Général
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Yves, évêque de Chartres
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Notre-Dame du Bourg-Dieu, à Déols
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après 1090 - avant 1099
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[av. 1099]
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Lettre
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Ivo, humilis Carnotensis Ecclesiae minister, monachis Dolensis monasterii(1), unanimes habitare in domo(2).
Venientes ad nos quidam de vestro monasterio diversa sentientes notificaverunt nobis dissensionem quae inter vos orta est de electione fratris vestri Bernerii, quondam Bonaevallensis monachi(3). Quorum relatione audita, valde doluimus procul dubio scientes quia Satanas expetivit vos et timentes ne ista occasione vos invicem mordeatis et comedatis et invicem consumatis(4). Vocato itaque ad nos abbate Bonaevallensis monasterii(5) et convocatis quibusdam de melioribus Ecclesiae nostrae fratribus, diligenter investigavimus utrum praedictus frater vel in clericali ordine, vel in monastico aliqua notabilis apparuisset infamia(6). Bonum igitur ejus(a) testimonium in omni aetate et ordine comperimus. Hoc solum abbas et monachi objecerunt quod sine licentia fratrum a monasterio discesserit(7). Sed hujus discessionis causam et per nos scientes et per alios subtilius inquirentes, cognovimus quia eo tempore quo discessit magna in eo monasterio perturbatio fuit quam etiam abbas ejusdem loci ferre non valens ad Majus Monasterium, in quo ad conversionem(b) venerat, necessitate compulsus rediit(8). Causam autem propter quam abbas discessit, propter reverentiam monastici ordinis melius est silere quam revelare. Quapropter illa discessio, quae illi fratri et multis aliis pie sentientibus visa est in melius mutatio(9), nullum nobis videtur ei facere praejudicium, si vota omnium vestrum vel meliorum in eo conveniant et mores monastico regimini non congruentes impediant(10), maxime cum summus pontifex, cujus est de omni persona et de omni Ecclesia judicare(11), eum ab hoc vinculo absolverit, missas etiam ab eo audierit et in omnibus sacramentis ecclesiasticis coram religiosis personis saepe communicaverit(12).
Quapropter, si alia quae canonicis institutis contraria sint in eo reperta non fuerint, rogamus et monemus ut in eo charitatem confirmetis et ad pacis compagem festinanter redire studeatis. Habemus enim prae manibus religiosorum exempla virorum qui, relictis probabili causa monasteriis suis, ad Cluniacense monasterium vel ad alia monasteria secesserunt, vel etiam ad dignitates ecclesiasticas vel monasteriorum curas sine omni repulsione(c) ascenderunt(13). Ex quibus duo de monasterio Crucis(14), litterati et religiosi, Guimundus et Robertus, alter ad episcopatum Aversensem(15), alter ad gubernationem monasterii Sancti Laurentii Aversensis(16), auctoritate apostolica assumpti sunt. Arnulfus, Belvacensis monasterii Sancti Simphoriani monachus, vir prudens et religiosus, simili de causa relicto monasterio, nunc Cantuariense monasterium regit(17). Sic et multi alii. Valete.
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igitur ejus] ergo ei éd. Ju
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conversationem T
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repulsa AMT.
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Notre-Dame du Bourg-Dieu, Déols, cant. Châteauroux-Est, arr. Châteauroux, Indre, abbaye fondée en 917 par Eble de Déols, dépendante de Cluny, D. Cottineau, t. 1, p. 956.
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D'après Ps. 83, 5.
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Bernier, moine de Saint-Florentin de Bonneval, diocèse de Chartres, arr. Châteaudun, Eure-et-Loir, abbaye fondée en 842.
DHGE9, 1061-1069 ; D. Cottineau, t. 1, p. 428-429. Si cette élection comme abbé de Déols se réalisa, il resta peu de temps abbé ; dans les années 1104-1105 il devint abbé de Bonneval et le resta jusqu'à sa mort vers 1130. Plusieurs lettres de Geoffroy de Vendôme lui sont adressées, lettres 48, 103, etc. Yves lui adresse aussi les lettres 147, 226, 269. Mais des dissensions s'élevèrent entre eux (voir lettres 216-217), comme le prouve la médiation de Robert d'Arbrissel et Bernard de Tiron racontée dans laVita altera, J. Dalarun,L'impossible sainteté, p. 153, 270, 323.Les deux vies de Robert d'Arbrissel,Supplementum historiae vitae Roberti, § 13, p. 212-215. Les abbés de Déols se sont succédé très rapidement dans ces années : Adalbert, 1087-1092, puis archevêque de Bordeaux, mort en 1097 ; Giraud, 1097, mort en 1099 ; Richard (ou Hugues II, d'aprèsGC, t. 2, col. 150-151), mort en 1102 ; Jean au contraire demeura abbé de 1103 à 1138. On ignore à quel abbé Bernier devait succéder. Il y a une vacance entre les années 1092 et 1097 d'après les dates fournies par laGallia.
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D'après Gal. 5, 15.
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Gautier I
er, abbé de 1079 à sa démission en 1099, auquel succéda Robert, élu vers 1100,GCVIII, 1239.DHGE, 9, 1061-1069
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L'utilisation de ces expressions canoniques,
diligenter investigare,infamia notare, qui apparaissent dès leCode théodosien, livre 16, veut montrer que tout a été fait dans les règles.
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La stabilité monastique est une exigence qui revient sans cesse dans la correspondance de cette époque, voir Geoffroy de Vendôme, Marbode etc.
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Gautier se retira à Marmoutier et Yves, lettre 4, demanda à l'abbé Bernard de le laisser revenir à Bonneval.
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Le changement pour une vie
districtiorest admis, concile de Tribur, c. 28. Yves,Décret7, 42.
