« yves-de-chartres-126 »


Description

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    Yves, évêque de Chartres

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    Daimbert, archevêque de Sens

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    circa 1103


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    [1103]

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    Lettre

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    Daimberto, Dei gratia Senonensis Ecclesiae archiepiscopo, Ivo, humilis Ecclesiae Carnotensis minister, salutem et obsequium.

    Gratias referimus excellentiae vestrae quod paterna diligentia super nos vigilatis et ne turba major inter Ecclesiam Carnotensem et comitissae clientelam concitetur praecavere nos monetis ; quod et nos studuimus, quamvis multis injuriis lacessiti, multis contumeliis provocati(1). Certum tamen habeat amantissima vestra paternitas quia juramentum quod fecerunt clerici de non recipiendis vulgo natis in concanonicos, vel quibuslibet aliis de extranea familia genitis(2), me inconsulto fecerunt. Sed quia non est meum filios mihi commissos in infamiam detrudere, ne perjurium incurrerent(3), non solum quod fecerant indulsi, sed etiam apud domnum papam pro eis intercessi ut quod fecerant approbaret et decreti sui pagina roboraret, ne cui minori clavi solvere liceret quod sub principali clavi seratum esse(4) cognosceret. Hujus itaque decreti formam sanctitati vestrae transmisi ut, si forte colloquium cum comitissa vos habere contigerit, persuadeatis ei ut hanc injuriam, quae quantum ad eam pertinet nulla est, aequanimiter ferat, aut quod justitia et lex dictaverit accipiat. Alioquin parati sunt clerici magis in aeternum exsilium trudi quam ad perjurium aliquo modo pertrahi. Valete.


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    Voir lettre 121.

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    En droit canonique l'énumération des cas d'impossibilité d'accession aux ordres ou au sacerdoce (Gratien, D. 48) ne comporte ni le vulgo natus ni la extranea familia. Seuls les esclaves sont interdits. Cette décision visait sans doute à exclure du corps des chanoines certains proches de la comtesse (famille étrangère), contrairement à ce qu'assure Yves à la fin de sa lettre, à savoir que la comtesse n'est nullement touchée par cette règle. Voir aussi lettres 133 et 147. A. Chédeville, Chartres et ses campagnes, p. 491. Pascal II annule le serment du chapitre qui se déjuge,Cartulaire de Notre-Dame de Chartres, t. 1, p. 112, charte n° 28, 23 novembre 1103 (lettre 403, sans précision d'année, PL 163, col. 364).

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    Le parjure est condamné par de nombreux canons, Yves, Décret, livre 12. Les parjures sont cités dans la liste des infames, Étienne, ep. 1, c. 2, Fausses décrétales, éd. Hinschius, p. 182. Yves, Décret 5, 291. Dans la lettre 105 Yves se montrait plus pragmatique, disant qu'il valait mieux se parjurer que faire le mal.

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    Même métaphore lettre 117. Aucune lettre conservée de Pascal II ne correspond à cette demande. La seule lettre sur cette affaire condamne cette décision des chanoines, voir note supra et lettre 147.


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    a. Avranches, BM 243, 75v-76


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    M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 51rv


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    T. Troyes, BM 1924, 19


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    Au. Auxerre, BM 69, 49



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    À Daimbert, par la grâce de Dieu archevêque de Sens, Yves, humble ministre de l'Église de Chartres, salut et empressement.

    Nous rendons grâces à votre excellence de ce que vous veillez sur nous avec une attention paternelle et nous conseillez de prendre garde à ce que ne s'élève pas un plus grand trouble entre l'Église de Chartres et les gens de la comtesse ; ce à quoi nous aussi nous sommes appliqué, bien que nous soyons harcelé par de nombreuses injustices, provoqué par de nombreux outrages. Que votre très aimante paternité tienne cependant pour certain que le serment qu'ont fait nos clercs de refuser d'admettre comme collègues chanoines des gens sortis du peuple ou certains autres issus de famille étrangère, ils l'ont fait sans me consulter. Mais comme ce n'est pas mon rôle de précipiter dans l'infamie les fils qui me sont confiés, de peur qu'ils ne tombent dans le parjure, non seulement j'ai pardonné ce qu'ils ont fait mais j'ai même intercédé pour eux auprès du seigneur pape pour qu'il approuve ce qu'ils avaient fait et le confirme par le texte écrit de sa décision, afin qu'il ne soit pas permis d'ouvrir avec une plus petite clé ce qu'on reconnaît avoir été fermé avec une clé plus grande. C'est pourquoi j'ai transmis à votre sainteté la copie de ce décret pour que, si par hasard il vous arrivait d'avoir une entrevue avec la comtesse, vous la persuadiez de supporter d'une âme égale cette injustice, qui est sans effet en ce qui la concerne, ou d'accepter ce que la justice et la loi imposent. Autrement les clercs sont prêts à être poussés à un exil éternel plutôt qu'à être entraînés de quelque manière au parjure. Adieu.

Informations

Document

admin ydc (IRHT), dans  Yves de Chartres

Lettres d'Yves de Chartres, éd. G. Giordanengo (agrégée de l'Université), éd. électronique TELMA (IRHT), Orléans, 2017 [en ligne], acte n. 21063 (yves-de-chartres-126), http://telma.irht.cnrs.fr/chartes/en/yves-de-chartres/notice/21063 (mise à jour : 21/09/2017).