« yves-de-chartres-167 »


Général

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    Yves, évêque de Chartres

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    Hildebert, évêque du Mans

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    après 1106/09 - avant 1106/12


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    [fin 1106]

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    Lettre

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    Hildeberto, Dei gratia Cenomanensi(a) episcopo, Ivo, eadem gratia Carnotensis Ecclesiae minister, salutem.

    Quidam parrochianus vester, vulgari(b) nomine Petitus de Rupibus, nuper causa orationis ad Ecclesiam nostram veniens petivit colloquium nostrum. Qui inter caetera retulit nobis quod filiam suam cuidam alteri parrochiano vestro de municipio quod Pontiacum(1) dicitur conjugali foedere tradidit et ille eam se ducturum in uxorem tempore sibi constituto absolute juraverit. Nunc vero aliam duxit uxorem contra pactum conjugale quod legitime cum alia muliere prius inierat(2). Legitima enim sunt foedera nuptiarum inter eas personas quarum nuptiae interdictae non sunt, cum filia familias a voluntate patris non dissentit(3). Haec foedera solvi et divinae leges prohibent et humanae. Et si mulier ad alium virum transire voluerit, dicit canonica sententia quia mulierem alteri(c) desponsatam alteri non licet habere in conjugium(4). Et e converso, si vir aliud vult inire conjugium, legitur in lege Novellarum(5) : « Si quis divinis tactis Scripturis mulieri juraverit se eam legitimam uxorem habiturum, vel in oratorio tale sacramentum dederit, sit illa legitima uxor, quamvis nulla dos, nulla scriptura interposita sit. » Qui aliter facit contra leges sapit ; et secundum decretum apostolicum(6) : « Quod contra leges praesumitur per leges dissolvi meretur. » Sic enim praeterita aestate cum Signinus episcopus, apostolicae sedis legatus, apud nos esset(7) et similis causa ad nostras aures delata esset, prolatis legibus justum esse judicavimus et legitimum.

    Haec scripsi dilectioni vestrae rogatus a praetaxato milite, ut pro eo apud vos intercederem(d), quamvis ei non esse necessarium persuadere satagerem. Bene enim sentimus de religione vestra quia, ubi eluxerit vobis vera et justa sententia, non declinabitis a via regia(8). Valete.


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    Cenomanensium A 

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    om.

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    alii éd

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    interdicerem éd.


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    Poncé-sur-le-Loir, cant. La Chartre-sur-le-Loir, arr. La Flèche, Sarthe. Les Roches-de-Poncé sont une seigneurie, citée par D. Barthélemy, La société dans le comté de Vendôme, sans noms de seigneurs, index, p. 1078.

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    L'engagement des fiançailles doit être tenu comme définitif, Yves a déjà écrit à Hildebert sur le même sujet, lettre 148. B. Basdevant-Gaudemet, Le mariage d'après la correspondance d'Yves de Chartres, p. 202-203.

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    D'après Digeste, 23, 1, 11-13. Yves, Décret 8, 20 et 16, 182. Voir lettre 134.

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    D'après la lettre de Sirice à Himère, évêque de Tarragone, ep. 1, c. 4. Yves, Décret 8, 169 ; Panormie 6, 18 (Gratien, 27, 2, 50). Voir lettres 134, 161.

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    Epitome Juliani, 67, 244, 4. Yves, Décret 8, 44 et 16, 142 ; Panormie 6, 7 (Gratien, 30, 5, 9). Voir lettre 148.

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    Jean VIII à l'empereur Louis. Yves, Décret 4, 230 et 6, 115 (Gratien, D. 10, 10). Même citation lettres 161, 185, 242, 243, 267.

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    Voir lettre 166.

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    Declinare a via tua, Ps. 43, 19 ; via regia, Nombr. 21,22.


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    a. Avranches, BM 243, 90v


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    M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 63


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    T. Troyes, BM 1924, 22rv



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    À Hildebert, par la grâce de Dieu évêque du Mans, Yves, par la même grâce ministre de l'Église de Chartres, salut.

    Un de vos paroissiens, nommé communément Petitus des Roches, qui est venu récemment prier dans notre église nous a demandé un entretien. Entre autres choses il nous a rapporté qu'il avait promis sa fille par un pacte conjugal à un autre de vos paroissiens du municipe qui est appelé Poncé et que celui-ci lui a juré absolument qu'il la prendrait pour épouse au moment qu'il déterminerait. Mais maintenant il a pris une autre épouse, à l'encontre du pacte conjugal par lequel il s'était engagé d'abord légitimement avec l'autre femme. Car sont légitimes les traités nuptiaux entre les personnes dont le mariage n'est pas interdit, quand la fille de famille n'est pas en dissension avec la volonté de son père. Ces traités, à la fois les lois divines et les lois humaines interdisent qu'il soient dissous. Et si une femme veut changer pour un autre mari, la sentence canonique dit qu'il n'est pas permis qu'une femme fiancée à l'un en épouse un autre. Et inversement, si un homme veut s'engager dans un autre mariage, on lit dans la loi des Novelles : « Si quelqu'un, ayant touché les divines Écritures, a juré à une femme qu'il la prendrait comme épouse légitime ou s'il a fait un tel serment dans un oratoire, qu'elle soit son épouse légitime, même si aucune dot, aucune autre pièce écrite n'intervient. » Celui qui agit autrement juge à l'encontre des lois ; et selon le décret apostolique : « Ce qui est osé contre les lois mérite d'être dissous par les lois. » En effet l'été dernier, alors que l'évêque de Segni, légat du siège apostolique, était auprès de nous et qu'une affaire semblable avait été portée à nos oreilles, c'est ainsi que nous avons jugé de manière juste et légitime en mettant en avant les lois.

    J'ai écrit ceci à votre dilection à la demande du chevalier susdit, pour intercéder pour lui auprès de vous, bien que j'aie fait des efforts pour le persuader que ce n'était pas nécessaire. En effet nous avons bonne opinion de votre piété : lorsqu'une sentence vraie et juste aura brillé devant vous, vous ne vous écarterez pas de la voie royale. Adieu.

Informations

Acte

admin ydc (IRHT), dans  Yves de Chartres

Lettres d'Yves de Chartres, éd. G. Giordanengo (agrégée de l'Université), éd. électronique TELMA (IRHT), Orléans, 2017 [en ligne], acte n. 21105 (yves-de-chartres-167), http://telma.irht.cnrs.fr/chartes/yves-de-chartres/notice/21105 (mise à jour : 21/09/2017).