Description
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Urbain 2, pape
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Chartres (clergé et ville)
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24 novembre [1090]
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Capoue
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Lettre
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Urbanus episcopus, servus servorum Dei, dilectis in Christo filiis clero et populo Carnotensi, salutem et apostolicam benedictionem(1).
Nos quidem, tum pro beatae Mariae semper Virginis devotione et reverentia, tum pro nostri officii debito, Ecclesiae vestrae dilectionem, protectionem et curam specialius impendentes ejusque labores diuturnos, quos a Gaufrido quondam episcopo passa est(2), propensiore animo perpendentes(3), rei veritate diutius atque diligentius pertractata, largiente Domino, justitiae satisfecimus. Bonam itaque animi vestri voluntatem praevenientes ac subsequentes, venerabilem virum Ivonem presbyterum, quem, Gaufrido per nos deposito, catholice atque canonice secundum nostra monita elegistis, ne quod ulterius hac in re detrimentum vestra Ecclesia pateretur, sine morae longioris obstaculo consecravimus. Nunc eum ad vos remittentes, tanquam beati Petri manibus consecratum(4), beati Petri vice vos rogamus et obsecramus quatenus eum benigne suscipientes debita ut pastoris veri membrum obedientia honoretis, debita sollicitudine quae vobis annuntiaverit observetis ; et ut ipse Deo placere et eum pro vestris valeat excessibus digne intercedendo placare, vos quoque placere Deo totis conaminibus procurate. Si enim placere Deo statueritis, pastorem procul dubio Deo placentem habebitis, nos quoque in vestris opportunitatibus(5) ad exaudiendum paratos invenietis. Porro de Gaufrido, qui sine conditione omni nostris manibus episcopatum reddidit, indignum se patenter agnoscens, praecepimus et praecipimus ne quis ei ullo modo ad episcopatum reinvadendum vel infestandum assensum accommodare praesumat, alias et ipsum et ipsius fautores excommunicationi subjacere censemus. Obedientes vos vero nostris monitis gratia divina custodiat.
Data Capuae octavo kalendas decembris.
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Cette lettre et la suivante sont éditées dans le
Cartulaire de Notre-Dame de Chartres, éd. E. de Lépinois et L. Merlet, t. I, Chartres, 1865, n° 19 et 20, p. 96-98 (éditées aussi dans la correspondance d'Urbain II, lettres 44 et 45,PL151, col. 325-327).
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Geoffroy I
er, 1077-1088, neveu de Geoffroy, évêque de Paris, et d'Eustache, comte de Boulogne. Accusé depuis longtemps de simonie et d'autres infractions aux règles ecclésiastiques, il avait été déposé au concile d'Issoudun, vers 1081. Il se rendit à Rome pour se défendre mais fut déposé par Urbain II au printemps 1089.GCVIII, 1124-1126.
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Jeu de mot
impendensetperpendensque ne rend pas la traduction.
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Sur les protestations de l'archevêque de Sens, Richer, devant cette consécration qu'il avait refusée, voir lettre 8.
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D'après Ps. 9, 10,
adjutor in opportunitatibus.
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a. Avranches, BM 243, 9
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M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 4v
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T. Troyes, BM 1924, 1.
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Urbain, évêque, serviteur des serviteurs de Dieu, à ses chers fils dans le Christ le clergé et le peuple de Chartres, salut et bénédiction apostolique.
Nous certes, tant par la dévotion et la révérence envers la bienheureuse Marie toujours vierge que par le devoir de notre office, dispensant tout spécialement à votre Église affection, protection et soin, et pesant d'un esprit tout à fait favorable ses longues souffrances, subies de la part de l'ancien évêque Geoffroy, après avoir examiné longuement et attentivement la vérité des faits, nous avons, avec l'aide de Dieu, donné satisfaction à la justice. C'est pourquoi, prévenant et suivant la bonne disposition de votre âme, nous avons, sans mettre l'obstacle d'une plus longue attente, de peur que votre Église ne subisse encore quelque dommage dans cette affaire, consacré un homme vénérable, le prêtre Yves, qu'après que nous eûmes déposé Geoffroy vous avez élu catholiquement et canoniquement selon nos recommandations. En le renvoyant maintenant vers vous, comme consacré des mains du bienheureux Pierre, à la place du bienheureux Pierre nous vous demandons et vous supplions de l'honorer en l'accueillant avec bienveillance, selon l'obéissance qui lui est due en tant que membre du vrai pasteur, d'observer avec la sollicitude qui lui est due ce qu'il vous annoncera ; et pour qu'il ait lui-même la force de plaire à Dieu et de l'apaiser en intercédant dignement pour vos fautes, appliquez-vous vous aussi de tous vos efforts à plaire à Dieu. Car si vous décidez de plaire à Dieu, vous aurez sans nul doute un pasteur qui plaît à Dieu, vous nous trouverez nous aussi prêt à vous écouter favorablement dans vos moments difficiles. Quant à Geoffroy, qui a remis sans aucune condition l'évêché entre nos mains, en se reconnaissant ouvertement indigne, nous avons ordonné et nous ordonnons que personne n'ait la présomption d'apporter en aucun cas son assentiment à ce qu'il s'empare à nouveau de l'évêché ou ne le perturbe, sinon nous jugeons bon de soumettre à l'excommunication et lui-même et ses partisans. Que la grâce divine vous garde obéissant à nos recommandations.
Donnée à Capoue le huit des kalendes de décembre.