« yves-de-chartres-172 »


Description

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    Yves, évêque de Chartres

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    n.c.

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    après 1090 - avant 1116


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    n.c.

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    Lettre

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    Ivo(1), Dei gratia Carnotensis Ecclesiae minister, omnibus Ecclesiae filiis tam praesentibus quam futuris(2).

    Quod ad multorum notitiam pervenire congruum duximus, litterarum monimentis mandare(a) provida deliberatione decrevimus. Noverit ergo praesens aetas omniumque secutura posteritas quod Mauricius(3), Blesensis coenobii(b) Sancti Launomari abbas, intra terminos cujusdam parrochiae suae quae dicitur Ulcha, capellam quamdam nostra auctoritate munitus coepit(c) aedificare(4), ad quam quidam parrochiani, qui remoti erant a matrice(d) ecclesia, suis temporibus debitas oblationes reddituri possent convenire. Quod audiens Vindocinensis abbas(5), misso petitorio ad hoc canonice improbandum, adversus monachos Blesenses diem sibi dari postulavit et ex condicto utriusque partis accepit qui cum die statuto ad causam venissent ; dixit abbas Vindocinensis se oblationes parrochianorum qui morantur in municipio, quod appellatur Mons Fauni(6), per viginti fere annos tenuisse nec alicui justitiam denegasse et idcirco monachos Blesenses injuste eas accepisse. Unde etiam dicebat prius se esse revestiendum antequam transiret ad actionem aliarum causarum(7). A quo cum quaereretur utrum habuisset eas ex concessione Carnotensis episcopi, an ex jure parrochiali, an ex largitione alicujus legitimi possessoris, nihil objicere potuit, nisi pertinaciam retentionis. Ad quod responderunt Blesenses monachi se ab illis parrochianis omnia parrochialia accepisse et illam partem oblationum quam sibi Vindocinenses monachi usurpaverant violentia Lancelini Balgiacensis(8)(e) occupasse, nec tamen eas ipsis viginti annis, in quibus confidebant, absque synodali reclamatione tenuisse ; immo ipsos monachos Vindocinenses qui praedictum Montem Fauni occupabant, inde judicio Carnotensis Ecclesiae eliminatos, latibulum cujusdam silvae petiisse.

    Quod cum multorum testimonio confirmaretur et ab abbate Vindocinensi nullatenus infringeretur, judicatum est abbatem non esse investiendum, cum nihil dematur usibus ecclesiasticis si quisque quod suum est recipiat(9). Quod judicium cum displicuisset abbati Vindocinensi, non confidentia justitiae, sed causa afferendae morae, sedem appellavit apostolicam(10), quam tamen appellationem pro reverentia domni papae patienter sustinuimus, quamvis, secundum cautionem legum, nec libellum ad eum qui de appellatione cogniturus erat a nobis postulasset, nec tempus nec modum nec ordinem exsequendae appellationis observasset(11). Unde eum a causa cecidisse intelligentes, capellam quam Blesensibus aedificare concessimus de caetero confirmamus et omnes oblationes capellarum adjacentium parrochiae quae dicitur Ulcha illibatas tenere sancimus.


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    tradere T 

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    monasterii V 

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    coeperit AV 

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    matre V 

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    Lancelmi Belgiacensis V, Lancelini Balgenciacensis éd.


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    Cette lettre ne devait pas se trouver dans le manuscrit disparu de Chartres puisqu'elle n'a pas été traduite par L. Merlet. Elle est éditée par Ch. Métais dans le Cartulaire de La Trinité de Vendôme, t. 2, ch. 384, vers 1100. La charte 385 sur la même affaire est publiée d'après la note de Souchet, PL 162, col. 478, instrumentum quod in Vindocinensis coenobii cartophylacio asservatur. Il n'y a pas trace de cette affaire dans la correspondance de Geoffroy de Vendôme.

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    Cette adresse ainsi que les premières lignes de la lettre donnent au texte un caractère officiel et solennel.

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    Voir lettre 164.

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    Chapelle Saint-Jean à Oucques, cant. Marchenoir, Loir-et-Cher. Fondée par Saint-Lomer de Blois, revendiquée par La Trinité de Vendôme, rendue à Saint-Lomer.

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    Yves n'appelle à aucun moment l'abbé Geoffroy par son nom, ressentiment personnel ou préoccupation de juriste désireux de donner à la lettre une portée intemporelle ?

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    Tous les manuscrits consultés portent Mons Fauni. Dans le Cartulaire on trouve Mons Follulus et Ch. Métais identifie Mons Faunus à Montfollet (aujourd'hui Saint-Mandé), cne Viévy-le-Rayer, cant. Marchenoir, Loir-et-Cher. L'église Saint-Pierre ou Saint-Nicolas a été donnée par Raoul de Beaugency en 1085 aux religieux de Vendôme, à charge de la reconstruire en pierre. D. Barthélemy, Le comté de Vendôme p. 185, 405, 600. Montfollet appraraît dans leCartulaire de La Trinité, chartes 252, 324, 407, 472.

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    Cette exigence de remise en possession des biens avant jugement est en effet une des obsessions de Geoffroy, éd. citée, lettres 32, 50, 106, 114, 181, 182, étayée de nombreuses références canoniques (Yves, Décret 5, 246-256).

