence qu'il n'appartient pas à un archidiacre de retenir pour lui quelque chose des revenus des paroisses en plus de sa part ou d'usurper quoi que ce soit en dépassant les bornes imposées par les Pères. Il est dit en effet dans ladite lettre : « L'archidiacre inspecte sur ordre de l'évêque les paroisses, les ornements et les biens des basiliques ou des églises ; il rend aussi compte à l'évêque de l'emploi des libertés ecclésiastiques ; il reçoit lui-même l'argent ramassé auprès de la communauté et le transmet à l'évêque. »

D'après ces mots, il est évident qu'il ne doit rien retenir pour lui en plus de sa part. Et s'il usurpe quelque chose, qu'il soit soumis à la sentence décrétale du pape Jean qui dit : « Que celui qui s'empare des biens d'autrui ne parte pas impuni, mais qu'il rende ce dont il s'est emparé non pas une fois mais quatre fois, selon la sentence évangélique : “Si j'ai trompé quelqu'un, je lui rends au quadruple”. » Quant aux services obligatoires qu'il ne faut pas du tout imposer aux prêtres, on lit dans le troisième concile de Tolède, au canon vingt : « Que les prêtres ou les diacres ne soient pas harcelés par des services obligatoires, ni par aucune imposition extraordinaire. » Si toutefois cela s'est produit en votre absence, il relève de votre discrétion ou d'être indulgent ou de punir selon la sévérité canonique. Car la loi pardonne pour le passé de manière à empêcher pour l'avenir. J'écris peu de choses parce que je réponds à quelqu'un qui n'ignore pas la loi. Adieu.