Description
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Yves, évêque de Chartres
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Lisiard de Crépy, prévôt de Soissons
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Hugues, doyen de Soissons
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après 1090 - avant 1116
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n.c.
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Lettre
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Ivo, humilis Carnotensis Ecclesiae minister, Petro pusilli gregis(1) doctori, L[isiardo]. Suessionensis Ecclesiae praeposito(2), H[ugoni] ejusdem Ecclesiae decano(3), et reliquo Ecclesiae clero, salutem in Domino.
Veniens ad nos Petrus, Ecclesiae vestrae archidiaconus, postulavit a parvitate mea ut scriberem fraternitati vestrae flagitanti consilium meum, quid sentirem de sepultura patris sui, cui denegata est defuncto communio ecclesiastica, quam nec judicio ecclesiastico, nec pro aliquo facinore in quo deprehensus fuisset amiserat, sicut idem Petrus dicebat, in vita. Quod si ita est, rata nobis haec sententia videtur, quoniam defunctis communionem interdicere non debemus, quibus(a) vivis non interdiximus, sicut defunctis illis communicare non debemus, quibus vivis non communicavimus(4). Non enim potestas data est Ecclesiae alia ligare vel solvere, nisi quae sunt super terram(5). Unde constat ea divino reservanda judicio quae inter viventes non sunt humano terminata judicio(6). Precor itaque fraternitatem vestram et consilium do ut, quantum salva reverentia episcopi vestri fieri potest, anxietatem confratris vestri relevetis et sepulturam ecclesiasticam, si ita injuste ablata est, ut praedictus frater asserit, reliquiis patris ejus reddi faciatis. Valete.
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quam ATAu.
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Pusillus grex, Luc. 12, 32. Voir aussi lettres 13, 17, 213.
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Lisiard de Crépy, prévôt de l'Église de Soissons de 1085 à 1108, devenu ensuite évêque de cette Église, voir lettre 203.
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Hugues, doyen de Soissons de 1093 à 1106 d'après L. Merlet, de 1093 à 1100 d'après
GCIX, 386.
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Yves donne une réponse en interprétant par sa réciproque la sentence d'excommunication bien connue :
Nos autem quibus viventibus non communicavimus mortuis communicare non possumus, Léon, lettre à Rusticus, évêque de Narbonne, c. 6,Fausses décrétales, éd. Hinschius, p. 617. Yves,Décret14, 60 ;Panormie5, 118 (Gratien, 24, 2, 1). Également Gélaseep. Fausto magistro,Fausses décrétales, p. 637. Yves,Décret14, 61 (Gratien, 24, 2, 2).
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Matth. 16, 19,
Quodcumque ligaveris super terram erit ligatum et in coelo et quodcumque solveris super terram..., le texte sert d'introduction aux parties consacrées à l'excommunication dans leDécret, livre 14, comme dans laPanormie, livre 5, c. 77-114.
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Cette opposition entre jugement divin et jugement humain apparaît dans la lettre 212, dans le
Décret5, 213 ; 6, 102, mais, comme pour l'excommunication, Yves en fait une interprétation par la réciproque :Sed quia ille examini divino relictus est, humano judicio accusari non potest. Voir aussi lettre 59.
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a. Avranches, BM 243, 59
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M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 39v
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T. Troyes, BM 1924, 9v-10 et 97v-98
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Au. Auxerre, BM 69, 44v
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Yves, humble ministre de l'Église de Chartres, à Pierre, maître d'un tout petit troupeau, à Lisiard, prévôt de l'Église de Soissons, à Hugues, doyen de la même Église, et au reste du clergé de l'Église, salut dans le Seigneur.
Pierre, archidiacre de votre Église, s'est rendu auprès de nous pour demander à ma petitesse d'écrire à votre fraternité qui réclame mon conseil pour savoir ce que je pense de la sépulture de son père à qui, défunt, a été refusée la communion ecclésiastique qu'il n'avait perdue, comme le même Pierre le disait, ni par un jugement ecclésiastique ni pour quelque crime pour lequel il aurait été appréhendé pendant sa vie. S'il en est ainsi, cette sentence nous semble valable : nous ne devons pas interdire la communion aux défunts auxquels vivants nous ne l'avons pas interdite, de même que nous ne devons pas communiquer avec ces défunts avec lesquels nous n'avons pas communiqué vivants. En effet le pouvoir de lier et de délier n'a pas été donné à l'Église pour d'autres affaires que celles qui sont sur terre. Aussi est-il évident que doivent être réservées au jugement divin ces causes qui n'ont pas été réglées entre vivants par un jugement humain. C'est pourquoi je prie votre fraternité et lui donne ce conseil : dans la mesure où peut être sauve la révérence due à votre évêque, soulagez l'angoisse de votre confrère et faites en sorte que soit rendue aux restes de son père la sépulture ecclésiastique, si elle lui a été injustement enlevée, comme ledit frère l'affirme. Adieu.