« yves-de-chartres-159 »


Description

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    Yves, évêque de Chartres

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    Pascal 2, pape

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    après 1106 - avant 1107


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    [1106-1107]

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    Lettre

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    Paschali, summo pontifici, Ivo, humilis Ecclesiae Carnotensis minister, per mare hujus mundi prospere navigare et post superata naufragia navem in tuto collocare.

    Quoniam judicia Romanae Ecclesiae a nemine foris retractari posse, eadem Romana Ecclesia docente(1), didicimus, si qui aliquando se praegravatos ipsius Ecclesiae auctoritate conqueruntur, hoc eis consilium damus ut non descendant in Aegyptum(2) propter auxilium, sed ab ipsa ad ipsam confugiant et inde expetant levamen unde se conqueruntur accepisse gravamen, quia quae aliquando corripit paterna severitate eadem frequenter colligit materna pietate. Quod ideo praelibavimus beatitudini vestrae ut causam Fossatensium monachorum(3) patienter audiatis et, quantum salva apostolica reverentia fieri potest, anxietatem eorum misericorditer relevetis. Conqueruntur enim se in concilio Turonensi(4) fuisse praegravatos quoniam ad suggestionem comitis Andegavensis(5) dicunt fuisse subreptum domno papae Urbano ut monasterium Sancti Mauri, situm in patria Andegavensi(6), quod sub jure Fossatensis monasterii antea per trecentos aut eo amplius annos exstiterat(7), de ejusdem monasterii jure auferret et ordinato ibi abbate liberum esse constitueret. Quod et factum est, Fossatensibus monachis jus suum reclamantibus et multis qui concilio intererant aliter sentientibus, cum viderent privilegium quo nitebantur Fossatenses monachi de manibus eorum ab Andegavensibus fuisse ereptum et in plures partes fuisse conscissum. Adhibitis ergo multorum intercessionibus, supplicant praedicti monachi ut eorum negotium a majestate vestra legitima discussione retractetur et vel misericordia flectente vel justitia dictante terminetur. Valete.


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    Les références canoniques sont en effet très nombreuses : Nicolas ad Michelem imperatorem, Yves, Décret 5, 19 ; Panormie 4, 11. Décrets d'Innocent, Yves, Panormie 4, 5, de Symmaque, Fausses décrétales, éd. Hinschius, p. 672, Yves, Décret 5, 10 ; Panormie 4, 8 etc. (Gratien, 9, 3, 10 à 19).

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    Gen. 26, 2.

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    Saint-Maur-les-Fossés, cne et cant. de Saint-Maur, arr. Sceaux, Val-de-Marne. L'affaire est évoquée par Pierre Diacre, Chronicon Casinense, l. 4, cap. 18, PL 173, col. 844.

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    16-22 mars 1096, O. Pontal, Les conciles, p. 234.

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    Foulques IV, dit le Réchin, 1067/8-1109.

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    Saint-Maur-de-Glanfeuil, cne Le Thoureil, cant. Gennes, arr. Saumur, Maine-et-Loire. Prieuré de Saint-Maur-les-Fossés, Elle devint abbaye au concile de Tours en 1096 par décision d'Urbain II. Vita Urbani, c. 252, PL 151, col. 200. Jaffé n° 5635. Annales de Saint-Serge, Recueil d'annales angevines et vendômoises, L. Halphen éd., Paris, 1906, p. 89 et 93. Cartulaire de Saint-Maur-de-Glanfeuil, P. Marchegay éd., Archives d'Anjou, t. 1, Angers, 1843.

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    Prescription trentenaire, voir lettre 77.


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    a. Avranches, BM 243, 87v-88


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    M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 60v-61


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    T. Troyes, BM 1924, 23rv


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    Au. Auxerre, BM 69, 65v-66



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    À Pascal, souverain pontife, naviguer heureusement à travers la mer de ce monde et mettre son bateau en lieu sûr après avoir triomphé des naufrages.

    Puisque nous avons appris, instruit par cette même Église romaine, que les jugements de l'Église romaine ne peuvent être révoqués par personne d'extérieur à elle, s'il arrive que des gens se plaignent d'avoir été accablés par l'autorité de cette Église, nous leur donnons le conseil de ne par descendre en Égypte pour avoir de l'aide, mais de se mettre à l'abri d'elle-même auprès d'elle-même, et de rechercher un soulagement issu de là où ils se plaignent d'avoir reçu un accablement, parce que ce qu'elle reprend parfois avec une sévérité paternelle elle le comprend souvent avec une piété maternelle. Nous parlons ainsi à votre béatitude pour qu'elle entende patiemment la cause des moines des Fossés et, autant que faire se peut sauve la révérence apostolique, pour qu'elle soulage miséricordieusement leur angoisse. En effet ils se plaignent d'avoir été accablés au concile de Tours, puisque, disent-ils, à la suggestion du comte d'Anjou, il fut arraché au seigneur pape Urbain que le monastère de Saint-Maur, situé dans la patrie d'Anjou, qui était demeuré auparavant sous la juridiction du monastère des Fossés pendant trente années ou plus, se libère de la juridiction de ce même monastère et décide d'être libre en y ordonnant un abbé. Ce qui fut fait, bien que les moines des Fossés réclamassent leur droit et que nombre de ceux qui étaient présents à ce concile eussent un avis différent, puisqu'ils voyaient que le privilège sur lequel s'appuyaient les moines des Fossés avait été arraché de leurs mains par les Angevins et avait été mis en pièces sur plusieurs points. Soutenus donc par les intercessions de beaucoup, les moines susdits supplient que leur affaire soit traitée par votre majesté avec une enquête légitime et soit résolue ou bien par l'adoucissement de la miséricorde ou bien par la prescription de la justice. Adieu.

Informations

Document

admin ydc (IRHT), dans  Yves de Chartres

Lettres d'Yves de Chartres, éd. G. Giordanengo (agrégée de l'Université), éd. électronique TELMA (IRHT), Orléans, 2017 [en ligne], acte n. 21097 (yves-de-chartres-159), http://telma.irht.cnrs.fr/chartes/en/yves-de-chartres/notice/21097 (mise à jour : 21/09/2017).