« yves-de-chartres-195 »


Description

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    Yves, évêque de Chartres

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    Geoffroy, abbé de La Trinité de Vendôme

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    après 1107 - avant 1110


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    [1107-1110]

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    Lettre

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    Ivo, Dei gratia Carnotensis Ecclesiae minister, Gaufrido, Vindocinensis monasterii abbati, non alta sapere, sed humilibus consentire(1).

    Accepi litteras tuas pungentes et palpantes(2), in quibusdam mellis dulcedinem redolentes, in quibusdam fellis amaritudinem respergentes(3), objicientes mihi quod te et tibi commissa praedonibus et malefactoribus exposuerim et multa tibi mala factis et dictis ingesserim. Hoc prorsus dico, teste veritate, quae Deus est, et conscientia mea, quia nec te nec tua cuiquam exposui, neque ut res monasterii tibi commissi male tractarentur cum aliquo tractavi. Verum quia frequenter ex te bibo amara, non est tibi mirandum si non possum tibi propinare dulcia, nec exhibere me patrem, qui te non invenio filium. Non est ergo injustum si tibi subtraho lac matris, qui mihi debitum honorem non exhibes patris. Noveris enim vanas esse excusationes quas obtendis, te propter obedientiam Romanae Ecclesiae Carnotensis Ecclesiae professionem refutasse(4), cum Ecclesia Romana a Deo nullam injustam acceperit potestatem, fidem videlicet violandi, debita sua cuique non reddendi, sed tantum quae sunt liganda ligandi, et quae sunt solvenda solvendi(5). Unde ad omnia objecta tua vel promissa breviter respondeo, postpositis omnibus verbis supervacuis : Fac quod tuum est et ego faciam quod meum est. Quod quamdiu facere distuleris, si distulero facere ea quae tua sunt ne(a) mireris(6). Vale.


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    non éd.


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    Rom. 12, 16.

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    Lettre 97, éd. G. Giordanengo, p. 182-183 (II, 10 éd. Sirmond) :Licet injurias et vexationes, quibus monasterium nostrum et nos non mediocriter oppressistis et opprimi fecistis, in auribus populorum frequentissime resonent., caritatis tamen quam Deus praecipit funibus alligati, amare cogimur etiam non amantem. Vos autem, qui graviores molestias irrogastis, maxime diligere ac vobis diligenter servire volumus, si amaritudinis pocula quae nobis saepius propinastis melle dilectionis temperare placuerit.. Genus vero dilectionis quo et nos diligere et a nobis serviri vultis et diligi litteris vestris significate, quia pacem et dilectionem vestram vehementer optamus. Et si senserimus quod nos in veritate diligatis, nullum vestrum recusamus servitium in quo domini papae indignationem non mereamur nec ordinis nostri incurramus periculum.

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    Ces expressions, empruntées à Is. 5, 20, reprennent les termes de la lettre de Geoffroy. La lettre 98 de Geoffroy répond à cette lettre d'Yves. C'est un des rares exemples où trois lettres se répondent.

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    Yves n'a pas pardonné à Geoffroy les démarches de ce dernier auprès du siège romain pour faire annuler la profession qu'il avait faite à Yves au moment de son élection, alors que, La Trinité étant une abbaye exempte, il dépendait directement du Saint Siège, pas plus que les reproches que l'abbé lui avait faits en traitant de simoniaque la profession qu'il avait exigée, abusant de sa nimia simplicitate, lettres 81, 95, 98, 190, 194, éd. citée.

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    Matth. 16, 19. La lettre 98 de Geoffroy reprend la plupart des expressions de cette phrase dans sa discussion.

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    La lettre 97 de Geoffroy ouvrait plutôt la porte à une réconciliation, mais cette réponse d'Yves, très sèche, a suscité chez l'abbé une nouvelle justification de sa conduite (lettre 98) et lui a fait réaffirmer qu'il n'avait de compte à rendre à personne d'autre qu'au pape.


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    a. Avranches, BM 243, 105v-106


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    M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 73rv


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    T. Troyes, BM 1924, 110v-111


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    Au. Auxerre, BM 69, 82



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    Yves, par la grâce de Dieu ministre de l'Église de Chartres, à Geoffroy, abbé du monastère de Vendôme, ne pas juger avec hauteur, mais approuver ce qui est humble.

    J'ai reçu ta lettre blessante et caressante, exhalant à certains endroits la douceur du miel et à d'autres débordant de l'amertume du fiel, qui me reproche de vous avoir livrés, toi et les biens qui te sont confiés, aux pillards et aux malfaiteurs et de t'avoir infligé beaucoup de maux en faits et en dits. Je réponds à cela, sauve la vérité, qui est Dieu, et ma conscience, que je n'ai livré à qui que ce soit ni toi ni tes biens et que je n'ai traité avec personne pour que soient mal traités les biens du monastère qui t'a été confié. Mais parce que je bois fréquemment de l'amertume venant de toi, il ne faut pas t'étonner si je ne peux pas t'abreuver de douceurs et si je ne peux pas me montrer un père, moi qui ne trouve pas en toi un fils. Il n'est donc pas injuste que je t'enlève le lait de la mère, à toi qui ne me témoignes pas l'honneur de père qui m'est dû. Sache donc que sont vaines les excuses que tu allègues, que tu as repoussé la profession à l'Église de Chartres par obéissance à l'Église romaine, alors que l'Église romaine n'a reçu de Dieu aucun pouvoir injuste, à savoir celui de violer la foi, de ne pas rendre à chacun son dû, mais a reçu seulement le pouvoir de lier ce qui doit être lié et de délier ce qui doit être délié. Aussi répondé-je brièvement à tous tes reproches ou à tes promesses, reléguant tous les termes superflus : Fais ce qui dépend de toi et moi je ferai ce qui dépend de moi. Aussi longtemps que tu tarderas à le faire, ne t'étonne pas si je tarde à faire ce qui te concerne. Adieu.

Informations

Document

admin ydc (IRHT), dans  Yves de Chartres

Lettres d'Yves de Chartres, éd. G. Giordanengo (agrégée de l'Université), éd. électronique TELMA (IRHT), Orléans, 2017 [en ligne], acte n. 21133 (yves-de-chartres-195), http://telma.irht.cnrs.fr/chartes/en/yves-de-chartres/notice/21133 (mise à jour : 21/09/2017).