Général
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Yves, évêque de Chartres
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Guillaume 1er, archevêque de Rouen
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après 1090 - avant 1100
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n.c.
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Lettre
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Guillelmo(a), Dei gratia Rothomagensium archiepiscopo(1), Ivo, humilis Carnotensis Ecclesiae minister, salutem et servitium.
De clerico praesentium portitore qui inordinato et praepropero saltu(2), cum non esset benedictus in clericum, in subdiaconum se fecit ordinari, sublimitati vestrae respondeo quia, si rigorem justitiae tenere vultis, nec in acceptis inordinate ordinibus eum ministrare permittetis, nec ad superiores gradus eum promovebitis. In decretis enim pontificalibus(3) legitur quia(b) « quod contra leges praesumitur per leges dissolvi meretur. » Si autem honesta vita ejus, aut utilitas ecclesiastica ita exigit, potestis ei dispensatorie dato clericatu cum debita satisfactione eam misericordiam impendere(4) ut, cum sacram ordinationem vos celebrare contigerit, humiliato corde et corpore sacris benedictionibus intersit non ut reordinetur, sed ut competentibus verbis in acceptis ordinibus confirmetur(5). De talibus excessibus pro(c) impendenda misericordia propriam sententiam ad manum non habeo, sed pro simili negotio dispensatoriam Alexandri papae secundi sententiam vestrae discretioni transmitto. Cujus exemplo munitus, si vobis dignum visum fuerit, habita ratiocinatione poteritis et accepta confirmare et nondum accepta concedere. Sententia autem haec est(6) : « Alexander secundus Rumaldo(d), Constantiensi episcopo. Sollicitudo dilectionis tuae nos studuit consulere utrum portitor istarum litterarum diaconatus et presbyteratus officium idoneus(e) sit peragere necne, cum ad id praepropero cursu(f), videlicet sine subdiaconatus ordine, negligentia potius quam superbia cognoscatur ascendisse. Unde nos consulendo charitati tuae mandamus ut ab officio sacerdotali eum prohibeas, donec proximo Quatuor Temporum jejunio subdiaconatus ministerium ei(g) rite imponas et sic deinceps ad majora officia eum redire concedas. » Valete.
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Willelmo éd. Ju, Vuillelmo T, Guillemmo Au
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om. V
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Rainaldo M, Rumardo T
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dignus V
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saltu vel cursu éd. Ju
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sibi AMVAu.
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.om. ts ms
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Guillaume Bonne-Âme, voir lettre 149.
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Les textes concernant le respect des délais dans l'obtention des grades sont très nombreux, ex. Gratien, D. 59, D. 61 et
passim.L'expressionpraepropero saltuest employée par Célestin,ep. 3, c. 2 (Anselme de Lucques, 7, 28, Gratien, D. 61, 7).
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Jean VIII à l'empereur Louis. Yves,
Décret4, 230 et 6, 115 (Gratien, D. 10, 10). Même citation lettres 161, 167, 267.
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Si l'on retrouve ici les termes de la dispense telle que la conçoit Yves, il faut noter que l'indulgence est très grande pour les ecclésiastiques qui reçoivent les ordres sans tenir compte des délais, ce qui a concerné bien des prélats, même des plus recommandables : Manassès de Reims, Jean de Thérouanne, voir Lambert d'Arras,
Registre, E. 13 et 50, éd. citée, p. 348, 394.
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On ne réitère pas le sacrement, mais il vaut mieux être prudent !
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Alexandre II (1061-1073),
ep adRumaldum Constantiensem episcopum. Yves,Décret6, 409 (Gratien, D. 52, 1).
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a. Avranches, BM 243, 97v-98
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M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 68v
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V. Vatican, Reg. Lat. 147, 21v
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T. Troyes, BM 1924, 28v
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Au. Auxerre, BM 69, 73rv
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Ju. PL CLXII, col. 11-504, d'après Fr. Juret, Ivonis, Carnotensis episcopi, epistolae, 1585,
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À Guillaume, par la grâce de Dieu archevêque de Rouen, Yves, humble ministre de l'Église de Chartres, salut et service.
À propos du clerc porteur de la présente, qui par un saut irrégulier et précipité, alors qu'il n'avait pas reçu la bénédiction de clerc, s'est fait ordonner au sous-diaconat, je réponds à votre sublimité, si vous voulez maintenir la rigueur de la justice, de ne pas lui permettre de servir dans les ordres reçus sans ordre et de ne pas le promouvoir aux grades supérieurs. Dans les décrets des pontifes on lit en effet que « ce qui est osé contre les lois mérite d'être annulé par les lois. » Mais si sa vie est honnête ou si l'utilité ecclésiastique l'exige ainsi, vous pouvez lui accorder cette miséricorde, avec la satisfaction qui est due, en lui conférant la cléricature par dispense : lorsqu'il vous arrivera de célébrer une ordination sacrée, qu'il participe, le cœur et le corps contrits, aux saintes bénédictions, non pour être réordonné mais pour être confirmé par les paroles adaptées dans les ordres qu'il a reçus. Je n'ai pas sous la main de sentence propre sur la miséricorde à accorder en cas d'écarts de ce genre, mais je transmets à votre discrétion pour une affaire semblable une sentence dispensatoire du pape Alexandre II. Fort d'un tel exemple, si cela vous paraît digne, vous pourrez, en disposant d'une argumentation, et confirmer les choses reçues et concéder ce qui n'a pas encore été reçu. Voici cette sentence : « Alexandre II à Rumald, évêque de Constance. Le zèle de ta dilection s'est appliqué à nous consulter pour savoir si le porteur de la présente lettre était apte à exercer l'office du diaconat et de la prêtrise ou non, alors qu'il est reconnu être monté à ce grade par une course précipitée, à savoir sans passer par l'ordre du sous-diaconat, par négligence plutôt que par orgueil. Aussi mandons-nous à ta charité en la conseillant de l'écarter de l'office sacerdotal jusqu'à ce qu'au très prochain jeûne des Quatre-Temps tu lui imposes selon les rites le ministère du sous-diaconat et qu'ainsi tu lui concèdes la possibilité de revenir vers les offices plus élevés. » Adieu.