Général
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Yves, évêque de Chartres
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Pascal 2, pape
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après 1106/09 - avant 1107
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[fin 1106-1107]
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Lettre
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Paschali, summo pontifici, Ivo, humilis Ecclesiae Carnotensis minister, debitam cum omni devotione obedientiam.
Secundum tenorem litterarum vestrarum quas dedistis Hugoni vicecomiti Carnotensi Iherosolimam eunti, Rotrocum comitem ad justitiam vocavimus, qui accusabatur munitionem in terra ad jus praedicti Hugonis pertinente, postquam crucem acceperat, aedificare coepisse(1), et Ivonem ejusdem Hugonis militem, qui praedictam terram ab ipso Hugone habebat in feudum, injuste cepisse et redimisse. In qua vocatione postulatum est a comite Rotroco ut usque ad exitum causae nihil incoepta munitione aedificaret, nihil de redemptione Ivonis acciperet.
Die statuta ventum est ad causam. Obtulit se ad judicium Rotrocus, secundum ordinem rerum gestarum. Dixerunt petitores qui pro Hugone loquebantur se nolle ad hanc causam ingredi nisi prius eis satisfaceret(a) de eo quod non erat intermissa aedificatio munitionis et recredita redemptio Ivonis. Responsum est ex parte Rotroci neutrum debere fieri, quia munitio illa ei adjudicata erat in curia comitissae, de cujus feudo erat, cum judicio Ecclesiae ad praedictam curiam haec causa translata esset(2), et praedictus Ivo pro peregrinatione Hugonis minime erat reddendus, cum praedictus Ivo Rotrocum, dominum suum, diffiduciasset(3) et praedam ejus prior cepisset, homines suos, ea die qua captus est, in vinculis haberet et ad foris faciendum eidem armata manu militum eadem die procederet. Dictum est ex altera parte quod possent omnes istas depulsiones veridicis assertionibus locis suis et temporibus falsificare, sed non esse accedendum ad ista, donec satisfactum esset de his quae prius objecta fuerant, nisi judicio cogerentur.
Praeceptum est ergo confidentibus clericis ut hanc litem justa sententia dirimerent. Qui, cum diu inde disceptassent, non potuerunt in unam convenire sententiam, dicentes novam esse institutionem de tuitione ecclesiastica impendenda rebus militum Iherosolimam proficiscentium(4), neque scire utrum haec tuitio ad solas pertineat proprietates eorum, an etiam pertineat ad casamenta eorum quae tenent potentes homines se et sua fortitudine sua defendentes. Postulaverunt ergo sibi dari inducias, donec super hoc vestra requireretur sententia. Quas inducias ea conditione dare voluit comes Rotrocus ut aedificatio munitionis non intermitteretur nec redemptio Ivonis suspenderetur, quod concedere pars altera omnino refutavit et de hoc iterum judicium postulavit. Quo judicio cum se praegravari timeret comes Rotrocus, audientiam apostolicam appellavit, cujus eum auctoritate premebamus. Mittimus ergo eos paternitati vestrae cum litteris nostris ordinem causae continentibus, ut prudentia et potestate vobis divinitus concessa litem hanc dirimatis, quia inter nos homines isti magni sunt nec a nostra parvitate, prout oportet, ad pacem cogi possunt. Valete.
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satisfieret AMT.
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Voir lettres 168-170.
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Lettre 168.
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Terme employé aussi lettre 22. Cl. Carozzi, « Les évêques vassaux du roi de France d'après Yves de Chartres »,
Chiesa e mondo feudale nei secoli X-XII(Mendola, 1992), Milan, 1995, p. 225-246 (p. 233).
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Cette prescription date en effet du concile de Clermont, décembre 1095, voir références lettre 168.
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a. Avranches, BM 243, 93rv
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M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 65rv
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T. Troyes, BM 1924, 25v-26v
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À Pascal, souverain pontife, Yves, humble ministre de l'Église de Chartres, l'obéissance due avec un entier dévouement.
Selon la teneur de votre lettre, que vous avez donnée à Hugues, vicomte de Chartres, qui partait à Jérusalem, nous avons convoqué en justice le comte Rotrou qui était accusé d'avoir entrepris d'édifier une fortification sur une terre dépendant de la juridiction dudit Hugues après que ce dernier avait pris la croix, et d'avoir injustement enlevé et rançonné Yves, chevalier de ce même Hugues, qui tenait d'Hugues lui-même ladite terre en fief. Dans cette convocation, il a été demandé au comte Rotrou de ne plus rien édifier jusqu'à la fin du procès dans la fortification commencée et de ne rien recevoir de la rançon d'Yves.
Au jour fixé on en vint au procès. Rotrou se présenta pour être jugé, selon l'ordre des événements. Les demandeurs qui parlaient pour Hugues dirent qu'ils ne voulaient pas entamer ce procès si d'abord on ne leur donnait pas satisfaction sur le fait que l'édification de la fortification n'avait pas été suspendue et que la rançon d'Yves n'avait pas été rendue. On répondit de la part de Rotrou que ni l'un ni l'autre ne devait être fait, parce que cette fortification lui avait été attribuée à la cour de la comtesse, du fief de qui elle était, alors que cette cause avait été transférée selon le jugement de l'Église à ladite cour, et parce que ledit Yves ne devait nullement être rendu en raison du pèlerinage d'Hugues, puisque ledit Yves avait défié Rotrou, son seigneur, et s'était le premier emparé de son bien, qu'il avait certains de ses hommes en prison le jour où il avait été pris et que ce même jour il s'avançait avec une troupe armée de chevaliers pour commettre une action délictueuse contre lui. L'autre partie dit qu'ils pourraient infirmer en leurs temps et lieux toutes ces réfutations par des assertions véridiques, mais qu'il ne fallait pas en arriver là tant qu'il n'avait pas été donné satisfaction sur les points qui avaient été objectés au préalable, à moins qu'ils ne soient contraints par un jugement.
Il fut donc prescrit à des clercs de confiance de trancher ce différend par une juste sentence. Bien qu'ils eussent longtemps débattu sur le sujet, ils ne purent s'accorder sur une sentence unique, disant qu'était nouvelle cette institution sur la protection ecclésiastique à procurer aux biens des chevaliers partant à Jérusalem et qu'ils ne savaient pas si cette protection concernait leur seules propriétés ou si elle concernait également leurs chasements, que tiennent des hommes puissants qui les défendent, eux et leurs biens, avec leur propre force. Ils réclamèrent donc qu'on leur accorde des délais, le temps de s'informer de votre avis sur ce sujet. Délais que le comte Rotrou a voulu accorder à condition que l'édification de la fortification ne soit pas interrompue et que le rachat d'Yves ne soit pas suspendu, ce que l'autre partie refusa tout net de concéder, et elle réclama de nouveau un jugement sur ce point. Comme le comte Rotrou craignait d'être accablé par ce jugement, il a fait appel à l'audience apostolique, par l'autorité de laquelle nous le pressions. Nous les envoyons donc à votre paternité avec notre lettre contenant le déroulement de l'affaire, pour que par la prudence et le pouvoir qui vous ont été accordés par Dieu vous tranchiez ce différend, parce que parmi nous ces hommes sont des grands et ne peuvent être, comme il le faudrait, contraints à la paix par notre petitesse. Adieu.