Description
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Yves, évêque de Chartres
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Bernier, abbé de Bonneval
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après 1090 - avant 1116
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n.c.
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Lettre
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Ivo, Dei gratia Carnotensis Ecclesiae minister, Bernerio, Bonaevallensis monasterii abbati(1), et fratribus sibi commissis, misericordiae visceribus(2) abundare.
Monachus praesentium portitor litterarum fugam qua de monasterio vestro elapsus est lacrymabiliter nobis confessus est et ut a fraternitate vestra indulgentiam ei impetrem multa instantia deprecatus est. Precibus itaque miseri hominis misericordia motus, opportune et importune(3) rogo et moneo ut ovem quae aberraverat a grege et anxie reverti desiderat cum digna satisfactione suscipiatis, edocti exemplo et verbo summi Pastoris qui ovem perditam non solum revertentem recepit, sed etiam fugientem et errantem quaesivit et ad ovile reduxit(4). Exemplo itaque illius ex misericordia judicium temperate et misericordiam quam sibi quisque impendi vellet, si ita affectus esset, fraterna charitate impendite. Possem in hanc sententiam plura vobis scribere, sed puto divinam lectionem quotidie frequentantibus ista sufficere. Valete.
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Voir lettre 78. Cette lettre n'est copiée que dans le manuscrit d'Avranches.
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Luc. 1, 78 et Col. 3, 12.
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II Tim. 4, 2.
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Luc. 15, 3-7 ; Joh.
cap. 10 ; I Pet. 2, 25.
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a. Avranches, BM 243, 117v
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Yves, par la grâce de Dieu ministre de l'Église de Chartres, à Bernier, abbé du monastère de Bonneval, et aux frères qui lui sont confiés, abondance de miséricorde en leur cœur.
Le moine porteur de la présente lettre nous a confessé dans les larmes la fuite grâce à laquelle il s'est échappé de votre monastère et m'a supplié avec la plus grande instance d'obtenir pour lui l'indulgence de votre fraternité. C'est pourquoi ému de miséricorde par les prières d'un homme misérable, je vous demande à temps et à contretemps et je vous conseille de recevoir, après une juste satisfaction, la brebis qui s'était égarée du troupeau et qui désire dans l'angoisse y revenir, instruit par l'exemple et la parole du grand Pasteur qui non seulement recueillit la brebis perdue qui revenait, mais même rechercha celle qui s'était enfuie et qui errait et la ramena au bercail. C'est pourquoi, à son exemple, adoucissez votre jugement d'après sa miséricorde et accordez avec une charité fraternelle la miséricorde que chacun voudrait se voir accorder, s'il avait été dans la même situation. Je pourrais vous en écrire plus que cette sentence, mais je pense que cela suffit à des gens qui pratiquent quotidiennement la lecture divine. Adieu.