Général
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Yves, évêque de Chartres
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Hugues de Die, archevêque de Lyon
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[entre le 28 décembre 1097 et le 1er mars 1098]
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Lettre
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Hugoni, primae sedis Lugdunensis Ecclesiae episcopo, sedis apostolicae vicario, Ivo, Dei gratia Carnotensis episcopus, salutem.
Litteras vestrae paternitatis nuper accepi invitantes me vel quoslibet qui vellent impugnare electionem Johannis, Aurelianensis archidiaconi, ut in kal. martii(1) praesentiae vestrae se exhiberent, probaturi capitula quae ei objicere voluerint, sive de simonia, sive de aliis quae valeant ad ejus repulsionem, quoniam non potestis simul accusator esse ac judex(2). Sed hoc de occultis dictum esse novit vestra prudentia. Manifesta autem accusatione non egere testatur beatus Ambrosius super Epistolam ad Corinthios, ita dicens de eo qui noverca sua manifeste abutebatur(3) : « Judicis, inquam, non est sine accusatore damnare. Cognito autem opere istius, pellendum eum de fraternitatis coetu censuit. Omnes enim ejus crimen sciebant ; in qua re neque testibus opus erat neque tergiversatione aliqua poterat tegi crimen. » Simile quid scribit papa Nicolaus Carolo regi(4) : « Quae Lotharius rex, vester nepos, operatur accusatione non indigent. Manifesta quippe in eo sunt opera » carnis, quae sunt fornicatio et immunditia(5).
Cum ergo quae in prioribus litteris scripsi(6) non tantum in unius civitatis, sed multarum civitatum notitia conspicua sint, mirantur multi quare quaerantur occulta, cum ad repulsionem ejus qui nondum positus est sola sufficiant manifesta. Cum enim multa ei desint quae in examinatione consecrandi episcopi Paulus dicit necessaria, unum ei deesse, nobiscum bene scitis, quod caeteris enumeratis per se prae caeteris necessarium idem Apostolus commendat ita dicens(7) : « Oportet episcopum bonum habere testimonium ab his qui foris sunt, ne in opprobrium incidat et laqueum diaboli ». Iste autem hactenus famam suam neglexit, quam qui negligit, secundum beatum Augustinum(8), crudelis est, occidit enim proximum quantum in se est. Potestas autem episcopalis in aedificationem debet esse non in destructionem. Et cum secundum Apostolum(9) « quorumdam peccata manifesta sunt praecedentia ad judicium, quorumdam et subsequantur », symoniaca istius intrusio, quae licet vera sit, nondum tamen praecedit ad judicium, quoniam ista exsecrabilis negotiatio per cubicularios et pedisequos facta est ; manifesta relatione ad aures vestras perveniet, nisi plantationem quam non plantavit Dominus stabilire praeproperetis et electionem regiis precibus, quae idem valent secundum vulgare proverbium quod minae, extortam vestra auctoritate confirmetis. Habentur enim apud nos quidam negotiatores, creditores illius dictae reginae, qui, secundum quod nobis dixerunt, exspectant partem pecuniarum a parentibus Johannis promissarum. Sed referente eadem dicta regina quodam cautelae studio ad persolvendum differuntur, donec securius post ejus consecrationem persolvantur. Quarum tamen repetundarum actio cito ventilabitur, si consecratio aliquandiu differatur. Quid vero super electione a principibus facta dicat septima synodus, quid octava(10), quid caetera sanctorum Patrum, quid etiam vestra instituta clament, non est meum vestram docere prudentiam.
Praeterea si intra provinciam, secundum quod instituta majorum continent, fieret prima discussio, sicut necesse foret, in loco ubi non timeretur temeraria multitudo, non deessent accusatores, non deessent testes, qui pro hujusmodi negotiis non audent ad remota loca prodire, nec se nec sua pro incerto exitu incertum periculum praecipitare. Testis est mihi verax et veritas et amborum charitas quia et vera dixi, et pro veritate et charitate dixi, providens, quantum in me est, et Ecclesiae utilitati et vestrae honestati, ne si, quod absit!, aliter feceritis quam desiderant qui vos sincere diligunt, lamentabiliter postea illud Jeremiae dicant(11) : « Obscuratum est aurum, mutatus est color optimus »(a). Sciatis autem me ea quae vobis mandavi, domno quoque papae mandasse(12) et me super his responsionem ejus exspectare(b).
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Fin de la lettre JT
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Valete JT.
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I
ermars.
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Fabien, lettre aux évêques d'Orient, c. 22,
Fausses décrétales, éd. Hinschius, p. 165,Nullus unquam praesumat accusator simul esse et judex, et testis. Yves,Décret6, 321 ;Panormie4, 81 (Gratien, 4, 4, 1).
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Lettre d'Étienne V, de 887, citant
Ambrosiaster,Commentarius in XIII epistulas Paulinas,PL17, col. 219. Yves,Décret6, 431 ;Panormie4, 117 (Gratien, 2, 1, 17).
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Nicolas I
er, lettre 51,ad Ludovicum regem, de 867,MGH,Epistolae, t. 4, p. 338. Yves,Coll. Trip.1, 62, 12, non reprise dans leDécret(Gratien, 2, 1, 16). La citation se termine paropera ejus.
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Gal. 5, 19.
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Voir lettre 66.
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I Tim. 3, 7.
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Augustin, Sermon 355,
Sermo de vita et moribus clericorum suorum, c. 1, 1,PL39, col. 1569,Qui fidens conscientiae suae negligit famam suam, crudelis est, maxime in loco isto positus(Gratien, 12, 1, 10). Voir lettre 240.
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I Tim., 5, 24.
