« yves-de-chartres-227 »


Description

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    Yves, évêque de Chartres

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    Pascal 2, pape

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    circa 1111


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    [1111]

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    Lettre

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    Paschali, summo(a) pontifici, Ivo, humilis Carnotensis Ecclesiae minister, in eo semper gaudere qui delectabiles facere potest exitus matutini et vesperae(1).

    Quoniam paternitatem vestram a civibus Babyloniae(2) audivimus plus quam mille passus angariatam(3), intimo dolore congemuimus et, quia ad aliud non suffecimus, conditorem bonorum et dispositorem malorum quantum(b) intensa prece valuimus interpellavimus, ut tantae procellae fluctus in auram serenitatis converteret, qui Petrum in fluctibus ambulantem ne mergeretur erexit(4) et coapostolum ejus Paulum tertio naufragantem de profundo pelagi liberavit(5). Non ergo dedignetur vestra sublimitas humilitatem nostram consolationis suae facere participem ut quae praecordialiter compassa est in adversis uberius gaudere valeat in prosperis(6). Non enim immemores sumus apostolicae doctrinae monentis(7) : « Cum patitur unum membrum, compatiuntur omnia membra ; et cum gaudet unum membrum, congaudent omnia membra ». Quanto magis dolenti capiti debent omnia membra condolere, aut gaudenti omnia congaudere !

    De caetero, si per quamcumque personam pervenerit ad aures vestras aliqua conquestio vel suggestio de quadam praebenda quam daturum me disposueram cuidam presbytero(8), nomine Guarino, nosse volo paternitatem vestram quia sicut disposui, sic quantum in me est, perficere paratus sum et paratus(c) fui, ea videlicet conditione ut Ecclesia scandalum hac de causa non patiatur ; quae, sicut nostis, pacis et fraternae dilectionis magis compagae socianda est quam alicujus scissurae dissensione saucianda(9). In hoc vero negotio tota pene Ecclesia cum decano(10) in faciem mihi restitit(11) et presbyterum petitorem praebendae, secundum morem Ecclesiae, canonicari non permittit. Hac itaque de causa distuli facere quod proposueram, quia nec aliter aliquid illi presbytero, quidquid ipse dicat, me daturum promisi, nisi cum pace Ecclesiae posset fieri. Haec ergo paternitas vestra indubitanter credat et ne Ecclesia inde perturbetur sapientia sibi divinitus collata provideat. Valete.


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    Dei gratia summo A 

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    quam AM 

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    operatus M.


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    Ps. 64, 9. Voir lettre 6.

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    Allusion à la querelle qui opposa Henri V et Pascal II à propos de l'investiture de l'empereur. Voir Geoffroy de Vendôme, éd. citée, lettre 126, p. 251 et note. Sur ce problème d'investiture, voir Yves, lettres 214, 233, 236.

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    D'après Matth. 5, 41.

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    Matth. 14, 28-32.

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    II Cor. 11, 25.

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    Sur ce topos, voir lettre 187.

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    I Cor. 12, 26.

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    Sans doute l'affaire exposée dans la lettre 219.

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    Noter le jeu de mot socianda/saucianda.

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    Ernaud, toujours opposé à Yves, voir lettre 182.

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    In faciem restiti, Gal. 2, 11.


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    a. Avranches, BM 243, 118


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    M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 82rv



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    À Pascal, souverain pontife, Yves, humble ministre de l'Église de Chartres, se réjouir toujours en celui qui peut rendre délectables les portes du matin et du soir.

    Puisque nous avons appris que votre paternité avait souffert des citoyens de Babylone plus de mille tourments, nous avons compati avec une profonde douleur et, comme nous ne pouvions rien faire d'autre, nous avons fait appel au créateur des biens et dispensateur des maux autant que nous l'avons pu dans une prière fervente, pour qu'il transforme les flots d'une si grande tempête en brise sereine, lui qui a soutenu Pierre marchant sur les flots pour qu'il ne sombre pas et qui a sauvé des profondeurs de la mer son co-apôtre Paul qui faisait naufrage pour la troisième fois. Que votre hauteur ne dédaigne donc pas de faire participer notre humilité à sa consolation pour qu'elle, qui a compati de tout cœur dans l'adversité, puisse se réjouir plus abondamment dans le bonheur. Car nous ne sommes pas oublieux de la doctrine apostolique qui enseigne : « Quand un membre souffre, tous les membres compatissent ; et quand un membre se réjouit, tous les membres se réjouissent. » Combien plus tous les membres doivent-ils s'affliger pour leur tête qui souffre ou tous se réjouir pour leur tête qui se réjouit !

    Par ailleurs, si par une personne quelconque parvient à vos oreilles quelque plainte ou insinuation sur une certaine prébende que je m'étais disposé à donner à un certain prêtre du nom de Garin, je veux que votre paternité sache que je suis et ai été prêt à l'accomplir comme j'en ai disposé, autant qu'il est en moi, à cette condition toutefois que l'Église ne supporte pas de scandale à cause de cette affaire ; elle qui, comme vous le savez, doit être liée par l'union de la paix et de la dilection fraternelles plutôt que lésée par le désaccord de quelque déchirement. Mais en cette affaire presque toute l'Église avec le doyen m'a résisté en face et n'a pas permis que le prêtre qui réclamait la prébende soit reçu chanoine, selon la coutume ecclésiastique. C'est pourquoi j'ai repoussé ce que je m'étais proposé de faire sur ce point, parce que je n'ai pas promis, quoi qu'il en dise, que je donnerais autre chose à ce prêtre que ce qui peut se faire avec la paix de l'Église. Que votre paternité croie donc ceci sans le moindre doute et que la sagesse qui lui a été fournie par la volonté de Dieu veille à ce que l'Église ne soit pas troublée pour cette raison. Adieu.

Informations

Document

admin ydc (IRHT), dans  Yves de Chartres

Lettres d'Yves de Chartres, éd. G. Giordanengo (agrégée de l'Université), éd. électronique TELMA (IRHT), Orléans, 2017 [en ligne], acte n. 21165 (yves-de-chartres-227), http://telma.irht.cnrs.fr/chartes/en/yves-de-chartres/notice/21165 (mise à jour : 21/09/2017).