« yves-de-chartres-165 »


Description

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    Yves, évêque de Chartres

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    Samson, évêque de Worcester

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    après 1090 - avant 1116


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    n.c.

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    Lettre

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    Sansoni, Dei gratia Wigornensis(a) Ecclesiae episcopo(1), Ivo, humilis Ecclesiae Carnotensis minister, bene valere et in extremis maris habitare(2).

    Quamvis ad praesens lateres oculos meos, non tamen latebas animam meam, quia bonum odorem(3) tui nominis de transmarinis partibus olefaciebam et olefactum(b) intime diligebam. Ad ultimum nuntiavit oculus, sensit manus quod per auditum prius senserat cordis odoratus(4). Et ita, sensibus intus bene nuntiantibus, expertus sum tuam in me non tepuisse charitatem, quamvis mutuam ad plenum non habuissemus inter nos collocutionem. Praevenit itaque liberalitas tua(5) tarditatem meam, mittendo calceamenta evangelica quo munere(6) tuam erga me dilectionem(c) demonstrasti et ad injunctum mihi officium diligentius exsequendum monuisti. Quod ergo ipse monuisti, remigantes per hoc mare spatiosum et undosum porrigamus nobis invicem mutuas orationum manus, quatenus et prospere navigemus et in optato salutis portu(7) naves nostro regimini commissas collocare valeamus. Hoc tuae dilectioni pro parvitate nostra promittimus, hoc e converso a tua devotione(d) requirimus ; nec ulla diligentium corda disjungat localis remotio, quos fraternae dilectionis conglutinat affectio. Plura scriberem, sed verbis nisi necessariis nolo aures onerare prudentis. Vale.


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    Wingornensis AMAu 

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    olfactum éd

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    devotionem TAu 

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    dilectione AT.


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    Samson, évêque de Worcester 15 juin 1097-5 mai 1112, fils de Samson, seigneur de Douvres, frère de Thomas, archevêque d'York, et de Richard, évêque de Bayeux. Il fut d'abord chapelain de Guillaume le Roux, Orderic Vital, l. 6, 4 ; l. 8, 1, éd. A. Le Prévost, t. 3, p. 14 et 266. Guillaume de Malmesbury, De gestis pontificum Anglorum, l. 4 Consacré par Anselme de Cantorbéry, Matthieu de Paris, Historia Anglorum, circa annum 1097 (Juret, col. 374) Sont conservées une lettre à Anselme et sa réponse, livre IV, l. 96-97, PL 159, col. 157-159, ainsi qu'une lettre commune avec d'autres évêques d'Angleterre et la réponse, livre III, l. 121-122, PL 159, col. 249, lettre également citée par Eadmer, Historia novorum temporum, traduction H. Rochais, L'œuvre d'Anselme de Cantorbéry, t. 9, p. 198. Sur Samson, ibid. p. 99, 165, 231. La lettre 207 d'Yves lui est aussi adressée et ses termes en sont très proches.

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    Ps. 138,9.

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    II Cor. 2, 15.

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    Métaphore plutôt baroque, sans doute inspirée de I Cor. 12, 14-17.

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    Qualité épiscopale, sine liberalitate inane portatur nomen episcopi, Gratien, D. 86, 6 et sq. avec nombreuses références patristiques.

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    Il est question d'un cadeau similaire de Samson lettre 207. Les cadeaux sont fréquents entre ecclésiastiques, voir lettre 93. Autres exemples dans Lambert d'Arras, Registre, éd. citée, lettres E. 76, 77, 97.

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    Portus salutis, Sacramentarium Gelasii, 2, 56.


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    a. Avranches, BM 243, 89v-90


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    M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 62rv


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    T. Troyes, BM 1924, 101v-102


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    Au. Auxerre, BM 69, 68rv



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    À Samson, par la grâce de Dieu évêque de Worcester, Yves, humble ministre de l'Église de Chartres, se bien porter et habiter aux extrémités de la mer.

    Bien que tu fusses pour l'instant caché à mes yeux, tu n'étais cependant pas caché à mon âme, parce que je sentais la bonne odeur de ton nom venant des régions d'outremer et que je chérissais intimement cette senteur. Enfin mon œil a annoncé, ma main a senti ce que l'odorat de mon cœur avait d'abord senti par ouï-dire. Et ainsi, comme tous les sens me l'annonçaient bien intérieurement, j'ai éprouvé que ta charité envers moi ne s'était pas attiédie, bien que nous n'ayons pas eu pleinement entre nous de conversation mutuelle. C'est pourquoi ta libéralité a prévenu ma lenteur en envoyant des chaussures évangéliques, cadeau par lequel tu as manifesté ton affection à mon égard et tu m'as rappelé d'exécuter avec plus de diligence l'office qui m'a été imposé. Comme donc tu me l'as toi-même rappelé, en voguant sur cette mer immense et houleuse tendons-nous l'un à l'autre les mains des prières mutuelles, à la fois pour naviguer heureusement et pour pouvoir mettre à l'abri dans le port du salut souhaité les navires qui ont été confiés à notre commandement. C'est ce que nous promettons à ta dilection selon notre petitesse, c'est ce que nous demandons en échange à ton dévouement ; et qu'aucun éloignement dans l'espace ne sépare les cœurs de ceux qui s'aiment, eux que cimente le sentiment d'une affection fraternelle. J'en écrirais davantage, mais je ne veux pas charger les oreilles d'un hommme prudent de paroles qui ne soient nécessaires. Adieu.

Informations

Document

admin ydc (IRHT), dans  Yves de Chartres

Lettres d'Yves de Chartres, éd. G. Giordanengo (agrégée de l'Université), éd. électronique TELMA (IRHT), Orléans, 2017 [en ligne], acte n. 21103 (yves-de-chartres-165), http://telma.irht.cnrs.fr/chartes/en/yves-de-chartres/notice/21103 (mise à jour : 21/09/2017).