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Septième synode (2
econcile de Nicée, 787), c. 3. Yves,Décret5, 120 :Si quis episcopus saecularibus potestatibus usus ecclesiam per ipsas obtineat, deponatur, et segregentur omnes qui illi communicant. Huitième synode (4econcile de Constantinople, 870), c. 11. Yves,Décret5, 122 : ...neminem laicorum principum vel potentium semet ingerere electioni vel promotionipatriarchae, vel metropolitani, aut cujuslibet episcopi, ne videlicet inordinata et incongruahinc fiat contentiovel confusio..
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Lament. 4, 1.
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Lettre 67.
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a. Avranches, BM 243, 45rv
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M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 29rv
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J. Jesus College, Q.G.5, 17rv
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T. Troyes, BM 1924, 54-55
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Au. Auxerre, BM 69, 33v-34
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À Hugues, évêque du siège primatial de l'Église de Lyon, vicaire du siège apostolique, Yves, par la grâce de Dieu évêque de Chartres, salut.
Je viens de recevoir une lettre de votre paternité, m'invitant moi et tous ceux qui voudraient attaquer l'élection de Jean, archidiacre d'Orléans, à nous rendre en votre présence aux kalendes de mars, pour prouver les chefs d'accusation qu'ils voudraient lui objecter, soit sur la simonie, soit sur d'autres points à faire valoir pour l'écarter, puisque vous ne pouvez pas être en même temps accusateur et juge. Mais votre prudence sait qu'il a été question de faits cachés. Or que des choses manifestes n'aient pas besoin d'accusation, le bienheureux Ambroise en témoigne sur la lettre aux Corinthiens, en disant de celui qui abusait ouvertement de sa belle-mère : « Ce n'est pas le rôle du juge, dis-je, que de condamner sans accusateur. Mais une fois connue l'action de cet homme, on a décidé de le chasser de l'assemblée de la fraternité. Car tous connaissaient son crime ; dans cette affaire il n'y avait pas besoin de témoins et le crime ne pouvait être caché sous aucun faux-fuyant. » C'est identique à ce que le pape Nicolas écrit au roi Charles : « Ce que le roi Lothaire, votre neveu, fait n'a pas besoin d'accusation. Manifestes assurément sont en lui les œuvres » de chair, qui sont la fornication et l'impureté.
Donc comme ce que je vous ai écrit dans la lettre précédente est évident et porté à la connaissance non seulement d'une seule cité mais de beaucoup de cités, beaucoup se demandent avec étonnement pourquoi on cherche des faits cachés, alors que seuls suffisent les faits manifestes pour écarter celui qui n'a pas encore été mis en place. Car bien qu'il lui manque beaucoup de choses que Paul dit être nécessaires dans une enquête sur la consécration d'un évêque, vous savez bien avec nous qu'il lui en manque une qu'après avoir énuméré toutes les autres le même apôtre recommande comme nécessaire en soi avant toutes les autres, disant ainsi : « Il faut que l'évêque reçoive un bon témoignage de ceux qui sont du dehors, de peur qu'il ne tombe dans l'opprobre et les lacs du diable. » Or celui-ci a jusqu'à maintenant négligé sa réputation et celui qui la néglige est, selon le bienheureux Augustin, inhumain, car il tue son prochain autant qu'il le peut. Or le pouvoir épiscopal doit être fait pour édifier, non pour détruire. Et comme, selon l'Apôtre, « les péchés de certains sont manifestes avant le jugement, mais ceux de certains ne se manifestent qu'après », l'intrusion simoniaque de cet homme, bien qu'elle soit vraie, n'apparaît cependant pas encore avant le jugement puisque cette excécrable négociation a été faite par des valets de chambre et des suivantes ; elle parviendra par une relation manifeste à vos oreilles, sauf si vous vous hâtez d'étayer la plantation que le Seigneur n'a pas plantée et que vous confirmiez de votre autorité l'élection extorquée par les prières royales, qui valent selon un proverbe commun la même chose que des menaces. Car chez nous se trouvent certains négociants, créanciers de cette soi-disant reine, qui, selon ce qu'ils nous ont dit, attendent une part de l'argent promis par les parents de Jean. Mais, cette même soi-disant reine s'en remettant à un certain souci de prudence, ils sont retardés dans leur paiement et attendant d'être acquittés plus sûrement après sa consécration. Cependant une action en vue de réclamer leur dû sera vite intentée si la consécration est différée quelque temps. Mais ce que dit, à propos de l'élection faite par les princes, le septième synode, ce qu'en dit le huitième, ce qu'en disent les autres dispositions des saints Pères, ce que proclament même les vôtres, ce n'est pas à moi d'en instruire votre prudence.
En outre, si la première enquête, au cas où ce serait nécessaire, avait lieu à l'intérieur de la province, selon ce que comportent les dispositions des anciens, dans un lieu où on ne craindrait pas la multitude déraisonnable, les accusateurs ne manqueraient pas, les témoins ne manqueraient pas, qui pour des affaires de ce genre n'osent pas se rendre en des lieux éloignés ni se jeter eux et leurs biens dans un péril certain pour une issue incertaine. M'en sont témoins le véridique et la vérité et l'amour des deux : j'ai dit les choses véridiques et que je les ai dites pour la vérité et l'amour, veillant, autant qu'il est en moi, à l'intérêt de l'Église et à votre honneur, de peur que si, à Dieu ne plaise !, vous agissiez autrement que ne le désirent ceux qui vous chérissent sincèrement, ils ne disent ensuite lamentablement ce mot de Jérémie : « L'or s'est obscurci, sa couleur parfaite a changé. » Et sachez que ce que je vous ai adressé je l'ai aussi adressé au seigneur pape et que j'attends sa réponse sur ces sujets.