./.

Ex parte venerabilis fratris nostri Wigorniensis episcopi

Auteur

Gregorius IX

Titre en français

Ex parte venerabilis fratris nostri Wigorniensis episcopi

Titre descriptif

Lettre à l’archevêque de Canterbury imposant un insigne aux juifs et leur interdisant d’avoir des serviteurs chrétiens

Type de texte

décrétale

Texte

Gregorius episcopus servus servorum Dei venerabili fratri Cant' archiepiscopo salutem et apostolicam benedictionem. Ex parte venerabilis fratris nostri Wigorniensis episcopi fuit propositum quod Iudei in tua provincia constituti signa quibus a Cristianis habitu distinguantur, iuxta quod in generali concilio fuit provida deliberatione statutum, deferre contempnunt, propter quod mille abusiones emergunt urgentes in periculum animarum, iidem quoque contra idem concilium habere presumunt mancipia Cristiana in orthodoxe fidei obprobrium et contemptum. Nolentes igitur presumptiones ipsorum conniventibus oculis pertransiri, fraternitati tue per apostolica scripta mandamus quatinus prefatos Iudeos ad deferenda huiusmodi signa et Cristiana mancipia dimittenda per penam in eodem concilio contra Iudeos editam monitione premissa cessante apellatione compellas, eandem penam faciens in tua provincia firmiter observari, proviso ut in hiis zelus Cristi ante oculos habeatur ne in hoc ei preferatur aliquod lucrum temporale. Dat' Perusii v Kal' Decembr' pontificatus nostri anno tercio.

Langue

Latin

Source du texte original

N. Vincent, “Two papal letters on the wearing of the Jewish badge, 1221 and 1229”, Jewish Historical Studies 34 (1996), 209-224, appendix, p. 220-21

Datation

  • Date fixe : 26/11/1229

Aire géographique

Traduction française

L'évêque Grégoire, serviteur des serviteurs de Dieu, à son vénérable frère l'archevêque de Canterbury, salut et bénédiction apostolique. Nous avons appris de notre vénérable frère l'évêque de Worcester que les juifs établis dans notre province qui doivent se distinguer en portant des insignes grâce auxquels ils se distinguent des chrétiens dans leur manière de s'habiller, conformément à ce qui a été décidé après rigoureuse délibération durant le concile général ne daignent pas les porter. De là résulte un millier d'abus qui mettent les âmes en grand danger. Il y a plus : les juifs, agissant contre ce même concile, se permettent d'avoir des domestiques chrétiens, méprisant et déshonorant [ainsi] la foi orthodoxe. Ne souhaitant pas fermer les yeux devant leurs transgressions, nous recommandons à votre fraternité, par mandat apostolique, d'imposer aux juifs mentionnés ci-dessus de porter leurs insignes et de libérer leurs domestiques chrétiens et ce en les admonestant continuellement et en les punissant conformément à ce qui a été proclamé contre les juifs par le même concile. Et vous devrez observer strictement cette pénalité dans votre province de sorte qu'en cette matière on ait devant les yeux le zèle pour le Christ afin d'éviter qu'on ne Lui préfère aucun profit temporel. Donné à Pérouse le 5e jour des calendes de décembre, la 3e année de notre pontificat (26 novembre 1229).

Source traduction française

L. Foschia

Résumé et contexte

Le pape Grégoire IX avait reçu une plainte de Guillaume de Blois, évêque de Worcester, selon laquelle les juifs anglais ne portaient pas leurs badges ou insignes (signa) comme le 4e concile du Latran le leur avait ordonné. Le pape écrivit à Richard, archevêque de Canterbury, en 1229, en lui demandant de faire appliquer le port de l'insigne ainsi que l'interdiction faite aux juifs d'avoir des domestiques chrétiens chez eux.

Signification historique

Comme l'a montré Nicholas Vincent, cette lettre témoigne du fait que Grégoire IX en était venu à percevoir la nécessité pour les juifs de porter des marques distinctives ou des insignes (signa). Alors que le pape fait allusion aux décisions du "concile général" (canon 68 de Latran IV), ce concile avait en réalité décrété que juifs et musulmans devaient porter des vêtements distincts (habitus) et n'avait rien dit au sujet des signa. Il ne fait aucun doute que le pape, suivant peut-être l'impulsion donnée par la législation anglaise antérieure (un édit royal d'Henri III en 1218 et un canon du concile d'Oxford en 1222) préfère désormais parler d'insignes même si (à la différence des deux exemples anglais) il ne dit rien de la forme, de la taille ou de la couleur des signa. Grégoire envoya des lettres similaires à d'autres prélats (par exemple à l'archevêque de Burgos). Elles semblent n'avoir eu que peu d'effet. Seuls les rois et les autres autorités temporelles, et non les évêques, pouvaient appliquer une telle législation et ces lois devaient être appliquées au mieux sporadiquement. Certains témoignages montrent que des juifs payaient des amendes pour éviter d'avoir à porter les insignes.

Textes apparentés inclus dans le corpus

Manuscrits

  • Londres, Lambeth Palace Library ms. 1212 fo. 129v

Etudes

  • N.Vincent, “Two papal letters on the wearing of the Jewish badge, 1221 and 1229”, Jewish Historical Studies 34 (1996), 209-224.

Mots-clés

insigne ; relations sexuelles ; serviteurs ; vêtement

Auteur de la notice

John   Tolan

Collaborateurs de la notice

Laurence   Foschia  :  traduction

Comment citer cette notice

Notice n°251656, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»

Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait251656/.

^ Haut de page