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Mathildi(1), excellenti Anglorum reginae, Ivo, humilis Carnotensis Ecclesiae minister, devotarum munus orationum.

Vestrae piae devotionis opinio multorum maxime religiosorum mentes afflavit et quadam sanctae dilectionis suavitate indulcavit. Unde pro gratia nobis divinitus collata grates summo referimus bonorum omnium largitori, qui femineo pectori virile robur immisit(2), non solum ad evitanda flagitia vel facinora, sed etiam ad impendenda indigentibus necessaria suffragia. Nos igitur, tam communium quam privatorum beneficiorum non immemores, excellentiae vestrae preces devote suscepimus et pro anima fratris vestri(3), religiosi regis, quod peccatis nostris exigentibus parum est, devotas Deo preces effundimus, quamvis animam ejus in sinu Abrahae collocatam(4), si vita ejus ita se habuit ut dicitur, indubitanter confidamus. Sed, quia incertus est status animarum post animal, non videtur otiosum si pro his intercedimus qui jam requie perfruuntur, ut eorum requies augeatur, et pro his qui locis purgatoriis deputati sunt(5), ut fidelium orationibus indulgentiam consequantur. Haec et alia quae vires nostras non excedant humeris nostris imponere(6) potest excellentia vestra. Valete.

À Mathilde, excellente reine des Anglais, Yves, humble ministre de l'Église de Chartres, le présent de prières ferventes.

La réputation de votre pieuse ferveur a touché de son souffle les esprits de beaucoup, surtout d'hommes religieux, et les a apaisés par une certaine douceur de sa sainte dilection. Aussi, en raison de la grâce qui nous a été confiée par Dieu, rendons-nous grâce au plus haut dispensateur de tous les biens, qui a introduit dans un cœur de femme une force virile, non seulement pour éviter les scandales ou les forfaits, mais aussi pour dispenser les soutiens nécessaires à ceux qui en ont besoin. Donc nous, qui ne sommes pas oublieux des bienfaits tant communs que privés, nous avons accueilli avec ferveur les prières de votre excellence et pour l'âme de votre frère, roi pieux, nous répandons vers Dieu de ferventes prières, ce qui ne suffit pas vu ce que nos péchés exigent, bien que nous ayons la confiance absolue que, si sa vie a été telle qu'on le dit, son âme est placée dans le sein d'Abraham. Mais parce que l'état des âmes est incertain après l'état animal, il ne semble pas superflu d'intercéder pour ceux qui jouissent déjà du repos, afin que leur repos soit augmenté, et pour ceux qui sont voués aux lieux purgatoires, afin que grâce aux oraisons des fidèles ils obtiennent l'indulgence. Ces choses et d'autres qui n'excèderaient pas nos forces, votre excellence peut les charger sur nos épaules. Adieu.