Général
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Yves, évêque de Chartres
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Pascal 2, pape
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après 1109/07 - avant 1109/12
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[1109, après juillet]
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Lettre
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Dommo et patri suo Paschali, summo pontifici, Ivo, humilis Ecclesiae Carnotensis minister, quidquid obedientiae, quidquid famulatus ferre potest ejus humilitas.
Noverit vestra paternitas me Guidonem Puteacensem(1), refugam et clericalis militiae desertorem, propter sacrilegia sua, propter lamentabilem oppressionem(a) pupillorum et viduarum, propter indebitas angarias, propter intolerabiles exactiones quas exercet in possessionibus Carnotensis Ecclesiae, tanquam putridum membrum a corpore Ecclesiae praecidisse(2) et Sathanae, cui pene per omnia famulatur, cum suis sequacibus tradidisse. Unde, flexis genibus cordis, paternitati vestrae supplico ut sententiam anathematis juste in eum factam apostolica autoritate confirmetis et archiepiscopo Senonensi, episcopo Aurelianensi, episcopo etiam Parisiensi(3) ut idem anathema in eum faciant vestra apostolica auctoritate injungatis. Nisi enim rebellium filiorum pravitatem paterna severitate feriatis, nisi tribulatos materna consolatione foveatis, nisi auxiliatricem manum laborantibus et pene labentibus porrigatis, merito conquerendo clamabit Ecclesia(4) : « Caput meum plenum est rore et cincinni mei pleni guttis noctium », quia pene totum corpus Ecclesiae occupant vitiorum vepres et vix invenitur aliqua eradicans manus. In tantum enim apud nos in majoribus populi abundavit iniquitas ut nec paternis admonitionibus obediant, nec Deum terrentem timeant, cum et ex sterilitate terrae fame(5) pauperes eorum afficiat et morbo qui dicitur “sacer ignis(6)” multorum membra ad praecisionem, multorum corpora ducat ad mortem. Opportune igitur et importune(7) increpanda est eorum malitia ut vel sic cognoscatur ab eis severa Dei misericordia.
Praeterea(b) dissentio est quaedam inter duos Ecclesiae nostrae praelatos, decanum videlicet et subdecanum(8), qui in rebus ecclesiasticis quasdam consuetudines habent communes, quasdam proprias, similiter quosdam redditus communes, quosdam proprios. Dicit itaque decanus quaedam ex ipsis, quae separatim longa retentione habuit subdecanus, decano esse debere communia. Quo in negotio, quia nolunt judices in unam convenire sententiam ut dicant cui incumbat probatio, dicenti aut neganti(9), hanc litem sententia vestra petimus terminari et fratres dissentientes ad concordiam revocari. Paratus enim est subdecanus quidquid actor sui juris esse probare potuerit in pace dimittere, secundum legis tramitem quae contra petitorem judicari praecipit(10) et possessionem in loco suo remanere, ubi actor rem(c) quam petit suam esse probare non poterit. Turbant hoc quidam litis amatores, invidiae et odii sui tali importunitate virus effundentes, majorum institutionibus nolentes acquiescere, nisi irrefragabili constringantur auctoritate(d).
Scribat ergo paternitas vestra quod voluerit Carnotensi(e) Ecclesiae de hac dissonantia. Scribat et(f) suprataxatis episcopis de refrenanda sacrilegorum plangenda malitia. Caetera quae his negotiis necessaria sunt, quae scribere longum fuit, referet sanctitati vestrae praesentium portitor et ad praetaxatas personas quod placuerit prudentiae vestrae reportabit. Valete.
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lamentationem et oppressionem éd.
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Praeterea...auctoritate om. TAu
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auctor rem A, auctorem M
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voir b
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Carnotensi ... scribat et om. TAu
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voir e
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Guy du Puiset, d'abord chanoine de Notre-Dame de Chartres, se lassa de l'état ecclésiastique. Il fut chargé d'administrer les biens de son frère Hugues II parti en croisade, voir lettres 168, 169. Il exerça comme les autres membres de sa famille de nombreuses exactions contre l'Église de Chartres.
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Membrum putridum et insanabile quod medicinam non recipit, ferro excommunicationis a corpore Ecclesiae abscindamus, concile de Rouen, c. 3. Yves,Décret14, 75.
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Daimbert, Jean et Galon.
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Cant. 5, 2. Noter le jeu de mot laborantibus/labentibus.
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Lament. 4, 9. Allusion, d'après J. Dufour,
Actes de Louis VI, t. 1, p. 55, n. 3, à une mauvaise récolte de grains qui fit doubler le prix des céréales entre mai et juillet 1109,Chronique de Saint-Pierre- le -Vif, éd. R.-H. Bautier et M. Gilles, p. 152-154.
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Plus connu sous le nom de mal des ardents ou feu Saint Antoine.
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II Tim. 4, 2.
