Général
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Yves, évêque de Chartres
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Clercs de Meulan
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Archidiaconé de Poissy
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circa 1096
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[1096]
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Lettre
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Ivo, Dei gratia Carnotensis(a) episcopus, clericis Mellentinis(1) et omnibus in Pixeacensi(b) archidiaconatu(2), salutem.
Perlatum est ad aures nostras quod Mellentinus comes(3) ducere velit in uxorem filiam Hugonis, Crispeiensis comitis(4), quod(c) fieri non sinit concors decretorum et canonum sanctio dicens(5) : « Conjunctiones consanguineorum fieri prohibemus. » Horum autem consanguinitas nec ignota(d) est nec remota, sicut testantur et probare parati sunt praeclari viri de eadem sati prosapia. Dicunt enim quia Gualterius Albus(6) genuit matrem Galeranni comitis(7), qui genuit matrem Roberti comitis(8). Item supradictus Gualterius genuit Radulphum, patrem alterius Radulfi(9), qui genuit Vermandensem comitissam, ex qua nata est uxor comitis Hugonis(10), cujus filiam nunc ducere vult Mellentinus comes. Si autem praedicta genealogia ita sibi cohaeret, legitimum non poterit esse conjugium, sed incestum contubernium, nec filios poterunt habere legitimos, sed spurios. Unde vobis, ex apostolica et canonica auctoritate, praecipimus ut tam calumniosum conjugium in ecclesiis nostri episcopatus nec ipsi consecretis, nec ab aliquo, quantum in vobis est, consecrari permittatis, nisi primum in praesentia nostri consanguinitas haec septimum gradum excessisse legitime fuerit comprobata(11). Valete et has litteras Mellentino comiti transmittite.
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Carnotensium T
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Pixicensi T
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quod...sanctio] quod fieri contra decertat canonum sanctio al.
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ignorata al.
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Meulan (cant., arr. Versailles, Yvelines), diocèse de Rouen.
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Poissy, voir lettre 9.
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Sur Robert III ou Preud'homme, mort en 1118, voir lettre 143.
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Hugues le Grand, comte de Crépy-en-Valois et de Vermandois. La fille d'Hugues de Crépy est Isabelle d'après Orderic Vital,
Histoire ecclésiastique, l. 9, ch. 4, éd. A. Le Prévost, t. 3, p. 480. Yves n'empêcha pas cette alliance qui fut brisée vers 1115, quand Isabelle fut enlevée par un seigneur anglais, Guillaume de Varenne. Sur la famille et sa politique matrimoniale, N. Civel,La fleur de France,op. cit., p. 106, 172-175, 446 etpassim.
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Calixte, lettre 2 aux évêques de Gaule, c. 16,
Fausses décrétales, éd. Hinschius, p. 140. Yves,Décret9, 22.
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Gautier II le Blanc, mort après 1017. La généalogie proposée par J. Leclercq d'après Orderic Vital (l. 8, ch. 13) et Guillaume de Jumièges (livre 12, ch. 14) ne correspond pas à celle que donne Yves. Il ajoute un degré supplémentaire en la personne d'un Robert de Meulan, fils de Gautier le Blanc.
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Alice, épouse de Galeran, comte de Meulan, mort en 1069.
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Un de leurs enfants est Adeline, épouse de Roger de Beaumont, mère du comte Robert III de Meulan.
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Raoul IV, fils de Raoul III, comte de Valois et d'Alice de Breteuil.
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Hugues le Grand a pour épouse Alice de Vermandois d'après N. Civel,
op. cit, p. 198, Adélaïde, fille d'Alice, d'après J. Leclercq, p. 187.
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Sur le septième degré, conciles de Lyon, c. 10, de Meaux, c. 7. Yves,
Décret9, 48 et 51 ;Panormie7, 79 et 82 (Gratien, 35, 2-3, 19 et 1).
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a. Avranches, BM 243, 31v
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M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 20
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T. Troyes, BM 1924, 5v
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Yves, par la grâce de Dieu évêque de Chartres, aux clercs de Meulan et à tout l'archidiaconé de Poissy, salut.
Il a été rapporté à nos oreilles que le comte de Meulan veut épouser la fille d'Hugues, comte de Crépy, ce que ne permettent pas de faire la concordance des décrets et la prescription des canons qui disent : « Nous interdisons que se fassent les alliances entre consanguins. » Or leur consanguinité n'est ni ignorée ni éloignée, comme en témoignent et sont prêts à le prouver des hommes illustres issus de la même souche. Ils disent en effet que Gautier le Blanc engendra la mère du comte Galeran, qui enfanta la mère du comte Robert. Ledit Gautier engendra également Raoul, père de l'autre Raoul, qui engendra la comtesse de Vermandois, de laquelle est née la femme du comte Hugues, dont le comte de Meulan veut maintenant épouser la fille. Or si ladite généalogie se déroule ainsi, le mariage ne pourra être légitime, mais sera une union incestueuse et ils ne pourront pas avoir de fils légitimes, mais des bâtards. Aussi vous ordonnons-nous, selon l'autorité apostolique et canonique, de ne pas consacrer vous-même un mariage aussi funeste dans les églises de notre évêché ni de permettre, dans la mesure où cela dépend de vous, qu'il soit consacré par quelqu'un d'autre, à moins qu'on ne prouve d'abord en notre présence que cette consanguinité a dépassé légitimement le septième degré. Adieu et transmettez cette lettre au comte de Meulan.