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    Beaugency, cant., arr. Orléans, Loiret. Lancelin II de Beaugency avait fait don à La Trinité de Vendôme en 1079 de l'église du Saint-Sépulcre à Beaugency, Cartulaire de La Trinité, ch. 279 et 301. Son fils Raoul apparaît dans les chartes à partir de 1092. D. Barthélemy,Le comté de Vendôme, passim.

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    Recipiat unusquisque quod proprium est, Léon, ep. Nicetae Aquileiensi episcopo, c. 2. Yves, Décret 8, 244 ; Panormie 6, 87.

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    Geoffroy de Vendôme abuse de l'appel au Saint-Siège, parce que La Trinité est une abbaye exempte, ce qu'Yves supporte difficilement. L'appel est condamnable lorsqu'il n'est que prétexte à retarder le jugement, quicumque non confidentia justae causae sed causa afferendae morae, Lex Rom. Wisigoth. Paul rec. Sent. V, 37. Yves, Décret 5, 283 ; Panormie 4, 129 (Gratien, 2, 6, 25). Sur les délais, voir Yves lettres 166, 219.

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    Sur les modalités de l'appel, dont certaines règles remontent au droit romain (Digeste, 49, 6, 1 ; Code théodosien, 35, 2), Yves, Décret 5, 281-285 ; Panormie 4, 126-129 (Gratien, 2, 6, 31, De libellis dimissoriis). Voir Yves lettres 77, 220.


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    a. Avranches, BM 243, 92v-93


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    M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 64v-65


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    V. Vatican, Reg. Lat. 147, 20rv


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    T. Troyes, BM 1924, 25rv



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    Yves, par la grâce de Dieu ministre de l'Église de Chartres, à tous les fils de l'Église aussi bien présents qu'à venir.

    Ce que nous avons jugé bon de divulguer à la connaissance d'un grand nombre, nous avons décidé après une réflexion prudente de le confier à la garantie d'une lettre. Donc que l'âge présent et que la postérité de tous à l'avenir sachent que Maurice, abbé du monastère Saint-Lomer de Blois, dans les limites d'une sienne paroisse qui est appelée Oucques, a, fort de notre autorité, entrepris d'édifier une chapelle, dans laquelle certains paroissiens qui étaient éloignés de la mère-église pouvaient se réunir, prêts à rendre en leur temps les offrandes dues. En l'apprenant, l'abbé de Vendôme, après avoir envoyé une requête pour récuser ceci canoniquement, a réclamé que lui soit proposé un jour pour attaquer les moines de Blois et, comme il était convenu pour chaque partie, a pris des gens pour venir à ce procès au jour fixé ; l'abbé de Vendôme a dit qu'il avait tenu pendant presque vingt ans les offrandes des paroissiens qui demeurent dans le municipe qui se nomme Montfaune et qu'il n'avait refusé la justice à personne et que pour cette raison les moines de Blois les avaient reçues injustement. Il disait donc également qu'il devait être d'abord remis en possession, avant que l'on passe à l'examen des autres causes. Comme il lui était demandé s'il avait eu ces droits par la concession de l'évêque de Chartres, ou par le droit d'un paroissien, ou par la largesse d'un quelconque possesseur légitime, il ne put rien objecter, sauf l'entêtement du maintien de sa position. À quoi les moines de Blois répondirent qu'ils avaient reçu de leurs paroissiens tous les droits paroissiaux et qu'ils avaient possédé cette part des offrandes que les moines de Vendôme avaient usurpée grâce à la violence de Lancelin de Beaugency ; et que cependant ils n'avaient pas tenu ces offrandes sans qu'il y ait protestation en synode pendant ces mêmes vingt ans dans lesquels ils mettaient leur confiance ; bien plus, que les moines de Vendôme eux-mêmes, qui occupaient ledit Montfaune, chassés de là par le jugement de l'Église de Chartres, avaient réclamé la retraite d'une forêt.

    Comme ceci était confirmé par le témoignage d'un grand nombre et n'était nullement réfuté par l'abbé de Vendôme, il fut jugé que l'abbé ne devait pas être remis en possession, puisque rien n'est retranché des coutumes ecclésiastiques si chacun reçoit ce qui est sien. Comme ce jugement avait déplu à l'abbé de Vendôme, il fit appel devant le siège apostolique, non par confiance en la justice mais pour entraîner un délai ; appel que nous avons toutefois supporté patiemment par révérence envers le seigneur pape, bien qu'il ne nous ait pas demandé, comme le garantissent les lois, le libelle adressé à celui qui allait se prononcer sur l'appel et qu'il n'ait observé ni le temps, ni la forme, ni l'ordre pour effectuer l'appel. C'est pourquoi, considérant qu'il a perdu son procès, nous confirmons pour l'avenir la chapelle que nous avons permis aux Blésois d'édifier et nous décrétons qu'ils tiennent intégralement toutes les offrandes des chapelles attachées à la paroisse appelée Oucques.

Informations

Document

admin ydc (IRHT), dans  Yves de Chartres

Lettres d'Yves de Chartres, éd. G. Giordanengo (agrégée de l'Université), éd. électronique TELMA (IRHT), Orléans, 2017 [en ligne], acte n. 21110 (yves-de-chartres-172), http://telma.irht.cnrs.fr/chartes/en/yves-de-chartres/notice/21110 (mise à jour : 21/09/2017).