Description
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Yves, évêque de Chartres
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Hugues de Die, archevêque de Lyon
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après 1090 - avant 1104/12
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[avant décembre 1104](1)
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Lettre
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Hugoni, Dei gratia Lugdunensis Ecclesiae primae sedis episcopo, Ivo, humilis Carnotensis Ecclesiae minister, salutem et servitium.
Quia Deo annuente sategimus cum rege Francorum et filio ejus, rege designato(2), ut jam displiceat eis incestum conjugium quod est inter Constantiam(3), filiam praedicti regis, et comitem Trecassinum(4), fulti auctoritate legum et adjutorio bonorum, cupiunt hujus conjugii maturare divortium. Dum ergo haec voluntas ita fervens est, eorum instinctu moneo et rogo paternitatem vestram ut commonitorias litteras mittatis archiepiscopis et episcopis, ad curiam quae habenda est, in Natale Domini, Suessionis, quatenus a rege ipso audiant computationem genealogiae(5) quam ipse, sicut dicit, paratus est jurejurando approbare et idoneis testibus confirmare. Et quia haec genealogia ab Arvernensibus(6) multoties est vobis computata, obnixe precantur ut eamdem computationem litteris aperte signatis per praesentium portitorem(a) episcopis ad curiam transmittatis et rei veritatem litterarum testimonio manifestiorem faciatis. Nec enim decens est ut tantae nobilitatis sanguis tam publico incestu diutius polluatur et ad similem incestum perpetrandum ferali exemplo carnalium voluntas animetur. Consulo itaque, ut filius et familiaris, ut qui importune instare deberetis nunc opportune(7), quantum in vobis est, malagma vulneri superponere minime differatis. Valete.
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latorem AMT.
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Date de l'assemblée de Soissons, 25 décembre 1104, où le mariage dont il est question dans cette lettre fut rompu pour cause de parenté prohibée. M. Bur, La formation du comté de Champagne, p. 274, p. 430, 486. Suger, Vie de Louis VI le Gros, éd. citée, note p. 48-49.
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Philippe I
eret Louis VI, voir lettre 127.
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Sur Constance, Suger,
Vie de Louis VI le Gros, éd. citée, p. 46-51.
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Hugues, comte de Champagne et de Troyes, M. Bur,
Le comté de Champagne,passim, spécialement p. 259-277. Le mariage avec Constance datait de 1094 ou 1095, on aurait dû avoir eu le temps de s'apercevoir que l'union était prohibée. La dissolution obtenue en 1104, Constance se remaria après le 25 mars 1106 avec Bohémond, prince d'Antioche, arrivé en France au début de l'automne 1105, Suger,Vie de Louis VI,ibid.Sur le remariage d'Hugues, voir lettre 245.
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Ils étaient cousins au quatrième degré canonique (huitième degré romain) : Constance de Provence, épouse de Robert, roi de France, mère d'Henri I
eret grand-mère de Philippe Ier, était l'arrière-grand-mère de Constance ; sa sœur Ermengarde, épouse de Robert Ier, comte d'Auvergne, mère d'Ermengarde, épouse d'Eudes de Blois, grand-mère de Thibaud III, est l'arrière grand-mère du comte de Troyes Hugues Ier. Sur l'inceste, voir Yves,Décret, livre 9.
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Outre les textes du concile de Clermont connus par divers manuscrits, voir R. Somerville,
The councils of Urban II,Decreta Claromontensia, il semble que plusieurs questions aient été abordées, dont il ne reste que des allusions éparses. Voir Geoffroy de Vendôme citant une décision concernant les restitutions de biens inconnue par ailleurs, lettres 181, 182, éd. citée, p. 416-417.
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Importune/opportune, II Tim. 4, 2.
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a. Avranches, BM 243, 87v
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M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 60v
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T. Troyes, BM 1924, 20v-21
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À Hugues, par la grâce de Dieu évêque de l'Église primatiale de Lyon, Yves, humble ministre de l'Église de Chartres, salut et service.
Parce qu'avec la permission de Dieu nous nous sommes efforcé avec le roi des Francs et son fils, le roi désigné, pour que leur déplaise désormais l'union incestueuse qui existe entre Constance, fille dudit roi, et le comte de Troyes, soutenus par l'autorité des lois et l'appui d'hommes bons, ils désirent mener à son terme la dissolution de cette union. Donc tant que cette volonté est ardente, à leur instigation je conseille et demande à votre paternité d'envoyer une lettre d'invitation aux archevêques et évêques pour la cour qui doit se tenir à Soissons, à la Nativité du Seigneur, afin qu'ils entendent du roi en personne le compte des degrés de parenté que lui-même, dit-il, est prêt à approuver par serment et à confirmer par des témoins habilités. Et parce que ces degrés de parenté nous ont été calculés de nombreuses fois par les Auvergnats, ils vous prient avec insistance de transmettre à la cour par le porteur de la présente le même compte aux évêques, avec une lettre scellée clairement et de rendre plus manifeste la vérité de la chose par le témoignage de lettres. Car il ne convient pas qu'un sang d'une telle noblesse soit pollué plus longtemps par un inceste public et que la volonté des hommes de chair soit, à l'exemple des bêtes sauvages, poussée à perpétrer un semblable inceste. C'est pourquoi je vous conseille, en fils et ami, vous qui devriez insister à contre temps, de ne plus du tout maintenant différer de placer à temps un emplâtre sur la blessure, dans la mesure où c'est en votre pouvoir. Adieu.