Général
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Yves, évêque de Chartres
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Conon, évêque de Préneste (Palestrina)
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après 1115/03 - avant 1115/06
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[printemps 1115]
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Lettre
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Cononi, Dei gratia Praenestino episcopo, sedis(a) apostolicae legato, Ivo, eadem gratia Carnotensis Ecclesiae minister, salutem et obedientiam.
Nuper accepi litteras vestras continentes excommunicationem eorum qui Nivernensem comitem(1) ceperunt, vel captioni ejus interfuerunt, vel de spoliis ejus aliquam partem acceperunt, vel auxilium in hoc dederunt, excepta sola persona Theobaldi(b) comitis(2), cui inducias usque ad octavas Omnium Sanctorum donastis. Et tamen, nisi interim comitem Nivernensem reddat, ex tunc eum eidem excommunicationi subjecistis. Has itaque litteras Theobaldo(c) comiti legi et exponi feci ut, audito rigore ecclesiastico, forte apud se cogitaret vel Deus ei inspiraret ut praedictum comitem reddat et terrae turbatae, et gravius turbandae, pacem restituat. Quibus auditis et intellectis, miratus est valde quod rex apud judices ecclesiasticos clamorem de eo fecerit, qui nullam ei, cum dominus ejus sit, justitiam denegaverit. Offert itaque se ad omnem justitiam ante judices pacis, eo ordine quo rerum gestarum ordo postulaverit, in omni loco ad quem securus venire possit et in quo securus suas possit exercere(d) actiones et probare, exacturus tamen prius injuriam sibi factam, quod praepropere et inordinate milites sui excommunicati sint(e), qui vel nihil in pactum pacis deliquerunt vel nullam inde justitiam denegaverunt.
Auditis itaque ejus responsionibus consilium mihi fuit ut reverendas personas religioni vestrae transmitterem qui verba comitis et haec et alia vobis referrent, ut de his cum domino rege tractetis et inter eum et comitem pacem componere studeatis. Ita enim comes verbis defendit suam innocentiam et regis et comitis Nivernensis exaggerat injuriam ut justam causam habere videatur, nisi judiciario ordine et invincibili ratione convincatur. Sciat autem vestra prudentia quia in propria persona me his actionibus praesentassem, si imbecillitas corporis me permitteret equitare et laborem itineris sustinere. Communicato itaque consilio cum episcopis et judicibus pacis, ita hanc controversiam sedare studete ut qui ex adverso stat(3) non habeat quod reprehendat et pax Ecclesiarum et quies pauperum in sua stabilitate permaneant(4). Dicit enim comes quod libenter reddet aut recredet comitem Nivernensem si, auditis ejus rationibus, judices pacis in hoc consenserint et dictante justitia judicaverint. Valete.
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sanctae sedis M
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Tebaldi M
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Tebaldo M
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exerere M
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sunt M.
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Guillaume II, comte de Nevers, d'Auxerre et de Tonnerre, revenant au printemps 1115 d'une expédition lancée par le roi Louis VI contre Thomas de Marle, sire de Coucy, fut capturé par Thibaud II, comte de Blois, qui avait refusé son appui au roi. En 1119 il était encore prisonnier, puisque le concile de Reims (20-30 octobre) intervint en sa faveur, M. Bur,
La formation du comté de Champagne, p. 284, 483. D'après L. Merlet, il fut capturé en novembre 1114 par Hugues le Manceau qui le livra au comte de Blois. L'épisode n'est pas relaté par Suger dans laVie de Louis VI le Gros.
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Thibaud II, voir lettres 247-248.
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II Chron. 13, 13.
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Sur la paix de Dieu, voir lettre 86.
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M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 98v-99
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À Conon, par la grâce de Dieu évêque de Préneste, légat du saint siège apostolique, Yves, par cette même grâce ministre de l'Église de Chartres, salut et obéissance.
Je viens de recevoir votre lettre contenant l'excommunication de ceux qui ont pris le comte de Nevers ou qui ont assisté à sa capture ou qui ont reçu quelque part de ses dépouilles ou qui ont apporté leur aide à cette action, exceptant la seule personne du comte Thibaud, à qui vous avez donné des délais jusqu'à l'octave de la Toussaint. Et cependant, s'il ne rend pas d'ici-là le comte de Nevers, vous l'avez soumis à partir de ce moment à la même excommunication. C'est pourquoi j'ai fait lire et exposer cette lettre au comte Thibaud, pour qu'après avoir pris connaissance de la rigueur ecclésiastique il envisage peut-être de lui-même ou que Dieu l'inspire de rendre ledit comte et de rétablir la paix à la terre troublée et qui risque d'être troublée plus gravement. Après avoir entendu et pris connaissance de cette lettre, il s'est tout à fait étonné que le roi ait porté plainte devant des juges ecclésiastiques contre lui, qui ne lui a refusé aucune justice, puisqu'il est son seigneur. C'est pourquoi il s'offre à accomplir toute justice devant des juges de la paix, selon l'ordre qu'aura réclamé l'ordre des faits, en tout lieu où il puisse venir en sûreté et où il puisse en toute sûreté exercer et prouver ses droits, décidé cependant à exiger d'abord raison de l'injustice qui lui a été faite, parce qu'ont été excommuniés précipitamment et irrégulièrement ses chevaliers, qui soit n'ont en rien contrevenu au pacte de paix soit n'ont refusé ensuite aucune justice.
C'est pourquoi, une fois ses réponses entendues, j'ai pris la décision de transmettre à votre piété des personnes vénérables qui vous rapporteraient les paroles du comte, celles-ci et d'autres, pour que vous traitiez de ces faits avec le seigneur roi et que vous veilliez à instaurer la paix entre lui et le comte. Car le comte défend son innocence en de tels termes et amplifie tant l'injustice du roi et du comte de Nevers qu'il semble avoir juste cause, à moins qu'il ne soit réfuté par l'ordre judiciaire et une raison invicible. Et que votre prudence sache que je me serais présenté personnellement pour ces affaires si la faiblesse de mon corps me permettait de chevaucher et de supporter la fatigue du voyage. C'est pourquoi, après avoir tenu conseil avec les évêques et les juges de la paix, appliquez-vous à apaiser cette controverse de manière à ce que celui qui se tient en face n'ait pas à faire de reproches et que la paix des Églises et la tranquillité des pauvres demeurent dans leur état de stabilité. Car le comte dit qu'il rendra volontiers le comte de Nevers ou donnera des assurances pour son élargissement si les juges de la paix, une fois ses raisons entendues, sont d'accord sur ce point et jugent sous l'emprise de la justice. Adieu.