Général
-
Yves, évêque de Chartres
-
Vulgrin, archidiacre de Paris
-
Étienne, archidiacre de Paris
-
après 1090 - avant 1116
-
n.c.
-
Lettre
-
Ivo, humilis Ecclesiae Carnotensis minister, dilectis sibi in Christo archidiaconibus Vulgrino(a) et Stephano(1), decorem domus Dei diligere(2) et quae Jesu Christi sunt quaerere(3).
Cum de electione episcopi apud vos ageretur et quibusdam vestrum domnus Fulco decanus vester eligeretur(4), habita est, ut audivimus, inter vos feda contentio quae et multorum aures offenderet et de Ecclesia vestra non bonum odorem(5) longe lateque dispergeret. De obtenebrata itaque pacis vestrae serenitate fraterna compassione doluimus, quia quae gravamina de fraterno schismate Ecclesiis evenire soleant experimento didicimus(6). Petitioni vestrae tamen hoc respondemus, quia electioni domni Fulconis vel alterius assensum non dabimus, nisi quem aut cleri plebisque consensus elegerit, aut metropolitani judicium cum convenientia(b) suffraganeorum, habita legitima discussione, probaverit(7). Consulendo itaque monemus fraternitatem vestram ut nemo vestrum in tanto discrimine privata odia exerceat, nullus privatum honorem vel privatum commodum(8) quaerat, nullus fratrem suum publica infamia pulset, nisi judiciario ordine(9) probare possit quod objecerit(10), ne, dum temere non probanda objicit, ipse talionem recipiat(11) et se et sua in periculum mittat. Miramur autem prudentiam vestram ; quare adversus regem in praesentia regis disposuistis causam istam examinare, ubi plus poterit voluntas regis quam justitia legis, ubi nec veritas poterit cum pace discuti, vel inventa servari ? Valete.
-
Wulgrino éd., Wlgrino M
-
coniventia A, conventia M.
-
Archidiacres de Paris, voir lettres 122 et 131.
Dilectis in Christo, adresse d'inspiration paulinienne, sans référence précise.
-
Ps. 25, 8.
-
I Cor. 13, 5.
-
Voir lettre 112.
-
II Cor. 2, 15.
-
Le mot peut paraître exagéré par rapport à la situation, mais la peur du schisme est omniprésente à cette époque, autant que celle du scandale.
-
Tous les termes prouvant que l'élection s'est faite dans les règles sont ici énumérés. (voir textes dans Gratien D. 62, D. 63, D. 65). Les mêmes préoccupations se retrouvent dans la correpondance de Lambert d'Arras.
-
La loi, dans la célèbre définition d'Isidore de Séville,
Étymologies, 5, 21, ne doit pas servir à l'intérêt privé,nullo commodo privato, Yves,Décret4, 168 ;Panormie2, 142 (Gratien, D. 4, 2).
-
Sur la notion
d'ordo judiciarius, Franck Roumy, « Les origines de l'idée de l'ordre judiciaire », M. Schmoeckel, O. Condorelli, Fr. Roumy,Der Einfluss des Kanonistik auf die Europäische Rechtskultur, t. 3, Cologne, 2012, p. 313-349. La même expression se retrouve dans les lettres 140, 156, 166, 168, 252, 258, 259, 262, 274, 280.
-
L'accusation doit toujours être étayée de preuves, Décrets de Gaius, c. 3-4,
Capitula Angelramni, c. 47-48,Fausses décrétales, éd. Hinschius, p. 214, 766 (Gratien, 2, 3, 1 et 3). Voir autres références lettre 140.
-
Damase,
ep. ad Stephanum, c. 16,Fausses décrétales, éd. Hinschius, p. 504. Yves,Décret6, 337 ;Panormie4, 77 (Gratien, 2, 3, 2).Talio, utilisé lettre 51.
-
a. Avranches, BM 243, 80
-
M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 54v
-
T. Troyes, BM 1924, 126
-
Au. Auxerre, BM 69, 53v-54
-
Yves, humble ministre de l'Église de Chartres, à ses bien-aimés dans le Christ Vulgrin et Étienne, archidiacres, aimer l'honneur de la maison de Dieu et chercher ce qui est de Jésus-Christ.
Alors qu'on traitait auprès de vous de l'élection de l'évêque et qu'était élu par certains d'entre vous le seigneur Foulques votre doyen, il s'est élevé, à ce que nous avons entendu dire, une honteuse polémique, propre à offenser les oreilles de beaucoup et à ne pas répandre en tous sens une bonne odeur au sujet de votre Église. C'est pourquoi nous nous sommes affligé avec une compassion fraternelle de voir la sérénité de votre paix enténébrée, parce que nous savons d'expérience quels tourments les Églises ont coutume de connaître en cas de schisme entre frères. Cependant voici ce que nous répondons à votre demande : nous ne donnerons pas notre assentiment à l'élection du seigneur Foulques ou à celle d'un autre, mais seulement à celui qu'aura élu le consentement du clergé et du peuple, ou qu'aura approuvé le jugement du métropolitain, avec l'accord des suffragants, après qu'une discussion légitime aura eu lieu. Aussi en vous conseillant prescrivons-nous à votre fraternité qu'aucun d'entre vous n'exerce de haine privée dans une telle crise, que personne ne recherche d'honneur privé ou de commodité privée, que personne ne chasse son frère par une infamie publique, sauf s'il peut prouver ce qu'il avance selon l'ordre judiciaire, de peur qu'en avançant témérairement ce qu'il ne peut prouver il ne subisse lui-même le talion et ne se mette en danger, lui et ses biens. Or nous sommes surpris de la décision de votre prudence ; pourquoi avez-vous décidé d'examiner cette affaire contre le roi en présence du roi, là où la volonté du roi aura plus de pouvoir que la justice de la loi, là où la vérité ne pourra pas être discutée en paix, là où, même si elle est trouvée, elle ne pourra être observée ? Adieu.