Général
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Yves, évêque de Chartres
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Pascal 2, pape
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après 1090 - avant 1116
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n.c.
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Lettre
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Paschali, summo pontifici, Ivo, humilis Ecclesiae Carnotensis minister, cum debita obedientia devota servitia.
Pluribus de causis cogit me charitas frequenter pulsare aures vestrae paternitatis ut mea admonitio vel petitio utilis fiat his qui sedi apostolicae minus sunt noti, nobis autem bene cogniti. Non ergo gravet serenitatem paternam per litteras tantum frequens visitatio quam praesentia corporalis libentius exhiberet, nisi difficultas montium imbecillitatem meae senectutis impediret. Quae verba praelibavimus ut importunitatem nostram excusemus et opportunitatem(1) paterni auditus impetremus. Rogamus enim paternam discretionem(a) vestram pro domno Gaufrido, Rothomagensi archiepiscopo(2), qui nunc tandem impetravit a principe suo rege Anglorum(3) ut posset in propria persona sedem apostolicam visitare, quam tamen non distulit visitare suis temporibus in persona aliena(4). Non ergo existimamus imputandum contemptui sedis apostolicae quod necessitas imperavit, non torpor dissuasit, non neglectus retinuit. Pro eo enim secure intercedimus, quia personam utilem et honestam ab adolescentia sua et ab aliis didicimus et per(b) nos experti sumus. Quia ergo ad altiorem locum in mensa Domini sui vocatus est(5) et(c) gratias Deo referimus, et eum ut columnam(6) immobilem in domo Dei confirmare praeoptamus, et apostolicam discretionem nostris desideriis non sine ratione occurrere flagitamus(d). Valete.
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dilectionem M
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om. M
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om. AM
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flagitemus A.
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Opposition
importunus/opportunusd'après II Tim. 4, 2.
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Ancien doyen du Mans depuis 1093, voir lettre 52. Nommé archevêque de Rouen en 1111, il mourut les 28 novembre 1128. D. Spear, « Geoffrey Brito, Archbischop of Rouen (1111-1128) »,
The Haskins Society Journal, t. 2, 1990, p. 123-137.
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Henri I
erBeauclerc, roi d'Angleterre du 5 août 1100 à sa mort le 1erdécembre 1135, duc de Normandie de 1106 à 1135, voir lettre 106.
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Il a donc suivi la loi canonique d'après laquelle l'archevêque devait se rendre auprès du pape dans les trois mois après son élection. Yves,
Décret5, 136 ;Panormie3, 11. Voir lettre 250 pour les références.
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D'après Luc. 14, 10.
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Métaphore paulinienne, Gal. 2, 9 ; I Tim. 3, 15.
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a. Avranches, BM 243, 130v
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M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 93v
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À Pascal, souverain pontife, Yves, humble ministre de l'Église de Chartres, services dévoués avec l'obéissance qui lui est due.
Pour bien des raisons la charité me contraint à frapper fréquemment les oreilles de votre paternité, afin que ma recommandation ou ma demande soit utile à ceux qui sont moins connus du siège apostolique mais qui sont bien connus de nous. Que votre sérénité ne se fatigue donc pas de mes fréquentes visites, par lettres seulement, visites qu'une présence corporelle rendrait plus volontiers, si l'obstacle des montagnes ne faisait obstacle à la faiblesse de ma vieillesse. Nous avons dit ces quelques mots pour excuser notre importunité et rechercher l'opportunité de votre écoute paternelle. Nous sollicitons en effet votre discrétion paternelle pour le seigneur Geoffroy, archevêque de Rouen, qui vient enfin d'obtenir de son prince le roi des Anglais de pouvoir se rendre de sa propre personne auprès du siège apostolique, auquel cependant il n'a pas manqué de se présenter en son temps en la personne d'autrui. Nous ne considérons donc pas qu'il faille imputer à un mépris pour le siège apostolique ce que la nécessité a imposé, non ce que l'indolence a découragé, non ce que la négligence a empêché. Nous intercédons en effet avec assurance pour lui, parce que nous avons appris par d'autres et nous savons d'expérience par nous-même que c'est une personne utile et honorable depuis sa jeunesse. Nous rendons donc grâce à Dieu de ce qu'il a été appelé vers une place plus élevée à la table de son Seigneur, et nous souhaitons l'affermir comme une colonne immuable dans la maison de Dieu, et nous réclamons à la discrétion apostolique de répondre à nos désirs qui ne sont pas sans raison d'être. Adieu.