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Ernaud, doyen, et Foulques, sous-doyen. Trois lettres concernent cette affaire : la lettre 182 d'Yves à Daimbert, la réponse de Louis VI, qui soutient Foulques, éditée par J. Dufour,
op. cit., t. 1, p. 55-56, sans date mais sans doute mai-juillet 1109, et la présente lettre, qui ne fait aucune allusion à la lettre du roi. A. Luchaire,Annales de la vie de Louis VI, 1109, n° 77, p. 41-42. L. Merlet, art. cité lettre 182, p. 450, édite, d'après le manuscrit disparu de Chartres, une lettre de Foulques à Louis VI, se plaignant qu'Yves lui soit de plus en plus hostile et n'ait pas obtempéré aux demandes du roi.
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Ei incumbit probatio qui dicit, non qui negat,Digeste, 22, 3, 2. Yves,Décret16, 179 ;Panormie5, 18.
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Institutes, 2, 20, § 4. Yves,Décret16, 203 ;Panormie5, 17. Pour l'expressiontrames legum, voir lettre 169.
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a. Avranches, BM 243, 108rv
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M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 75rv
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T. Troyes, BM 1924, 111rv
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Au. Auxerre, BM 69, 85rv
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À son seigneur et père Pascal, souverain pontife, Yves, humble ministre de l'Église de Chartres, tout ce que son humilité peut apporter d'obéissance et de soumission.
Que votre paternité sache que j'ai coupé du corps de l'Église, comme un membre infecté, Guy du Puiset, apostat et déserteur de la milice cléricale, à cause de ses sacrilèges, à cause de l'oppression lamentable des orphelins et des veuves, à cause des extorsions indues, à cause des exactions intolérables qu'il exerce sur les possessions de l'Église de Chartres et que je l'ai livré avec ses complices à Satan, dont il est le serviteur en presque toutes choses. Aussi, les genoux du cœur fléchis, supplié-je votre paternité de confirmer de l'autorité apostolique la sentence d'anathème qui vient dêtre portée justement contre lui et de prescrire de votre autorité apostolique à l'archevêque de Sens, à l'évêque d'Orléans, ainsi qu'à l'évêque de Paris de porter le même anathème contre lui. Car si vous ne frappez pas avec une sévérité paternelle la dépravation des fils rebelles, si vous ne réchauffez pas d'une consolation maternelle les gens qui sont tourmentés, si vous ne tendez pas une main secourable à ceux qui souffrent et s'effondrent presque, l'Église criera en se plaignant à bon droit : « Ma tête est pleine de rosée et mes boucles pleines des gouttes des nuits », parce que les épines des vices envahissent presque tout le corps de l'Église et qu'on trouve avec peine une main pour les arracher. Car chez nous l'iniquité a tellement proliféré chez les grands du peuple qu'ils n'obéissent pas aux admonitions paternelles, qu'ils ne craignent pas le Dieu redoutable, alors qu'il afflige leurs pauvres de la faim par la stérilité de la terre et que par la maladie appelée “feu sacré” il conduit les membres de beaucoup d'hommes à la mutilation et les corps de beaucoup à la mort. Il faut donc à temps et à contre temps réprimander la méchanceté de ces gens pour qu'ils connaissent ainsi la sévère miséricorde de Dieu.
En outre il y a une discorde entre deux prélats de notre Église, à savoir le doyen et le sous-doyen, qui ont dans les biens ecclésiastiques certaines coutumes en commun, certaines en propre et, de la même manière, certains revenus en commun, certains en propre. C'est pourquoi le doyen dit que certains de ces avantages, que le sous-doyen a possédés à part en les retenant longtemps, doivent être communs avec le doyen. Dans cette affaire, comme les juges ne veulent pas s'entendre sur une sentence unique pour dire à qui incombe la preuve, à celui qui dit ou à celui qui nie, nous demandons que ce litige soit réglé par votre sentence et que les frères désunis soient ramenés à la concorde. En effet le sous-doyen est prêt à rendre dans la paix tout ce que le demandeur aura pu prouver être de son droit, suivant le chemin de la loi qui ordonne qu'on juge contre le plaignant et que la possession reste en sa place tant que le demandeur ne pourra pas prouver qu'est sienne la chose qu'il réclame. Cette règle est bouleversée par certains amateurs de litige qui répandent le virus de l'envie et de la haine avec une telle importunité, qui refusent d'obéir aux institutions des anciens à moins qu'ils ne soient forcés par une autorité irrécusable.
Que votre paternité écrive donc à l'Église de Chartres ce qu'elle aura souhaité sur cette dissension. Qu'elle écrive aussi aux évêques susdits pour réfréner la méchanceté lamentable des sacrilèges. Le reste de ce qui est nécessaire pour ces affaires, qui était long à écrire, le porteur de la présente en informera votre sainteté et rapportera aux personnes en question ce qu'aura décidé votre prudence. Adieu.