Général
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Yves, évêque de Chartres
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Bernier, abbé de Bonneval
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après 1090 - avant 1116
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n.c.
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Lettre
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Ivo, Dei gratia Carnotensis Ecclesiae minister, Bernerio, Bonaevallensis monasterii abbati, et fratribus sibi commissis, abundare visceribus fraternae dilectionis(1).
Quoniam divina gratia fratrem praesentium portitorem praevenit in benedictionibus dulcedinis, ut eundo de virtute in virtutem arduas vias Patrum studeat sequi et post longam coenobiticae conversationis experientiam solitariae quietis dulcedine desideret perfrui(2) et in solitudine mentis Dominum dominorum in Sion contemplari(3), non nobis fraudandus esse(a) a desiderio suo videtur, sed confovendus et promovendus, ut non frigescat aut tepescat in eo divini amoris tam pia devotio. Monemus ergo ut in hoc boni fratris proposito nulla mentes vestras titillet invidia neque ejus tanta promotio fraternae famae videatur esse diminutio, tanquam placere et se praeferre studeat in oculis hominum, qui in hoc proposito soli contendit placere Patri luminum(4). Unde, etsi non est datum omnibus imitari, nolite tamen adversari, neque exstinguere in eo spiritum ardentem et lucentem(5) et talia desideria suggerentem. Valete.
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om. éd.
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Même adresse lettre 160.
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Les avis d'Yves sur ce sujet sont nuancés et tiennent compte des personnes. On l'a vu plutôt opposé à la vie érémitique, source de désordre, dans les lettres 192 aux moines de Coulomb, 208 à Geoffroy, 256 à Renaud. Dans les lettres 34 et 37 à Robert, il conseille la vie érémitique seulement aux gens expérimentés, ce qui est le cas du moine de Bonneval.
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Mêmes expressions lettre 208.
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Jac. 1, 17.
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Ardens et lucens, Joh. 5, 35.
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a. Avranches, BM 243, 136
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M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 97v
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Yves, par la grâce de Dieu ministre de l'Église de Chartres, à Bernier, abbé du monastère de Bonneval, et aux frères qui lui ont été confiés, abonder en sentiments de dilection fraternelle.
Puisque la grâce divine a précédé le frère porteur de la présente dans les bénédictions de sa douceur, de sorte qu'en allant de vertu en vertu il s'applique à suivre les rudes voies des Pères et qu'après une longue expérience de la vie cénobitique il désire jouir de la douceur de la tranquillité solitaire et, dans la solitude de l'esprit, contempler en Sion le Seigneur des seigneurs, il nous semble ne pas devoir être privé de son désir mais être conforté et encouragé pour qu'une si pieuse dévotion à l'amour divin ne se refroidisse pas ou ne s'attiédisse pas en lui. Nous conseillons donc que, dans ce projet d'un bon frère, aucune jalousie ne chatouille vos esprits et que la si grande élévation de celui-ci ne vous paraisse pas diminuer la renommée des frères, comme s'il s'appliquait à plaire et à se mettre en avant aux yeux des hommes, lui qui dans ce projet cherche à plaire au seul Père des lumières. Aussi, bien qu'il n'ait pas été donné à tous de l'imiter, veuillez cependant ne pas lui faire obstacle ni éteindre en lui un esprit ardent et lumineux qui lui suggère de tels désirs. Adieu.