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Yves énumère les règles canoniques fondamentales pour l'élection d'un abbé, voir
Décret, livre 7.
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Expression canonique, lettre de Gélase I
erà Faustus,de tota ecclesia judicare, Yves,Décret5, 9.
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Sans doute pendant le séjour d'Urbain II en France 1095-1096.
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Yves défend ici des déplacements de moines, fort peu appréciés des abbés, comme le montrent par exemple les démêlés de Geoffroy de Vendôme avec Hildebert de Lavardin à propos du moine maçon Jean, éd. citée, lettres 32, 92-3, 145-6.
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La-Croix-Saint-Leufroy, au diocèse d'Évreux, cant. Gaillon-Campagne, arr. Les Andelys, Eure. V. Gazeau,
Princes normands et abbés bénédictins,passim.
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Guimond, bénédictin normand, ancien moine de La-Croix-Saint-Leufroy, ancien élève de Lanfranc du Bec, devint évêque d'Aversa au nord de Naples (Caserte), puis cardinal ; il mourut vers 1095. Il participa à la controverse eucharistique contre Béranger de Tours. V. Gazeau,
op. cit., p. 243, 253, P. Riché, « La vie scolaire et la pédagogie au Bec aux temps de Lanfranc et de saint Anselme »,Les mutations socio-culturellesau tournant des XIe-XIIesiècles, R. Foreville dir., Paris, 1984, p. 218. Ses œuvres,De corpore et sanguine Domini,oratio ad Guillelmum conquestoremsont éditées dansPL149, col. 1427-1512. Voir aussiDTC, 6, 1989-1992.
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Robert, abbé de Saint-Laurent d'Aversa, abbaye fondée en 900, D. Cottineau, t. 1, p. 226. En 1092, l'abbé est Garin, à qui Urbain II concède l'anneau et la mitre, lettre 75,
PL151, col. 346.
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Arnoul ou Ernulf, moine de Saint-Lucien de Beauvais, abbaye bénédictine fondée vers 1035 par l'évêque Drogon, puis prieur de Christ Church, prieuré cathédral de Cantorbéry, ami de Lanfranc, d'Anselme de Cantorbéry (voir lettres 38, 64, 74). Il devint en 1107 abbé de Peterborough et en 1114 évêque de Rochester. Constructeur, canoniste, il a laissé quelques œuvres éditées dans
PL163, col. 1457-1474. VoirDHGE, 11, 805-806 et 15, 812-814.
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a. Avranches, BM 243, 51rv
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M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 33v
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T. Troyes, BM 1924, 10v-11
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Yves, humble ministre de l'Église de Chartres, aux moines du monastère de Déols, habiter tous ensemble dans la maison.
Des moines de votre monastère, qui sont venus vers nous porteurs d'avis différents, nous ont informé de la dissension qui s'est élevée entre vous à propos de l'élection de votre frère Bernier, autrefois moine de Bonneval. Après avoir entendu leur relation, nous avons été tout à fait affligé en apprenant sans le moindre doute que Satan vous a poursuivis et en craignant qu'en cette funeste occasion vous ne vous mordiez et dévoriez entre vous et que vous ne vous détruisiez mutuellement. C'est pourquoi, après avoir fait venir auprès de nous l'abbé du monastère de Bonneval et convoqué certains frères parmi les meilleurs de notre Église, nous avons cherché à savoir avec zèle si ledit frère se serait montré coupable d'infamie, soit dans l'ordre clérical, soit dans l'ordre monastique. Et c'est donc un bon témoignage en sa faveur, à tout âge et en tout ordre, que nous avons trouvé. L'abbé et les moines ont seulement objecté qu'il était parti de son monastère sans la permission des frères. Mais connaissant par nous-même la cause de ce départ et nous en informant plus exactement auprès d'autres personnes, nous savons qu'à l'époque où il est parti il y avait dans ce monastère un grand trouble que même l'abbé de ce lieu ne put supporter : poussé par la nécessité, il retourna à Marmoutier où il avait pris l'état monastique. Quant à la raison du départ de l'abbé, pour le respect dû à l'ordre monastique il vaut mieux le taire que le révéler. C'est pourquoi ce départ, qui a semblé à ce frère et à beaucoup d'autres animés de pieuses pensées un changement pour une vie meilleure, ne nous semble lui occasionner aucun préjudice, si les vœux de tous les vôtres ou des meilleurs convergent sur lui et si des mœurs compatibles avec le gouvernement monastique ne font pas obstacle, surtout quand le souverain pontife, dont c'est le rôle de juger de toute personne et de toute Église, l'a libéré de ce lien, a même entendu des messes de lui, a souvent participé avec lui à tous les sacrements de l'Église devant des personnes religieuses.
C'est pourquoi si on ne trouve pas en lui d'autres choses qui soient contraires aux dispositions canoniques, nous vous demandons et conseillons de confirmer votre charité à son égard et de vous appliquer à le ramener rapidement à une union dans la paix. Car nous avons sous la main les exemples d'hommes pieux qui, ayant abandonné leurs monastères pour une raison louable, se sont retirés soit au monastère de Cluny soit dans d'autres monastères ou même se sont élevés vers les dignités ecclésiastiques ou la direction de monastères sans rencontrer aucune opposition. Parmi eux, deux moines du monastère de La Croix, cultivés et pieux, Guimond et Robert, se sont élevés l'un à l'évêché d'Aversa, l'autre au gouvernement du monastère Saint-Laurent d'Aversa grâce à l'autorité apostolique. Arnoul, moine du monastère Saint-Symphorien de Beauvais, homme sage et pieux, qui a abandonné son monastère pour la même raison, dirige maintenant le monastère de Cantorbéry. Et beaucoup d'autres ont agi ainsi. Adieu.