Description
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Yves, évêque de Chartres
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Jean 2, évêque d’Orléans
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circa 1103
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[1103]
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Lettre
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Johanni, Dei gratia Aurelianensi episcopo(1), Ivo, humilis Ecclesiae Carnotensis minister, salutem.
Quod nostris tribulationibus compatiatur vestra fraternitas quantas sufficimus vobis gratias referimus. De pace autem quam inter nos et domnum Ludovicum reformare velletis(2), hoc vobis respondemus quia, quantum testatur nobis conscienti nostra, nullas ei injurias intulimus ; et si quid a nobis expostularet judicio vestro et confratrum nostrorum libenter ei satisfaceremus ; et si quid adversum parvitatem nostram fecit, quod eum non deceret, patienter supportaremus. Hugonem autem Puteacensem et Paganum(3), transfugam atque desertorem, sine digna satisfactione suscipere non possumus, quia ita est inter nos non sine summa obligatione condictum et apostolica auctoritate roboratum. Si autem Paganus ideo seipso vult major fieri, quia deterior seipso factus est, et episcopali excellentiae summa fiet injuria et ordini clericorum ad exorbitandum proclivior(a) patebit via. In hoc ergo negotio ita praecavete periculo vestro sicut et nostro quia, ut vera vobis fateamur, malumus quae Deus permiserit adversa perpeti quam in parcendo filiis discordiae(4) plurimos in discrimen adduci(5). De loco autem in quo secure colloqui possimus, certum non est mihi consilium, quia intra episcopatum vestrum et nostrum nullus mihi securus est exitus, nisi fraterna charitas vos cogeret, quod petere non praesumo, ut usque ad nos veniretis et de quibus bonum esset nobiscum consulte, quando velletis, tractaretis. Valete.
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proclivis AM.
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Voir lettres 67, 68, 69, 75, 100. Jean II a été sacré le I
ermars 1098. Il mourut en 1135. Il fut présent à de nombreux conciles, à l'absolution de Philippe (Lambert d'Arras,Registre, A 70, 72), au sacre de Louis VI. Il apparaît dans de très nombreux documents.
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D'après la
Vie de Louis VI le Grosde Suger, ch. 6, p. 29, le futur roi a prêté assistance à l'évêque d'Orléans qui se trouve donc son obligé : Louis a écrasé un vassal de l'évêque, Léon, homme noble du château de Meung, qui cherchait à enlever à l'Église d'Orléans une partie de ce château et la seigneurie d'un autre. A. Luchaire,Annales, n° 25, date cette expédition de 1103. La lettre 124 apprend que Louis soutient Païen.
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Voir lettres 79 et 112. Païen est un clerc comme le prouve l'emploi des mots transfuge et déserteur. La lettre 124 le confirme.
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D'après Prov. 6, 19,
fratres discordiae.
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Quae ista vanitas parcere uni et omnes in discrimen adducere, Yves,Décret10, 171, texte attribué à Augustin (Gratien, D. 45, 17, l'attribue à Jérôme,Sur Jérémie, ou plutôt à Origènehom. 7 in Josua ex interpret. Rufini).Quae ista bonita, quae ista misericordia est uni parcere et omnes in discrimen adducere, lettre d'Hormisdasper universas provincias(PL63, col. 528), de Jean (PL66, col. 30). Voir aussi lettres 25, 135, 161, 170, 218, 222, 253.
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a. Avranches, BM 243, 72v
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M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 49
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T. Troyes, BM 1924, 100v-101
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Au. Auxerre, BM 69, 47v (adresse et première phrase)
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À Jean, par la grâce de Dieu évêque d'Orléans, Yves, humble ministre de l'Église de Chartres, salut.
Nous vous rendons grâce autant que nous en sommes capable de ce que votre fraternité compatit à nos tribulations. Mais quant à la paix que vous voulez rétablir entre nous et le seigneur Louis, nous vous répondons, dans la mesure où notre conscience témoigne en notre faveur, que nous ne lui avons infligé aucune injustice ; et s'il réclamait de nous quelque chose, nous ferions volontiers satisfaction suivant votre jugement et celui de nos confrères ; et s'il a fait contre notre petitesse quelque chose qui serait indigne de lui, nous le supporterions patiemment. Mais nous ne pouvons recevoir sans une digne satisfaction Hugues du Puiset et Païen, transfuge et déserteur, parce que cela a été convenu entre nous par l'engagement le plus strict et confirmé par l'autorité apostolique. Et si Païen veut devenir supérieur à lui-même, parce qu'il est devenu inférieur à lui-même, ce sera une très grande injure pour l'excellence épiscopale et pour l'ordre des clercs s'ouvrira une voie plus encline à dévier. Dans cette affaire donc, prenez garde au danger que vous encourez, vous comme nous, parce que, pour vous avouer la vérité, nous préférons supporter les adversités permises par Dieu plutôt que, en épargnant les fils de discorde, en exposer un plus grand nombre au péril. Quant à l'endroit où nous pourrions concerter en lieu sûr, je n'ai pas d'opinion arrêtée parce qu'entre votre évêché et le nôtre aucune issue n'est sûre pour moi, à moins que la charité fraternelle ne vous pousse, ce que je n'ose demander, à venir jusqu'à nous et à traiter avec nous mûrement de ce qui serait bon, quand vous voudriez. Adieu.